Opinions of Wednesday, 11 November 2015

Auteur: Younoussa Ben Moussa

FMM : faut-il désespérer ?

Fin janvier 2015, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine avaient validé le concept d’une force multinationale mixte de 7 500 hommes. Chaque Etat devait envoyer ses soldats avant le 30 juillet. De commun accord, ils avaient opté pour la mutualisation des forces.

Au cours du sommet de l’Ua, il avait été décidé de la tenue à Yaoundé d’une réunion des experts pour définir les contours de cette mutualisation et surtout préparer les documents pour obtenir une résolution du conseil de sécurité de l’Onu. Cette réunion a effectivement eu lieu du 5 au 7 février.

Ban ki Moon était d’ailleurs favorable à cette option et une résolution était alors attendue. Entre temps, le pouvoir a changé de main à Abuja. Buhari est venu et veut imprimer sa marque. Il organise un sommet chez lui le 11 juin dernier et redit sa volonté d’en finir avec la secte. Il avait demandé et obtenu de ses pairs de la sous-région le commandement de la future force régionale. L'état- major restera à Ndjamena.

Mais il faut de l’argent pour le faire fonctionner. Environ 30 millions de dollars sont nécessaires pour l'installer dans de nouveaux locaux et l'équiper. Les cinq Etats se sont entendus pour apporter ce financement. L’ont-ils tous fait ? Le Jour ne le sait pas encore.

Mais l’on sait que les cinq Etats se sont engagés à déployer leurs soldats. Le Cameroun par exemple a mobilisé 2450 hommes au titre de la contribution à la Force multinationale mixte des Etats membres de la Commission du Bassin du Lac Tchad et du Bénin pour la lutte contre Boko Haram (Fmm). Paul Biya dans ce sens, a aussi nommé des officiers à des postes de responsabilité au sein de cette force et qui revenaient au Cameroun.

C’est ainsi que le général de brigade Nka Valère est désigné comme Adjoint au commandant de la Fmm. Ensuite, le général de brigade camerounais Bouba Dobekréo a lui, été affecté au poste de Commandant du premier secteur de la Fmm dans le poste de commandement à Mora dans le Mayo Sava. La communication de la force sera assurée par le Lieutenant-Colonel Nguiamba Laurent Hubert Claude. On en est là. La force reste attendue. Entre temps, la menace a changé de nature.

Car, l’idée de cette force était née à l’époque où les combattants de Boko Haram se comportaient comme une armée régulière. Ils attaquaient des positions militaires à l’aide des artilleries lourdes. Mais depuis peu, cette secte a changé ses méthodes en utilisant des bombes humaines dans des lieux de grandes concentrations tels que les marchés, les lieux de culte etc. Une telle menace plus insidieuse, harassante, stressante, lâche, commande moins des actions purement militaires, mais plutôt de la collecte des renseignements prévisionnels. Une tâche discrète et subtile.

Selon plusieurs sources, la non mise sur pied de la force a deux principales raisons. Il s’agit de l’argent. Les pays concernés n’ont pas tous contribué. Ensuite le Nigeria n’est pas très favorable à accueillir sur son sol une force étrangère fut-elle mixte. Le Cameroun lui mise sur les renseignements en faisant venir des Américains.