Le 11 décembre 2021, l’instance faîtière du football camerounais, la Fecafoot, a eu un nouvel exécutif présidé par le talentueux ancien footballeur Samuel Eto’o Fils.
Très vite, porté par ses ambitions de transformer le football local, il va entreprendre plusieurs chantiers notamment celui de la modernisation des championnats locaux (MTN Elite One et MTN Elite two, Guinness Super League, football jeunes, etc.) Évidemment, une bouffée d’oxygène aux clubs qui reçoivent des subventions dans leur gestion avec un cahier de charges défini, des joueurs peuvent avoir officiellement un salaire mensuel avec des primes, le mouvement des équipes est facilité désormais avec des contrats d’hébergement et de nutrition avec des établissements hôteliers, etc. Cela sera couronné par un retour timide des sporters dans les stades et notamment une cérémonie de ballon d’or très courrue…
On ne peut pas oublier le rôle qu’aura joué Samuel Eto’o pour la tenue réussie de la CANTotal Énergies au Cameroun en début 2022.
Sur le plan commercial et marketing, la consolidation des partenaires sponsors de la FECAFOOT et ses compétitions est un élément décisif lorsqu’on connait les exigences qui conditionnent l’engagement d’un annonceur en faveur d’un sport : compétitivité, performance des joueurs, qualité organisationnelle des compétitions et crédibilité des exécutifs à la tête des fédérations, possibilité d’associer l’identité et l’image de l’entreprise aux valeurs du sport en jeu, modalités de rencontrer et de partager la marque avec les publics-consommateurs, etc.
Sur ce dernier plan, beaucoup reste à faire pour modaliser une approche du sponsoring plus substantielle qui profite au football camerounais. Le récent partenariat avec le nouvel équipementier One All Sport est la preuve que la vision de Eto’o est à long terme.
Bien évidemment, l’affaire de ce nouvel équipementier avec le Coq sportif reste en instance de justice et peut questionner les motivations de Eto’o Samuel qu’on dirait toujours vouloir tout faire à sa tête. Certains disent qu’il est « inconseillable » comme manageur. C’est n’est qu’un point de vue, un état d’âme de ceux qui font « une observation du dehors ».
Sur le plan individuel, Eto’o Samuel n’est pas aimé par tout le monde. C’est normal ! Sur les réseaux socio-numériques par exemple et même dans les sphères sociales, on voit les pro-Eto’o (on dit qu’il sont d’une église imaginaire dont Eto’o serait leur Pasteur) et les anti-Eto’o.
Dans une perspective sémiotique que développe Algirdas Julien Greimas, on dira que le Sujet Eto’o Samuel est dans un Programme narratif en quête d’un Objet de valeur (une Fecafoot et un football camerounais qui gagne). Naturellement, il aura dans cette quête des Adjudants et des Opposants. Avec également des Destinataires et des Destinataires dans ce que l’on appelle le Schéma actantiel. Un décryptage stratégique des actants en présence est de nature à donner plus de sens à ce management qui n’est qu’à sa première année.
Une autre chose à ne pas négliger ici c’est l’ethos de Eto’o. C’est que cet Eto’o Samuel est porteur d’une Énergie qui structure son ethos. C’est un ethos for travaillé qui lui permet de se mobiliser. Cette énergie, certains stars et hommes de pouvoir l’ont et le transportent avec eux.
Sur le plan communicationnel, il a adopté un management de présence et de visibilité centrée sur sa personne. C’est un choix qu’il assume et qu’il peut encore corriger pour être un manageur qui gagne en laissant aussi une visibilité à ses collaborateurs opérationnels. Certains disent qu’il « étouffe », qu’il est trop présent, qu’il est à la fois président, coach, sélectionneur, etc.
Sur un tout autre point, et ce n’est pas une nouveauté dans cette organisation qui s’appelle Fecafoot, les procès sont omniprésents au plan national et international devant les juridictions diverses. Ces procès constituent un véritable frein à l’épanouissement du football à tous les niveaux. On aurait souhaité des médiations et conciliations à la base pour éviter ces longs procès à la fin très coûteux.
La récente affaire avec Parfait Nicolas Siki Awono, ancien Secrétaire général par intérim à la Fecafoot, sur une affaire de PV de régulation est d’une complexité déconcertante. Or avec Edgar Morin, on sait que la complexité donne lieu à l’incertitude et à l’incertain avec les possibilités d’un « tiers élément » qui rôde. Il est clair que Siki n’a rien à faire à la prison de Kondengui. Il doit comparaître libre et ce sera pour le bien de tous.
Dans ma prochaine sortie, j’élaborerai quelques pistes d’éléments propositionnels qui permettraient de structurer ce management de Eto’o Samuel.

Dr Léopold Ngodji
Socio-sémioticien/expert en marketing-communication