Opinions of Friday, 14 October 2022

Auteur: Nadia Fotso

Handicap: ce défi que se lance Fotso Christelle Nadia, la fille du 'dernier Bamiléké'

Christelle Nadia Fotso Christelle Nadia Fotso

La fille du milliardaire Victor Fotso se lance un nouveau défi. Elle veut changer le regard qu'ont des gens sur les personnes handicapées, et sur elle en particulier.




"Ces images de soutien qui arrivent d’un peu partout surtout d’Afrique de l’Ouest. Elles expliquent mieux que je le peux pourquoi le marathon de New York n’est pas une aventure individuelle. Oui, je le fais pour raconter une histoire, mon histoire, toutefois, je suis consciente qu’il y a d’autres histoires qui sans être la mienne ont en commun plus que le tragique, l’absurde, la bêtise et le mal mais la résilience des personnes en situation de handicap surtout sur un continent qui les met non pas à l’arrière du bus mais les cache afin qu’elles ne soient même pas visibles dans l’espace public.

Ce qu’il faut voir dans ces photos après la personne en situation de handicap est celle qui est derrière elle pour la pousser, lui permettre d’être, aller à l’école, essayer d’avoir une enfance et une vie normales. C’est très souvent un parent, un membre de la famille ou quelqu’un qui aide sans se mettre en avant. Je ne connais pas de parent normal qui sacrifierait son enfant pour la réussite et le pouvoir en se disant que l’argent et les privilèges compenseront, effaceront le handicap de son enfant et son choix, ses choix de ne pas se mettre derrière lui quand il le faut.

Le problème du jeune continent est cet environnement et ses sociétés qui permettent dans le cas du handicap de banaliser et même parfois d’encenser, d’adouber l’anormal et la cruauté.

Ce que je demande à ceux qui sont obsédés par Fotso ou qui suivent les affaires Fotso ou aux autres de s’imaginer ce qui a été possible de dire sur Christelle Nadia Fotso, de lui faire et pourquoi...il ne faut jamais oublier cette mère et cette fratrie handiphobes, cet environnement inculte, l’état du Cameroun, ses serviteurs, ces ministres, ces diplomates, ces ambassadeurs, ces confrères avocats, ces journalistes, et enfin oui, ces journalistes plus ou moins instrumentalisés ou pas qui ont pu s’en prendre à une personne en situation de handicap qui se battait pour pouvoir se tenir derrière son père devenu handicapé lui-aussi parce qu’il s’était efforcé de toujours de être derrière elle...les larmes du Mbolè, ce doit être cela, oui…

Ces photos de ces personnes du continent africain en chaise roulantes, je ne parviens pas à les imaginer dans 20, 30 ans, lorsque le parent sera plus vieux et moins fort donc je marche le marathon de New York. Les sociétés africaines ne sont pas faites pour celles et ceux qui me ressemblent surtout depuis que la modernité a apporté non pas le progrès mais la désacralisation de l’Africanité qui est devenu zombie. Je marche, je me révolte donc nous sommes. Je marche pour rendre les personnes en situation de handicap du continent africain visibles et audibles consciente que si moi, avec mon patronyme et mes «privilèges » je ne l’ai pas été, je ne le suis pas, elles n’ont aucune chance".