Communément appelé « le colonel Kadhafi », Mouammar Kadhafi est un militaire et homme d’État libyen qui a profondément marqué l'Histoire contemporaine de l'Afrique.
« Kadhaphi» n’est pas un n’est pas un patronyme mais plutôt un nom d’usage qui signifie « de la tribu des Kadhapha ». Le prénom « Mouammar » quant à lui signifie « doté d’une longue vie ».
A 27 ans, le jeune officier Mouammar Kadhafi arrive au pouvoir à la suite du coup d’État perpétré le 1er septembre 1969 contre le régime monarchique du roi Idriss. Le gouvernement révolutionnaire dirigé par Mouammar Kadhafi affiche d'emblée un nationalisme intransigeant et réorganise les institutions politiques du pays. En 1976, Kadhafi publie son fameux livre vert dont le titre fait référence au petit livre rouge de Mao Zedong. Dans cet ouvrage, Kadhafi expose son idéologie de « la troisième théorie universelle ».
En 1977, le colonel Kadhafi change le nom du pays en Grande Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste. Depuis lors, le pays sera généralement désigné par la périphrase « Jamahiriya », ce qui signifie littéralement « État des masses ». En effet, Kadhafi avait mis en place un système de «démocratie directe» à travers les comités populaires.
En 1979, le colonel Kadhafi renonce au poste officiel de chef d’État ou président de la république mais demeure aux commandes de la Libye en arborant le titre de « guide de la Révolution de la Grande Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste » ou plus simplement « guide de la Révolution », « guide du 1er septembre » (en allusion à la date de sa prise de pouvoir », « frère guide » ou « frère leader ». Ce titre lui permet de renforcer son pouvoir personnel en dehors de tout cadre constitutionnel car il n'avait pas de poste officiel. Il gagne alors le surnom de « guide » ou « guide de la Révolution ». Surnom qui lui collera à la peau jusqu'à la fin de ses jours.
Sur le plan international, le « guide » se veut artisan du « panarabisme » et du « panafricanisme ». Il condamne violemment l'impérialisme occidental et utilise la manne pétrolière libyenne pour financer des mouvements de rébellion et des organisations terroristes à travers le monde. Il est accusé d'être le responsable de l'attentat de Lockerbie en 1988 et de l'attentat contre le vol 772 UTA en 1989. Son soutien aux mouvements terroristes et son attitude de défiance à l'égard des occidentaux lui ont valu d'être isolé sur le plan international.
Le « guide » devient le mouton noir de la planète et s'attire les foudres des autres chefs d’État. Le président, Anouar el-Sadate d’Égypte (voir Anouar el-Sadate) le traite de «voisin fou» et le président des États-Unis, Ronald Reagan, le qualifie de «chien enragé». Les États-Unis envisagent même de l’éliminer physiquement. En avril 1986, les américains mènent une attaque aérienne en Libye dans l'optique d'éliminer le « guide ». Cette attaque fera une centaine de victimes sans toutefois atteindre le « guide ».
Afin de rompre l'isolement de son pays et de revenir en grâce sur le plan international, le « guide » opère un virement idéologique et diplomatique spectaculaire en se positionnant en allié de l'occident dans la « guerre contre le terrorisme ». Il redevient alors fréquentable. En 2007, il est reçu en grande pompe, avec tous les honneurs par la France de Nicolas Sarkozy (son futur bourreau).
A partir de février 2011, les libyens manifestent contre le régime. La contestation populaire se transforme en insurrection armée. Aidés par l'OTAN, la France et la Grande Bretagne, les rebelles libyens affrontent les forces restées loyales à Kadhafi et réussissent à prendre Tripoli en août 2011. Le 20 octobre 2011, l'OTAN frappe et déroute un convoi dans lequel se trouve Kadhafi et ses fidèles dans la région de Syrte. Informés, les rebelles libyens tendent une embuscade au convoi et capturent le « guide » vivant. Ils lui infligent des sévères atrocités. Sa mort est finalement annoncée par un haut responsable militaire du Comité national de transition (CNT) un peu plus tard dans la journée.
Même si le « guide » a fini par tomber après quarante-deux ans de règne sans partage, il aura résisté durant toutes ces années à une vingtaine de tentatives d’assassinat et de coups d’États. Ce qui lui a valu d'être surnommé le « renard du désert », en référence à sa faculté à déjouer les complots et à une incroyable baraqua qui lui permit d’échapper, parfois par miracle, à des tentatives d’assassinats pourtant soigneusement préparés.
Snipers, voitures piégées, opérations commandos, bombes téléguidées, opérations suicides, bombardements aériens. On aura tout essayé pour l'éliminer.
Sous le masque de vouloir « mettre fin au régime dictatorial » de Kadhafi, l’intervention occidentale en Libye cachait des finalités géopolitiques inavouées. Comme celles de contrôler la production mondiale de pétrole (La Libye disposant des plus grandes réserves confirmées de tout le continent africain) et de contrecarrer la pénétration chinoise sur le continent africain où la Chine cherche depuis plusieurs années à développer son accès aux ressources énergétiques.
L’intervention de l'OTAN en Libye et la distribution désordonnée des armes aux rebelles libyens ont fortement contribué à déstabiliser la zone du Sahel. Le Mali, l’Algérie, le Niger et quelques pays voisins en paient encore lourdement les frais.
Les actualités récentes nous amènent à nous poser la question de savoir si le régime dictatorial de Kadhafi n'a pas été remplacé par un autre encore plus radical et aussi peu démocratique.
La Libye de l’après Kadhafi est aujourd’hui ingouvernable.