Depuis plusieurs semaines, la région de l’Extrême-nord du Cameroun affiche une recrudescence des attaques du groupe terroriste nigérian Boko Haram.
Enlèvements, attentats-suicides à répétition, attaques à l’arme lourde, pas une semaine ne passe sans que le Cameroun n’enterre de nouvelles victimes, confirme le gouverneur de la région, Midjiyawa Bakari, dans une déclaration à Anadolu.
« La région a enregistré une vingtaine d’attaques terroristes entre mai et juin qui ont fait des dizaines de victimes surtout dans les localités camerounaises qui partagent des frontières avec des fiefs de Boko Haram au Nigéria », dit-il ajoutant que « le mois de juillet risque d’être aussi sanglant ».
Mardi, Boko Haram a opéré une incursion sur le territoire camerounais. Ses combattants ont attaqué à "l'arme lourde" le poste militaire situé dans la localité de Homaka. D’après le gouvernement, les assaillants projetaient de faire de nombreuses victimes militaires et de s’emparer des armes afin de pouvoir renforcer leur arsenal de guerre. Finalement, les membres du groupe armé ont pu être repoussé.
Quelques heures auparavant (dans la nuit de lundi à mardi), quatre personnes ont été tuées dans deux attentats-suicides, détaille le gouvernement, rappelant aussi que plusieurs civils ont été enlevés.
Selon le commandant du Secteur 1 de la Force Mixte Multinationale de Boko Haram, le Général de brigade Bouba Dobekréo, joint par Anadolu « une trentaine de civils ont été tués depuis le mois de mai ».
Pour Edouard Yogo, politologue « ces dernières attaques de Boko Haram mettent en exergue la tâche qui reste encore à accomplir pour l’état major de la force multinationale ».
« Une organisation opérationnelle doit être repensée (par la Force Mixte Multinationale -Cameroun, Niger, Nigéria, Tchad). Il faut que l’état major puisse penser à accompagner sa puissance de feu par des mesures à la fois militaires, sociales, économiques et sociologiques dans la région afin, notamment, d’éviter l’endoctrinement des plus jeunes qui rejoignent les rangs de Boko Haram parfois par dépit», analyse l’expert camerounais.
« Afin de rendre la guerre contre ces terroristes plus efficace, il faut régulièrement faire la relève des hommes au front », préconise pour sa part le Général camerounais Asso’o Emane, approché par Anadolu.
« L’expérience militaire a démontré que lorsqu’on injecte du sang neuf quelque part, le rendement est toujours plus important », assure-t-il.
Et de poursuivre : « il suffit de voir la trentaine de soldats camerounais qui avaient entamé une grève au mois de juin dernier afin de protester sur leurs conditions. Ils réclamaient justement leur relève après avoir passé plusieurs mois au front. Le moral n’y était plus et forcément, le rendement a baissé ».
Malgré cette recrudescence des attaques de Boko Haram, le porte-parole du gouvernement camerounais, Issa Tchiroma Bakari estime que le Cameroun a réalisé des « progrès remarquables » dans sa lutte contre le groupe terroriste.
« L’assaut final de l’opération Thunder 4 (qui vise à neutraliser le groupe nigérian) lancé il y a quatre mois dans le quartier général de Boko Haram à Sambisa (nord-est du Nigéria) par les troupes camerounaises et nigérianes avait poussé les terroristes à se réfugier vers le Lac Tchad, une zone dont l’accès est difficile pour les troupes », souligne le Général Asso’o.
« Les assaillants sont en train de ressortir peu à peu de leur refuge pour relancer la guerre alors que les forces de la coalition criaient déjà à la victoire », conclut le Général.
Composée de plus de 10 mille hommes issus des pays riverains du lac Tchad, la FMM lutte contre Boko Haram depuis plus de deux ans. Elle a réussi à lui infliger des pertes le contraignant à se replier, mais le groupe parvient encore à prendre de court militaires et civils dans la région du lac Tchad, prouvant qu’il garde encore une importante capacité de nuisance.
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