Opinions of Friday, 29 April 2016

Auteur: Kah Walla

Hommage à Monique Alvine Koumatekel

Monique Alvine Koumatekel,
Vous avez vécu une vie importante. Importante pour vos proches mais plus encore pour la Nation.

Votre vie a été importante non pas parce que vous étiez une célébrité, une personnalité publique ou une autorité publique. Mais plutôt parce que vous étiez : femme, mère, fille, tante, épouse, une camerounaise comme de millions d’autres.

Nous vous rendons d’abord hommage pour cette vie que vous avez vécu. Celle d’une mère qui se battait au quotidien pour nourrir ses enfants. Celle d’une fille qui a été chérie par ses parents. Celle d’une épouse, compagne dans les moments difficiles et dans les moments heureux. L’amour, le chagrin et la douleur qui traversent vos bien-aimés sont la preuve de la femme, la camerounaise digne que vous avez été.

Hélas, c’est à travers la mort que nous vous avons connu. Cette mort choquante, bouleversante, tragique. Cette mort qui a indigné toute une nation. Cette mort qui nous a interloqué, interpellé, réveillé. Monique, aussi tragique que cela soit, vous êtes peut-être venue sur cette terre pour mourir ainsi. Cela ne signifie pas que vous méritiez une telle mort, non, loin de là ; mais plutôt que votre mort a servi d’électrochoc pour plus de 23 millions de Camerounais.

A travers la mort vous nous avez posé des questions essentielles :
• Qui sommes-nous en tant que nation ?
• Quelle valeur accordons-nous à la vie ? A nos vies ? A la vie de nos enfants ? A la vie des femmes, qui donnent, par ailleurs, la vie ?
• Allons-nous vivre dans une sauvagerie croissante, sans respect aucun, les uns et les unes envers les autres, ou allons-nous bâtir une société où chaque individu a sa dignité préservée et où la communauté est fière d’avoir offert toutes les opportunités à chaque individu ?
 

• Allons-nous vivre dans une sauvagerie croissante, sans respect aucun, les uns et les unes envers les autres, ou allons-nous bâtir une société où chaque individu a sa dignité préservée et où la communauté est fière d’avoir offert toutes les opportunités à chaque individu?

A travers votre décès tragique, vous nous avez posé des questions essentielles et aujourd’hui, nous voilà face à nous-mêmes.

L’histoire nous dira si nous, Camerounais, avons été capables d’apporter les bonnes réponses. L’histoire nous dira si nous Camerounais et Camerounaises avons eu le courage, la loyauté, la fierté d’apporter les bonnes réponses. L’histoire nous dira, surtout, si nous avons pu surmonter la peur qui nous tétanise, si nous avons pu faire le travail en profondeur et dans la durée, si nous avons pu nous mettre debout pour le Cameroun.

Quand à vous, Monique Alvine Koumatekel, vous avez fait votre part. Vous avez vécu, femme, mère, sœur, fille, compagne, aimée… femme, camerounaise, tête haute.

Vous êtes morte en héroïne pour la nation, sacrifiée comme les 7 000 autres femmes qui meurent chaque année parce qu’elles essayent de donner la vie au Cameroun. Vos jumeaux sont morts comme ces 58 000 autres enfants qui n’atteignent pas leur premier anniversaire chaque année au Cameroun.

Monique, vous êtes morte de manière à nous laisser incapables d’indifférence.

Vous êtes morte en nous mettant face à nous même, face à ces questions essentielles. A chaque camerounaise et chaque camerounais de répondre.

Vous, vous êtes venu, vous avez vécu, vous avez fait votre part.

Au nom du Cameroon People’s Party, avec révérence, je vous salue.