Opinions of Thursday, 1 October 2015

Auteur: Aboudi Ottou

Homosexualité, Franc Cfa, France… : Les concessions de Maurice Kamto

Sous la pression de l’opinion, le président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) a subtilement modifié ses positions et ses éléments de langage sur ces sujets qui suscitent beaucoup de passion. Au MRC on en est convaincu. L’image du parti et de son président ont pris un coup ces derniers mois. A l’origine explique- t-on dans la dernière édition de «Renaissance», le journal du parti, «les réserves du professeur Maurice Kamto à soutenir la thèse de la rupture avec le franc CFA».

«Les concurrents du MRC croient pouvoir distiller dans l’opinion que le professeur Maurice Kamto est le candidat des Français et que sa position sur le franc CFA n’est que le premier signe de cette collusion (…) Ce qui n’a pas manqué de semer le doute dans l’esprit de certains militants et sympathisants» y lit-on. Invité de la 2e édition du «Café politique» (Un face à face entre les journalistes et une personnalité de la scène publique) ce 23 septembre, le président du MRC s’est donc voulu plus offensif sur la question: «Nous sortirons du francs CFA dès que les conditions seront réunies», a dit Maurice Kamto avouant que cette monnaie «n’est plus une monnaie compétitive».

C’est le même Kamto qui affirmait pourtant fin juin «je ne vais pas vous dire ce qu’on fera du franc CFA» jurant même que «ça coûte des voix au MRC que de dire des choses irresponsables». Mais le soupçon de collusion entre l’avocat au barreau de Paris et la France n’ont pas fait jour seulement avec ses réserves sur la rupture avec le franc CFA. Le 27 novembre 2014, lors d’une plénière spéciale sur la lutte contre l’insécurité et le terrorisme à l’Assemblée nationale, Lazare Soub, le député MRC, accuse la France d’être l’instigatrice de la crise en Centrafrique.

En guise de recadrage, Maurice Kamto écrit le lendemain dans un communiqué que «le MRC, au-delà des rapports qu’entretient le gouvernement camerounais avec ses partenaires bilatéraux et multilatéraux, et plus particulièrement avec la République française, apprécie et encourage les efforts inlassables et multiformes qu’ils fournissent en faveur du Cameroun et des pays de la sous-région dans la lutte contre toutes les formes de terrorisme. » Et quelques jours après, il se rend à l’ambassade de France.

«Pour demander pardon» allèguent ceux qui le soupçonnent de vouloir s’attirer la sympathie de l’ancienne puissance coloniale. Mais face aux journalistes lors du «Café politique », Kamto s’est refusé d’infirmer ou de confirmer cette information martelant qu’il ne compte que sur le peuple camerounais pour accéder au pouvoir.

Dilemme

En fait, Maurice Kamto, qui est depuis juin dernier membre du Curatorium de l’Académie de droit international à la Haye, est face à un dilemme: affirmer son ouverture au monde pour consolider l’aura dont il jouit à l’international ou s’attirer la sympathie des Camerounais qui constituent le corps électoral.

Cela se voit notamment avec la question de l’homosexualité. «Je n’ai rien à penser de l’homosexualité. Il peut arriver que des Camerounais où des citoyens d’autres pays du monde aient des tendances, je dirais naturelle en eux, en une certaine inclinaison vers certaines pratiques sexuelles, il faut les respecter» indiquait-il le 02 décembre 2012 lors de sa première émission télévisée après son intronisation comme président du MRC.

Cette rhétorique qui est conforme à celle véhiculée par les puissances occidentales avait choqué l’opinion publique camerounaise. Aujourd’hui, c’est un discours quasi populeux que tient Maurice Kamto sur le sujet: «Si je voulais parler comme un de mes camarades du parti, je dirais que les Camerounais ne maîtrisent pas encore cet autre-là. Mais pour parler plus sérieusement, je dirais que la loi camerounaise interdit l’homosexualité et il n’y a nulle part inscrit dans notre programme ou dans notre projet de société que nous entendons demander la levée de cette loi, ou que nous nous fixons pour objectif la levée de cette loi lorsque nous seront aux affaires.

(…) Je crois qu’il faut comprendre que ces questions-là sont des questions de moeurs, donc touche à la morale et les questions de valeurs dans un pays sont fonction de l’état de l’opinion et de la sensibilité du peuple de ce pays. Or la sensibilité de la majorité écrasante de toutes les confessions religieuses et de toutes les régions du Cameroun est opposée à l’homosexualité. Il y a aucune raison pour que le MRC ait une position différente de celle de son peuple.» L’ancien ministre a visiblement fait son choix...