Malgré l’Application nationale pour le traitement informatique et logistique du personnel de l’Etat (Antilope) lancé en 1986, leSystème informatique de gestion intégrée des personnels de l’Etat et de la solde (Sigipes) qui existe depuis 1996, les multiples campagnes de recensement du personnel de l’Etat, le phénomène d’agents fictifs semble faire de la résistance.
Les différents patrons de la Fonction publique et des Finances ont pourtant, à chaque fois, découvert des hommes et femmes puisant irrégulièrement dans les caisses de l’Etat. Nonobstantles nombreux efforts consentis par le gouvernement, l’assainissement du fichier solde tarde à s’opérer. A l’observation, les enjeux sont énormes, les réseaux multiples et les complicités à des niveaux insoupçonnés.
Ce qui pousse à penser que la détermination avec laquelle l’actuel Minfopra, tient à assainir le fichier solde de l’administration publique, MichelAnge Angouing, pourrait provoquer un branle-bas à nul autre pareil au sein de l’administration.
Connaissant les méthodes et l’étendue des pouvoirs de ceux qui tirent les ficelles de cette forfaiture dans l’ombre, l’on se demande si ce magistrat de haut vol aura les coudées franches pour mener à bon port là ou ses prédécesseurs ont tous échoué ou presque?
Pour une certaine opinion, les enjeux de cette mafia étant énormes, l’ancien procureur général de la cour d’appel du Sud, qui à l’observation, semble bénéficier du soutien tous azimuts des Camerounais de tout bord dans cette noble opération, a bien des chances de réussir, même si aujourd’hui, sa tête serait mise à prix.
En effet, dans le cadre de la modernisation de la Fonction publique camerounaise, le Minfopra a décidé de relancer, de la plus belle des manières, la traque aux fonctionnaires fictifs ou encore aux travailleurs « fantômes». Aussi, a-t-il convoqué, le lundi 24 août, pas moins de 10 377 personnels de l’Etat à clarifier leur situation administrative auprès de leur administration utilisatrice.
Les concernées ont jusqu’à demain pour se rapprocher personnellement de leur Direction des ressources humaines (Drh) et Direction des affaires générales (Dag), afin de justifier de leur effectivité sur le terrain. Faute de quoi, des mesures sévères seront prises en leur encontre.
«Nous avons extrait du fichier solde la liste de tous ceux qui émargent au budget de l’Etat chaque mois. Et les directeurs des Ressources humaines de chaque ministère ont transmis la liste de tous leurs personnels, que nous avons confrontée et c’est ainsi que nous nous sommes retrouvés avec cette première liste de personnes qui ne sont reconnues dans aucune administration» éclaire Chancel Ako Takem, secrétaire permanent de la réforme administrative. Non sans rassurer ceux des agents dont les noms se seraient retrouvés par erreur dans cette liste.
«Nous supposons qu’ils travaillent quelque part et nous leur demandons de se rapprocher physiquement de leur ministère d’origine pour se faire identifier afin qu’on soit sûr qu’ils sont toujours en service», explique-t-il. En principe, précise-t-on au Minfopra, «Si un fonctionnaire veut travailler dans le privé ou dans n’importe quelle autre structure, soit il fait une mise à disposition, soit il fait une mise en disponibilité»