Opinions of Thursday, 26 April 2018

Auteur: Dieudonné ESSOMBA

Guerre Ambazonie: des pistes pour venir à bout des sécessionnistes

La crise anglophone dure et continue de faire des victimes La crise anglophone dure et continue de faire des victimes

Des morts! Encore des morts ! Toujours des morts ! Et il y a quelques jours, le Gouverneur du Sud-ouest lui-même a failli y passer, son cortège ayant été mitraillé à deux reprises lors de l‘installation d’un préfet.

Le pire dans cette situation est que ces événements apparaissent de plus en plus ordinaires. En tout cas, nous ne sommes plus dans ces vastes mouvements d’émotion qui ont marqué le début des conflits armés.

C’est une terrible évolution, et le pire qui puisse arriver à un pays : intégrer comme un fait quelconque le démantèlement de l’Etat par une Sécession.

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Pourtant, les choses étaient claires dès le départ : les Sécessionnistes n’allaient jamais baisser les armes, et continueront leur combat jusqu’à l‘éternité, car dans leur tête, ils combattent une puissance occupante, exactement comme l‘UPC, la SWAPO, l‘ANC, le FLN et d’autres mouvements de libération.

Il ne s’agit pas ici de juger s’ils ont raison ou tort, car nous ne sommes pas au tribunal. Et il ne sert absolument à rien de réciter les grands principes philosophiques ou la morale publique. Il s’agit de prendre acte qu’ils sont amés et que nous n’avons pas les moyens opérationnels de les réduire.

Ce fut une terrible erreur d’appréciation de croire qu’on pouvait mettre fin à ce mouvement par la force. Ce n’est pas BOKO HARAM formé des étrangers et véhiculant une idéologie anachronique. Ce n’est pas une simple rébellion prétendant prendre le pouvoir par la force et qu’on peut éteindre en les battants ou par usure.

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C’est une Sécession, c’est-à-dire, un mouvement de refus d’un segment de la communauté nationale de faire partie de l’ensemble suivant un certain modèle, et cela, vous n’y pouvez absolument rien. Aucun pays dans le monde ne peut maintenir de force une communauté représentant 20% de sa population dans les liens d’un Etat unitaire. Cela est valable pour tout le monde, mais cela l‘est encore plus pour les pays d’Afrique et le Cameroun. Par exemple, l’Angola dont on connait la redoutable puissance militaire et la fabuleuse richesse souffre terriblement avec le Cabinda qui ne représente que 2% de toute la population !

La sécession armée est là, et elle ne disparaîtra plus jamais du Cameroun. Car, il n’est pas dans a nature des sécessions de disparaitre : elles se nourrissent de la haine qui se transmet de père en fils. Les succès des pères accroissent l’audace et les échecs accroissent leur haine. C’est une spirale infernale dont on ne sort jamais.

Il est très regrettable que les gens qui entourent le Chef de l‘Etat n’aient pas bien compris la nature particulière de la Sécession, qui, une fois de plus, se prétend un mouvement de libération et par suite, ne peut être résolue par une descente des gendarmes, comme ils le croyaient, contre le bon sens et surtout, les sévères mises en garde.

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Malheureusement, le vin est tiré, il faut le boire et appliquer la seule solution pertinente qu’il faut en ce genre d’occasion : opposer aux sécessionnistes un ennemi local, disposant au moins de la même légitimité, maitrisant aussi l’environnement, et présentant le même acharnement, le même orgueil, la même détermination. Et cet ennemi est un Etat local. C’est l’Etat local, avec des dirigeants élus, entretenant une vie politique intense, avec ses barons, ses ministres, ses intrigues, et une administration locale, et une police locale qui confine ce genre de mouvement à un niveau résiduel.

Avec des transferts fédéraux de 250 Milliards à un Etat renforcés par des recettes locales, les autorités dont les yeux luisent de gourmandise vont mieux mater ces gens qui les empêchent de gérer leur argent en paix, car ils se connaissent tous, famille par famille, clan par clan, tribu par tribu.

Au-delà de sa supériorité fonctionnelle à tout point de vue sur l‘Etat unitaire, l’Etat fédéral apparaît désormais comme une exigence de survie de la Nation camerounaise. Il faut donc y aller, sans fioriture, sans faux-fuyant, à travers 5, 10 ou 20 Etats, peu importe, l‘essentiel étant de résoudre la spécificité anglophone en la plongeant dans d’autres spécificités.

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L’arrogance et l‘entêtement ne peuvent pas tenir lieu d’une bonne gouvernance. En s’arc-boutant dans cette voie sans issue d’un Etat tout puissant qui prétend contraindre les Anglophones par la force à rester dans une forme étatique dont ils ne veulent pas, le Gouvernement conduit le Cameroun à sa perte.