Les transferts d’argent pour soutenir l’effort de guerre des séparatistes dans le Nord-ouest et le Sud-ouest viennent principalement de cette frange de la population acquise à la cause sécessionniste aux Etats-Unis. Aujourd’hui, on compte environ 800 000 Camerounais anglophones aux Etats-Unis.
En étudiant les formes d’implication de la diaspora dans le développement de l’Afrique, on constate qu’au moment de l’accélération de la démocratisation au début des années 1990, les diasporas africaines avaient un poids économique relatif négligeable. Avec la crise économique et la dévaluation du franc CFA, l’émigration des Africains pour des raisons économiques s’est développée. Les transferts d’argent à destination de l’Afrique sont devenus une source importante de devises et contribuent ainsi au développement du continent.
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L’Afrique a reçu 60,5 milliards de dollars en 2016 de la part de ses ressortissants établis à l’étranger, contre 44,3 milliards en 2007, soit une hausse de 36%, selon le Fida. Plus de la moitié de l’argent perçu sur le continent par les familles de migrants est destinée à la satisfaction des besoins primaires tels que l’alimentation, le logement ou l’habillement, d’après le Fida. L'ensemble des ressortissants à l’étranger cumulent annuellement des rémunérations de 3 000 milliards de dollars : 15% sont envoyés en direction de leur pays d’origine, le reste allant dans le pays de résidence.
Les Camerounais de la diaspora sont désormais pour leurs familles des soutiens indispensables qui peuvent faire d’eux des prescripteurs d’opinion et de vote susceptibles d’influencer leur entourage resté au pays. Dans la théorie du marketing, le prescripteur peut agir de deux manières différentes : soit en préconisant votre produit directement (en le citant) ou indirectement (en établissant un cahier des charges coïncidant avec votre produit), soit en contre-indiquant les produits concurrents. La prescription s’est développée sur Internet et, après les produits culturels, elle concerne désormais les produits politiques.
On cite souvent le cas de l’Irlande, pays profondément catholique où les prêtres sont parmi les premiers prescripteurs de vote. En se référant aux révolutions tunisiennes et égyptiennes, on a vu les internautes présents sur les réseaux sociaux devenir les nouveaux prescripteurs de la politique. Selon Achille Mbembe, dans les conditions actuelles de rareté matérielle au Cameroun, les choix idéologiques des électeurs sont fortement influencés par les pressions alimentaires et ethniques. camer.be Le fait de donner de la nourriture serait pour les sociologues Nkwi et Socpa (1997), devenu une arme électorale d'appoint à l'appel ethnique, jusque-là utilisé dans le jeu politique camerounais depuis les premières élections à candidatures multiples de 1992.
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Fort de cela, on a assisté dans les jours qui ont précédé le scrutin de la présidentielle de 2011 à une mobilisation sur Internet tentant d’amener les Camerounais de l’extérieur à influencer le vote au Cameroun. La diaspora peut effectivement, dotée du cens (moyens économiques, réseaux occidentaux et formation intellectuelle) qu’elle recèle se poser en prescripteur de vote et influencer les choix politiques des Camerounais vivant sur le territoire national.
Le « Western Union » passerait de l’aide économique familiale au « don électoral » transnational. Rappelant le lien congénital et matériel entre le migrant et sa famille restée au pays, Patrice Nganang, activiste politique insatisfait de la loi sur le vote des Camerounais de l’étranger et sur les principaux soutiens intellectuels des sécessionnistes faisait une analyse en forme de chantage économique du vote diasporique.
Pour lui, en plus de voter eux même au scrutin présidentiel du 9 octobre 2011, ou faute de ne pouvoir prendre part à ce scrutin, les électeurs de la diaspora pouvaient aussi influencer le vote de leurs parents et le mandat « Western Union » serait utilisé comme un « don électoral » transnational. Aujourd’hui, ils ne se contentent pas d’influencer, ils financent la sécession.