Nous nous souvenons, ce dimanche 02 septembre 2017, de l’assassinat brutal de Mgr Jean Marie Benoît Bala. L’occasion d’envisager les suites ecclésiales de sa mort.
Trois mois après l’enlèvement et l’assassinat de Mgr Jean Marie Benoît Bala, la police et la justice camerounaise sont plus jamais muettes.
Il faut dire que personne, sauf naïveté excessive, n’en espérait vraiment mieux. Tellement la gestion de cette enquête était d’avance orientée à en fausser les résultats.
Mais loin des tribulations d’un système qui semble avoir choisi Mgr Bala comme le glaive dont il moura, la capitalisation de cet événement ecclésial appartient au peuple de Dieu et à la hiérarchie de l’Église.
Comme les moines de Tibhirine
Il faut dire que la reconnaissance du martyre n’induit pas automatique la béatification aux fins de canonisation. Elle consiste à reconnaître, selon l’expression consacrée par l’Église catholique, que la victime a été tuée « en haine de la foi ». Afin que sa mémoire ne disparaisse pas, mais serve à édifier le peuple de Dieu.
Dans ce sens, le cas Mgr Jean Marie Benoît Bala ressemble, à bien des égards, à celui des moines trappistes du monastère de Tibhirine, en Algérie. Ceux-ci avaient été enlevés de leur monastère dans la nuit du 26 au 27 mars 1996.
Ils seront séquestrés pendant plus de trois semaines, alors qu’ils étaient recherchés par toute l’Algérie. Leur assassinat est annoncé le 21 mai, dans un communiqué qui a été attribué au GIA (Groupe Islamique Armé).
L’on sait, depuis quelques heures, qu’ils n’auront pas besoin du vote des cardinaux et évêques de la Sacrée Congrégation pour la Cause des Saints pour être béatifiés.
Tout oriente vers le martyre
Au-delà de ce que les raisons de l’assassinat de l’évêque de Bafia ne sont pas encore élucidées – le seront-elles jamais ? En a-t-on besoin ici ? – les déclarations successives de la Conférence Épiscopale Nationale du Cameroun (CENC) sur son « assassinat brutal » dans une logique de « persécution de l’Église » peuvent faire office de « sensus fidelium ».
Elles ont d’ailleurs été reçues comme telles. Ayant été précédées par la conviction populaire, croyante ou non. L’expression « sensus fidelium » se rattachant à une démarche par laquelle l’ensemble du corps ecclésial fait sienne une doctrine qui s’élabore.
Le second élément du martyre, c’est que la mort ne soit pas recherchée. Là aussi, il n’y a pas de doute que l’assassinat de Mgr Bala n’est pas un suicide par bravoure. L’évêque de Bafia a été sorti de son évêché, sans doute de force ou par malice, vue l’heure (pratiquement minuit).
Un don de Dieu
Il reste à considérer cet assassinat « comme la preuve suprême de la charité ». Il est à considérer que, dans son face-à-face avec ses bourreaux, Monseigneur s’est lui-même offert en sacrifice pour la volonté du Seigneur.
Les motivations présumées de cet « épiscopalicide » donnent également à se déployer l’amour et la charité pour l’être humain dans sa dignité et sa sacralité de créature de Dieu.
Mais c’est surtout à l’Église de reconnaître, en cet assassinat, une preuve de l’amour de Dieu pour son peuple. Un don de Dieu en vue de la libération de son peuple et de son Église.
Cela suppose de rectifier l’attitude que l’on a jusqu’ici eut dans cet avènement. Il n’est nullement question de ne plus exiger la vérité. Bien au contraire, il s’agit de l’imposer à ceux qui tentent de la manipuler.
Il convient, pour cela, de cesser de pleurer sur un mort, mais célébrer un martyr. Cesser de se lamenter sur la persécution et savourer cette vocation apostolique comme la vitalité de la foi, le sang verser qui fermente notre Église, le devenir de notre peuple.
Car, si les grands peuples sont ceux qui ont su capitaliser leurs peines et souffrances pour en tirer un mieux-être, nous croyons en un Dieu qui bonifie même les pires moments de notre existence. La croix n’a pas été faite pour nous pleurions, ni la mort pour que nous soyons anéantis ; mais pour parvenir à la joie, à la plénitude de la vie.