Samuel Eto’o fait partie des 6 candidats officiellement en lice pour le poste du président de la Fédération camerounaise de football. En froid avec plusieurs ténors de la présidence de la République, la candidature de l’ancien capitaine des Lions Indomptables ne fait pas l’unanimité. Des réseaux se mettent en place pour réserver une humiliation à Samuel Eto’o, le jour de l’élection. C’est ce que Venant Mboua explique dans cette tribune.
Ce que les sportifs camerounais doivent admettre qu’ils soient encore en activité ou à la retraite, les sportifs camerounais doivent admettre (parce qu’ils le savent au fond d’eux-mêmes) que les autorités de leur pays ne les respectent pas, ne les aiment pas et ne les estiment pas dignes de partager le gâteau qu’est ce pays que les colons leur ont donné.
Voici Samuel Etoo, qu’on ne présente plus, en passe d’être humilié à la Fédération de football. Il a pourtant mis tout son aura au service du régime qui les ostracise. Hier, ce fut Joseph Antoine Bell, fervent supporter du père du régime de Yaoundé, qui a été rejeté à plusieurs reprises.
Il y a une quarantaine d’années, Eugène Njoh Léa, fondateur de l’association des footballeurs professionnels en France, était rentré dans son pays avec un projet de modernisation et de professionnalisation du championnat national. Il fut traité comme un intrus.
Joseph Bessala, notre premier champion africain et premier médaillé camerounais aux jeux olympiques (boxe), qui bénéficiait de la protection (et d’une certaine affection) du président Ahidjo, fut chassé de la maison où l’Etat le logeait, quelques années après le départ du pouvoir de ce dernier. L’autre légende de la boxe, Jean Marie Emebe, a même disparu de la scène nationale. Plus personne ne se souvient qu’il a existé.
Observons aussi qu’il n’existe aucun projet de réinsertion des sportifs retraités (ni les Fédérations, ni le gouvernement, ni les collectivités publiques n’y ont pensé). Conséquence humiliante, de célèbres anciennes gloires quémandent la possibilité d’aider les jeunes générations ou celle de mettre leur expérience et leur aura au service du sport et de la nation en général.
Qui faut-il blâmer en dehors des sportifs eux-mêmes ? Méprisés, ils sont pourtant des soutiens actifs ou passifs au régime. Dans la plupart des cas, ils choisissent de se battre entre eux, se mettant bien souvent au service de vulgaires imposteurs pour broyer leurs camarades, jusqu’à ce qu’ils se retrouvent eux-mêmes dans la position de victimes.
Les populations camerounaises les soutiennent avec passion (et compassion, le cas échéant) mais les malheurs desdites populations ne semblent pas toucher ces stars qui, à chaque fois, se taisent ou ajoutent leur voix à celles de leurs bourreaux.
En passant, connaissez-vous un seul sportif membre d’un parti politique de l’opposition ou soutien d’une cause nationale ? Fais ton lit en sachant bien que c’est sur ce lit que tu vas te coucher… Le respect et la paix se méritent !