Pierre-Emmanuel Tabi, ministre plénipotentiaire, ancien directeur du protocole et des affaires consulaires au ministère des Relations internationales du Cameroun (Minrex) a été porté à la tête de l’Institut des Relations internationales (IRIC) par décret présidentiel le 6 août 2012. En deux ans et demi, il a organisé deux concours, tous problématiques. L’un dont les résultats ont été publiés en 2012 et qui a par la suite suscité un conflit ouvert entre le secrétaire général de la présidence de le République (SG/Pr), Ferdinand Ngoh Ngoh et le ministre de l’Enseignement supérieur (Minesup), Jacques Fame Ndongo, qui dû reculer face au SG/Pr en signant une note excluant 9 étudiants qu’il avait lui-même autorisé à débuter les cours.
Puis ce dernier concours lancé le 31 décembre 2014 et dont les résultats font l’objet de toutes les controverses, avec le retrait de six noms de candidats qui avaient préalablement été admis régulièrement sur une première liste, mais dont les noms ne se trouvaient plus sur la seconde. Ces deux situations ont un point commun : la lutte entre les pontes du régime pour introduire leurs candidats dans cette prestigieuse école.
Pour ce qui est par exemple du dernier concours dont les résultats ont été publiées samedi dernier, nos sources soulignent que: « la commission devait tout faire pour empêcher qu’un certains nombres de candidats ne puissent échouer. Ils n’avaient pas le choix ». Cette commission présidée par le secrétaire général du Minrex, Felix Mbayu était constituée notamment de Jean-Emmanuel Pondi, Pascal Charlemagne Messanga Nyamding, Stephane Ngwanza, Laurent Zang, Alain Didier Olinga, Minkoa She. Contacté, l’un des membres souligne, agacé : « Les délibérations sont confidentielles ». Mais tous les noms proposés n’ont pas été acceptés car la commission, d’après nos sources, aurait décidé de proposer une liste intégrant à la fois les candidats ayant réussi par la compétence et ceux ayant bénéficié d’un appui. Une décision qui visiblement n’aura pas satisfait tout le monde.
Parrainage
Mais les langues commencent à se délier. C’est ainsi que l’on apprend que Mebe Nkoulou Lionel Thierry qui se retrouve à la fois 1er sur la liste publiée vendredi et 1er sur la liste publiée samedi n’est autre que le fils du ministre de la Défense, Edgard Alain Mebe Ngo’o. Ce dernier, âgé de 25 ans est associé de l’entreprise Sky immobilier, basée à Aubervilliers en France, avec comme associé gérant Adjoa Mebe Elise et associé Edgard Alain Mebe Ngo’o.
Pour sa part Joseph Beti Assomo, gouverneur de la région du Littoral a vu son rejeton (Beti Mfoumou Armelle) admis sur la liste des admis, tout comme une relation est établie entre Oyouah Belinga Martin et Martin Belinga Eboutou, ministre directeur du cabinet civil de la présidence de la République. Nnomo Zanga Dominique aurait, quant à lui, pour parent une magistrate bien connue de la place. Hadjidjatou Haman Tchiouto serait la fille de Haman Tchiouto, un parlementaire Rdpc originaire de l’Extrême-Nord. Ferdinand Ngoh Ngoh aurait également manœuvré pour introduire ses protégés sur la deuxième liste du concours. Laquelle a été mis en ligne sur le site internet de l’IRIC le 3 mars dernier en dépit de toute la polémique qu’elle suscite.
Dans la liste définitive des 15, l’on note également le nom du fils d’un ancien maire d’Ayos qui aurait aussi des attaches familiales avec deux membres du jury originaires du Nyong et Mfoumou. Une curiosité apparait sur la deuxième liste. Bouhari Alim, nom qui se retrouve sur la deuxième liste à la 11ème place alors qu’il se trouvait en 2ème position sur la liste d’attente de la première liste est le même nom qui se retrouve au 10ème rang des résultats d’admission du précédent concours rendu publics le 11 décembre 2012. D’après un diplomate, le même parrainage a opéré.
Pour beaucoup d’observateurs, le népotisme à l’IRIC est un épiphénomène. D’après un ancien étudiant, « la promotion 2013 n’était remplie que des fils de ministres, secrétaires généraux de ministères et d’officiers supérieurs de l’armée ». Parmi ceux qui se sont fait remarquer, figuraient Emmanuel Roger Motaze, neveu de Louis Paul Motaze, actuel secrétaire général des services du Premier ministre et Namcha Gargoum, la fille d’Adoum Gargoum, ministre délégué au Minrex. Tous ont fait leurs classes en diplomatie.
La promotion 2013, d’après un enseignant en filière diplomatie aura été « l’une des promotions les plus catastrophiques des cinq dernières années ». Un an plus tôt, la petite sœur du secrétaire général du Minrex, président du jury cette année, en la personne de Mbayu Wally intégrait également la filière diplomatie, en compagnie de plusieurs autres fils de pontes du régime dont certains très proches du chef de l’Etat.
En 2011, ce sont les fils de Henri Eyebe Ayissi, ministre chargé du Contrôle supérieur de l’Etat, Jean Tabi Manga, ancien recteur de l’université de Yaoundé II-Soa qui intégraient cette prestigieuse école, en même temps que l’une des filles d’Edgard Alain Mebe Ngo’o que ses camarades qualifient de « très brillante ». Est-ce seulement le cas de tous les autres « fils à papa » qui ont été admis à l’IRIC cette année ?