Opinions of Wednesday, 18 May 2022

Auteur: www.camerounweb.com

Fornication des hommes de Dieu: Fridolin Nke écrit une lettre salée aux prêtres et pasteurs

Dr Fridolin Nke Dr Fridolin Nke

Il y a quelques jours au Cameroun, un prêtre a été arrêté par la gendarmerie et envoyé en prison pour avoir abusé d'une petite fille d'à peine 14 ans. L'homme de Dieu qui a abusé de cette fillette jusqu'à ses 17 ans aurait couché avec plusieurs femmes mariées.

Ces faits dont s'est rendu coupable ce prêtre n'est pas un cas isolé, selon le Dr Fridolin Nke, plusieurs homme de Dieu, prêtres, pasteurs et autres son impliqués dans des scandales sexuels. A eux tous, il envoie une lettre. Voici le contenu de cette lettre.

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"Pères,
Je me réveille ce matin avec un souvenir délicieux. Au Petit Séminaire St Joseph d'Efok, dans les années 80, on sortait souvent pour, disions-nous alors en toute hypocrisie et les yeux pleins de milices, jouer hors du portail. En réalité, on allait humer l'air rafraîchie et parfumé de condiments rares qui, jusqu'aujourd'hui, assaisonne si singulièrement le réfectoire enivrant du Curé. Et ça nous faisait du bien, un grand bien.
Vous en souvenez-vous, mes frères en l'Autre ? C'était le bon temps. Ah, quelle époque !

Aujourd'hui, nous ne nous contentons plus de voler la fumée des marmites cachées au regard des fidèles incrédules ; nous aspirons, comme tous les Grands, à goûter aux plaisirs mûrs; nous aimons à croquer, à pleines dents, la saveur purulente et pestilentielle des fromages rares. Et je me souviens toujours de cette expiration lubrique d'un Archevêque catholique contemporain qui, rassasié au terme d'un long voyage au royaume d''Hathor (déesse égyptienne de la joie, de l'amour et de la danse), dans une exclamation d'anthologie, soupirait : " Ah, ma Chérie, nous avons fait l'amour comme des bêtes !"

Au terme de longues et laborieuses étudesbet d'une formation exigeante, et ayant mobilisé, à grands renforts de passe-droits et de manœuvres souterraines de cooptation, notre capital humain à s'épanouir dans les cercles du pouvoir de César et de celui de l'Église, nous avons, enfin, acquis le statut privilégié de convive de la Table du proscrit. Nous revendiquons, à tue-tête, le droit d'être concupiscents. Nous disons à présent, comme Rastignac, le personnage provincial (je voulais dire villageois) et fougueux du roman Le Père Goriot, de Balzac, lorsqu'il entrait dans Paris pour aller déjeuner chez Madame de Nucingen, nous disons, dis-je, avec toute l'autorité qu'imposent les instincts carnassiers du vice et du crime qui alimentent vœux de chasteté oubliés : "À nous deux maintenant, Bertoua !".

Avec tous les égards que méritent vos Charges sacrées, je comprends vos égarements respectifs et je vous transmets le message que j'ai destiné à tous nos semblables qui sont cités à comparaître, pour mœurs entachées et corruption vénérienne de la jeunesse, par cette Société qui croit encore en nous, malgré tout, et que nous avons décidé non seulement de défier, mais aussi de liquider par nos déroutants écarts comportementaux.
Chers frères,
L'Horreur et le déshonneur doivent être notre hantise permanente parce que ce sont les non-dits des plaisirs vénériens mal assumés et des vanités civiles usurpées. Tous les attraits du vice en alimentent les circuits ; tous les avantages qu'offrent les Ordres en bornent l'horizon.

La rédemption et ses effets cathartiques, dont vous parlez dans vs offices religieux, dans vos prêches enflammés et dans vos pèlerinages onéreux (qui nous coûte la peau de la fes...e), ce sera après ; c'est l'option ultime, nous en avons peut-être besoin, vous en tant que Chrétiens, mais pour les autres, nous, elle passe par des options spirituelles et religieuses alternatives. Avant l'instant fatidique, il faut d'abord vivre, en évitant de bafouer la vie, de tuer avec violence ou à petit feu. Au cours de la vie présente, nous devons nous amender et nous renouveler en permanence ; nous devons, surtout pour nous les hommes et femmes de Dieu et pour les produits des hommes de Dieu que nous sommes en tant que Séminaristes, nous devons, dis-je, travailler à sanctifier notre office, à nous sanctifier, à nous retenir, discipliner nos instincts, C'est-à-dire à expirer la foi que nous inhalons comme un oxygène divin par les exercices spirituels toujours recommencés.

Mes frères,
Être prêtre ou pasteur, c'est être parmi les meilleurs, dans le Bien, le Beau et le Vrai, et non dans le Mal ou le Faux, car, précisément, il n'y a pas de hiérarchie dans le vice et le crime. Par conséquent, c'est, dans le principe, un domaine antithétique à l'ordre sacerdotal, à la dévotion qui tient fermes les trippes du Missionnaire que nous sommes. Ne convoquez pas la solidarité qu'impose l'appartenance familiale pour forcer les lignes de défense de mes scrupules qui rechignent à vous accorder leur créances (à vous soutenir) lorsque que vous êtes traînés, menottés, au Palais de justice ou en Prison.
Ne convoquez pas la solidarité dans la fraternité !

Il ne s'agit pas simplement de la solidarité d'un groupe d'amis et de frères séminaristes : notre devoir est une charge républicaine. Elle consiste, par le seul renouvellement du souvenir de notre présence au Séminaire, à inciter, au besoin à coups d'invectives thérapeutiques et d'une pastorale civique, tous les dormeurs du dortoir de la mort de la concupiscence et du stupre, nous-mêmes y compris, à veiller, en se retenant toujours devant la tentation, devant les yeux doux du coït désordonné qui hante nos cauchemars, bref, à envisager le grand saut vers la repentance, vers la vie ordinaire à laquelle nous astreint l'Éternel, les plus grands comme les plus petits, au lieu de scruter avec envie et convoitise les cimes de l'Interdit.

Dès lors, point n'est besoin de convoquer la parabole de la femme adultérine de la Bible. Pour nous, "pauvres pécheurs, la Parole ne doit jamais servir de prétexte : elle est et demeure, sous ses divers expressions culturelles, en même temps le postulat qui doit orienter notre jugement que le ferment qui devrait commande à nos décisions et gouverner notre comportement. L'angélisme partisan de certains parmi nous est contreproductif. J'estime, à mon humble avis, que chaque frère doit "avoir pitié" de ses confrères, en se comportant dignement, dans la limite de ses forces. S'il est établi qu'il est impliqué dans un dossier de vol, de viol, de crime épouvantable, etc., sachez qu'il nous aura reniés.

Tel est, à mon sens, l'enjeu de ma présence parmi vous depuis 1989. Telle est, je pense, la contrainte éthique qui réunit et enserre les membres de cette grande famille qu'est l'Église. Nul ne peut donc y déroger et exiger que les autres se dédisent et se compromettent dans des actions salvatrices à la Zoro, et que, nous, nous le suivions bêtement. Pourquoi exiger que tout le troupeau suivre la brebis égarée ?

Mes frères,
Maintenant, il fait nuit ; il fait froid et la balance de Thémis est trop pesante. Cet environnement carcéral, tout glacial, est réparateur. Ce moment des comptes est l'outil qu'utilise Dieu, en bon médecin sportif, pour guérir le troisième pied de nos frères jumeaux. Attendons demain matin, nous irons à leur recherche, à l'archevêché...