Opinions of Saturday, 17 October 2015

Auteur: Yanick Yemga

Gouvernement : Paul Biya accable (encore) Philemon Yang

Lors du Conseil ministériel d’hier, le chef de l’Etat a réclamé une meilleure coordination gouvernementale.

Le premier Conseil ministériel post réaménagement gouvernemental du 02 octobre 2015 (le quatrième du septennat en cous après ceux 09 décembre 2014, du 15 décembre 2011, et du 27 novembre 2012), s’est tenu hier au palais de l’Unité.

Au cours de ce conclave, le président de la République a une nouvelle fois fustigé la cohésion gouvernementale. Dans sa communication spéciale, Paul Biya qui regrette que la baisse drastique des cours du pétrole combinée à l’effort budgétaire consenti pour la défense nationale réduise la marge de manœuvre de l’Etat dans sa quête du bien-être collectif, dit avoir « la conviction que nous pourrons compenser les difficultés rencontrées (…)

Mais il faudra pour cela que le gouvernement corrige les déficiences que l’on peut encore constater ici ou là ». Dans l’optique d’y remédier, le chef de l’Etat affirme qu’« il sera nécessaire d’organiser une meilleure coordination entre les départements ministériels».

A la vérité, ces mots de Paul Biya qui apparaissent comme un nouveau réquisitoire contre le management du chef du gouvernement étonnent. D’abord parce que dans son message à la nation le 31 décembre 2013, Paul Biya tenait quasiment un discours similaire. « Nous disposons, disait-il, d’une stratégie pour la croissance et l’emploi qui indique la voie à suivre pour atteindre nos objectifs. Mais d’où vient-il donc que l’action de l’Etat, dans certains secteurs de notre économie, paraisse parfois manquer de cohérence et de lisibilité ? », s’interrogeait alors le chef de l’Etat.

Autre chose qui surprend, c’est que le président de la République tient ces propos 13 jours après avoir renouvelé sa confiance à Philemon Yang. Si donc la coordination des départements ministériels (qui incombe comme au Premier ministre, chef du gouvernement), continue de poser problème, 21 mois après le fameux discours du 31 décembre 2013, pourquoi Paul Biya n’en a pas tiré les conséquences en se séparant du locataire de l’immeuble Etoile ?

A l’évidence, selon le politologue Mathias Eric Owona Nguini, « ce discours consacre le triomphe de la logique politico-manœuvrière ou politicienne sur la logique politico bureaucratique ». Pour cet universitaire, « il y a un doute avéré sur la crédibilité du discours présidentiel et sur le respect des engagements pris par le système gouvernant devant les Camerounais. D’autant qu’au fil des discours, le chef de l’Etat souligne les mêmes problèmes, exquise des solutions qu’on ne voit pas mises en œuvre».

Owona Nguini pense par ailleurs, qu’en dénonçant l’insuffisance de coordination des départements ministériels, Paul Biya s’adressait également au ministre secrétaire général de la présidence de la République, lui aussi responsable en la matière. Difficile là encore de dédouaner le chef de l’Etat lorsqu’on sait que Ferdinand Ngoh Ngoh a également conservé son fauteuil le 02 octobre dernier.