Le Chef de l’Etat juge seul du timing pour communiquer sur les grands événements de la nation. Quid du droit des citoyens à l’information ?
Le peuple camerounais est-il l’objet d’un mépris de la part de ses dirigeants ?
La question défraie aujourd’hui la chronique avec l’envoie de 300 personnels militaires américains dans notre pays à l’invitation du gouvernement de Yaoundé.
C’est le 15 octobre, jour de conseil ministériel, bien après l’annonce faite par le porte-parole du président américain, qu’un communiqué du secrétaire général de la présidence de la République du Cameroun C a m e r . b e évoque pour la première fois ce déploiement militaire.
« Les gouvernements américains et camerounais ont convenu du déploiement dans notre pays d’un détachement de personnels de l’armée américaine chargés de conduire des opérations de renseignement, de surveillance et de reconnaissance », précise alors le Sgpr.
Certains critiquent le timing de cette communication. Et pourtant, Nta à Bitang, expert en science de l’information et de la communication reste prudent. Joint au téléphone hier, il s’est demandé « qui doit informer le peuple ?
Le Chef de l’Etat est le chef des forces armées, sauf à aller discuter dans la rue, le Cameroun est en guerre et le chef de l’Etat a toutes les prérogatives », dit-il. Il s’est également demandé si un problème se posait sur le plan juridique avec l’annonce faite en premier par la Maison Blanche C a m e r . b e. « C’est un problème de timing, le gouvernement peut l’annoncer où et quand il veut ! Je ne vois pas le débat à ce sujet. Le chef de l’Etat est dans ses prérogatives », a-t-il martelé.
En rappel, l’annonce de l’envoie des 300 militaires américains a été faite par la Maison Blanche, et le Congrès américain en a été informé. 90 hommes sont déjà sur place, pour un déploiement qui devrait monter à 300 spécialistes du renseignement dans les semaines qui viennent. Le peuple camerounais a-t-il été préparé à la venue de l’armée américaine pour venir en aide à cet effort régional ? Pour beaucoup C a m e r . b e, il y a comme un mépris.
Le sociopolitiste Claude Abe pense pour sa part que les Camerounais posent un faux débat mais nuance aussitôt. « Le problème est mal formulé dès la base. Le Cameroun est l’objet d’un mépris de la part de ses dirigeants. On nous a annoncé la guerre contre Boko Haram à l’Elysée », a-t-il précisé.
Il poursuit qu’ « il n’y a pas un sommet de mépris qui dépasse celui-là ! Ce n’est pas envers les Américains qu’il faut se plaindre. La faute revient à la maladresse gouvernante de nos dirigeants ; cette situation vient nous rappeler que nous ne sommes pas dans une démocratie ! ».