Ce n’est pas avoir la capacité d’envoyer sur le satellite, les images que chacun peut capter à la maison. C’est le visage le plus banal de la télévision. C’est y mettre un esprit et une vision. Répondre à un besoin précis non encore comblé.
Si on doit faire la télévision pour avoir le même type d’émissions qu’une autre, juste parce qu’on a la volonté de grignoter l’audience de son buzz et exister, c’est juste agrandir les frontières de la médiocrité audiovisuelle. Ta télévision répond à quel besoin qui va compléter un vide ou améliorer un brouillon ? Je suis toujours amusé de voir une télévision du Burkina, du Mali, du Cameroun, de la Côte d’Ivoire, du Sénégal, du Togo… sur le satellite pour nous proposer un contenu qui intéresse à l’échelle du quartier.
Que fais-tu sur le satellite ? Sais-tu qu’on te regarde loin de ta ville et de ton pays? Quand ton émission que tu proposes est limitée aux petites querelles des individus qu’on ne connaît même pas en dehors de ta ville, as-tu pensé au citoyen d’ailleurs télécommande en main qui cherche à se connecter à quelque chose? Il a l’impression quand il tombe sur ton émission, qu’il regarde des guignols. Conséquence, il se retourne vers un programme moins marqué, plus globalisant, qui parle de ses réalités en les mettant en parallèle avec celles qu’il ne connaissait pas. D’où le succès des chaînes étrangères. Même si par extraordinaire on bloquait les chaînes étrangères, cela ne garantit pas son attention sur les chaînes locales. Il ira à la recherche de quelque chose qui lui ressemble, sur internet, avec l’explosion des IPTV. Les chaînes africaines sont entrées dans un marché de dupes, où celui leur vend la visibilité en gros, fait le détail de sa propre visibilité. Impossible de progresser. Ajouté au manque d’originalité, bonjour l’indifférence du public.
Je me rappelle de ma jeunesse sur l’unique canal de mon pays le Cameroun CTV et plus tard CRTV. Les émissions qui ont fait la renommée au début, n’ont pas eu du succès à cause du monopole. Il y avait derrière un esprit qui captivait. Remettez Regards sur le monde, Minute by minute, dance Cameroon dance, même dans leur version non rafraîchie, on y trouvera le plaisir. Simplement. On crée des télévisions, pour faire comme… pour aider les amis à… pour blanchir les sous de…Presque jamais pour révolutionner une vision. Supersport en Afrique du Sud peut avoir quel complexe devant les chaînes européennes ? Aucun! Simplement parce que l’esprit qui a précédé l’ambition, était d’offrir à l’Afrique, un éventail de solutions pour vivre pleinement les événements sportifs. On ne peut pas faire la télévision parce qu’on a un ami ministre, un groupe d’intérêts villageois, ou une volonté d’être enfin respecté dans la société.
Combien de fois, une télévision africaine a accepté de payer un expert pour faire la veille de compétences annuelle de ses ressources humaines ? On a décrété que certains sont compétents ad vidam eternam, sans aucun recyclage ou mise à jour. Lorsqu’elles décident de le faire, quand elles ne font pas du copinage, elles développent le complexe de l’étranger. Un jeune responsable des sports dans une télévision, m’a contacté à titre individuel pour une petite formation parce que sa chaîne venait d’acquérir les droits d’une compétition. Je lui ai donné les conditions et il m’a dit qu’il croyait que c’était gratuit et que ses supérieurs ne vont pas valider. Je lui ai dis bravo, mais la connaissance se paie.
Comment vous pouvez aller acheter les droits juste pour que le buzz de votre nom soit garanti, et vous voulez challenger des chaînes étrangères qui sans forcer, ont plus de compétences, et sont plus outillées ? Personne ne vous regardera. Désolé !