Il ne faut jamais laisser nos émotions, nos colères, nos haines l’emporter sur la projection stratégique et nos convictions idéologiques. Frantz Fanon l’avait si bien compris lorsqu’il expliquait dans son ouvrage culte peaux noires masques blancs que les premières victimes de la haine du colon contre le colonisé ce sont d’abord les colons.
Ceci dit, Je suis à la fois inquiet et pas surpris par la tournure des événements au sein de la formation politique de Cabral Libi’i, le PCRN. Vous connaissez tous que Cabral LIBI et moi avons de profondes divergences politiques et idéologiques, mais ce qui se joue en ce moment au PCRN est non seulement aux antipodes des principes de la démocratie à laquelle nous aspirons, mais de manière très subliminale est un signal des manigances qui attendent les candidatures de Maurice Kamto et Cabral Libi’i à la prochaine élection présidentielle. Dans l’ultime objectif d’ouvrir la voie à un nouveau passage en force de Paul Biya en 2025, comme ce fut le cas en 2018.
Réfléchissons ensemble. Première hypothèse : pour une raison naturelle, Paul Biya est rappelé à Dieu; élection présidentielle dans les 120 jours. Kamto peut-il se présenter au nom du MRC ? Non, parce que le critère principal et le seul qui est incontestable et qui consiste à avoir au moins un élu n’est pas respecté. Dés lors, les autres options qui consistent à rassembler des signatures de je ne sais qui ou à être investi par une autre formation politique remplissant les critères, sont soumis à l’arbitraire.
En admettant par exemple qu’un parti X remplissant les conditions accepte de parrainer la candidature du président Kamto, le seul à même de battre tout candidat du parti au pouvoir, d’autres candidatures à coup de dizaines de millions pourront être suscitées par le pouvoir au sein de cette formation politique de sorte à avoir plusieurs candidats se réclamant de la même formation politique. Et qu’est ce qui va se passer ? Si ce n’est Elecam, le Conseil constitutionnel renverra la formation politique à mieux se pourvoir… bienvenue les gué guerres upeciennes et un cafouillage qui aura un impact négatif sur les mobilisations.
Cabral Libi’i, désormais dans une barque qui tangue du fait des manœuvres du ministère de l’administration territoriale sous les instructions de quelques manœuvriers bien installés à la présidence de la République, voit sa candidature à la prochaine élection présidentielle sérieusement compromise. Il ne pourra ni être candidat pour le PCRN, encore moins pour un autre parti d’où seront suscitées d’autres candidatures. Comme ils pourront le faire pour Kamto et vice versa.
En l’état actuel donc, si Paul Biya s’en allait, que ce soit l’homme à la punk, Louis Paul Motaze, Franck Biya, Manaouda Malachie ou n’importe quel autre baron du Rdpc, il sera élu comme lettre à la poste. Ce n’est pas Joshua Oshih du SDF qui les embêterait. Il faudrait être inculte politiquement pour l’imaginer.
Seconde hypothèse : élection présidentielle normale en octobre 2025, avant les élections locales : même stratégie, même résultat. Paul Biya passe, après une disqualification assurée de Maurice Kamto, son principal opposant, et de Cabral Libi’i.
Voilà pourquoi il faut suivre avec intérêt l’affaire du PCRN et se battre pour que les élections locales soient organisées avant la présidentielle d’octobre 2025. Mais si entre-temps Paul Biya s’en va, et qu’est organisée une élection présidentielle anticipée, ça sera dans les calculs actuels des faucons du régime Biya sans Maurice Kamto et Cabral Libi’I. Le chemin est tout tracé. Il faut maintenant le parsemer d’embûches. Et ils s’y attellent. L’exclusion des ténors du SDF était un épisode dans ce vaste projet de bâillonnement du jeu politique dans la perspective de 2025.
A PARTIR DE CES CAS DE FIGURE, IL EST VITAL POUR TOUTE ORGANISATION POLITIQUE QUI ASPIRE AU JEU DÉMOCRATIQUE, ET POUR TOUT ACTEUR ÉPRIS DE CHANGEMENT DE NE PAS SOUTENIR CES MANŒUVRES MAFIEUSES DU RDPC. QUE L’ON AIME CABRAL LIBI OU PAS, L’ENJEU C’EST LA BATAILLE POUR UNE DÉMOCRATIE VÉRITABLE.