D’où a bien pu partir le feu qui a embrasé le bâtiment de l’Assemblée Nationale du Cameroun ? Pourquoi le feu s’est-il propagé de manière uniquement vertigineuse ? Voilà sans doute, entre autres, les questions auxquelles devra répondre l’enquête ouverte par les sévices de police, s’il en est.
Désormais, il faudra également interroger la convergence quasi-doctrinale des avis sur la thèse de l’accident. Cette dernière, relayée avec emphase par une certaine opinion, force naturellement la réflexion.
Pas tant que l’hypothèse soit la plus à exclure, loin s’en faut. Après tout, le bâtiment est aussi vieux que le Cameroun. Et l’entretien n’est pas le sens le mieux partagé parmi les gouvernants et les camerounais, d’une manière générale.
L’art systémiquement endémique de distraction des fonds publics ne saurait, a priori, se circonscrire aux frontières de l’Assemblée Nationale. Même si l’on aurait espéré le contraire.
Il n’y a donc pas de doute que des défaillances de tous ordres meublent le quotidien administratif et opérationnel de l’édifice, qui peuvent induire un acte d’une telle gravité.
Mais l’empressement de certains à envisager uniquement la thèse de l’accident, là où ils sont presque toujours opposés, vindicatifs à la limite du stupide, oblige à lire certains faits, sans que l’on puisse forcément en déduire une causalité évidente.
Le quatrième étage
Le feu est parti du quatrième étage. Voilà la seule servitude que l’on semble avoir aujourd’hui. Certitude fondée sur la géographie du sinistre qui laisse un troisième étage à moitié brûlé. Seulement, serait-on tenté de dire.
En plus des témoignages oculaires qui en attestent, dans la même configuration et à quelque chose près, le brasier serait parti d’un autre étage que le précédent serait dans le même état.
Au quatrième étage, se trouvaient les bureaux des 1er, 2e et 3e Vice-présidents, celui du secrétaire général-Adjoint, et la permanence parlementaire du Social Democratic Front (SDF).
Évidement que le feu peut être parti de n’importe lequel de ces bureaux. Tout comme il pourrait être parti du même étage, mais en dehors des offices, d’un couloir, par exemple.
Des indiscrétions sécuritaires évoquent, avec une certaine conviction, la possibilité que l’incendie soit parti de la permanence du premier parti de l’opposition camerounaise. Mais cela n’est encore formellement attesté par aucune expertise ni rapport.
Le SDF et les sécessionnistes
Difficile ici de faire abstraction, comme tentent de le faire certains, de la permanence parlementaire du SDF. Le parti de Ni John FRU NDI ne cache pas sa sympathie pour le mouvement sécessionniste qui enflamme la région anciennement sous tutelle britannique.
Depuis quelques mois, le feu semble être son arme de prédilection, brûler son mode d’expression favori. Le SDF pourrait être d’autant plus suspect que le parti a décidé de boycotter la session parlementaire en cours, pour protester, dit-il, contre la gestion de cette crise par le gouvernement.
Parmi les causes de présomption de suspicion, il y a la participation de ses cadres aux événements du 1er octobre 2017, le silence du parti devant le terrorisme sécessionniste, son attitude quasi jubilatoire devant la radicalisation du mouvement et de la guérilla séparatiste.
Si le parti est prompt à condamner, comme exactions, l’action des forces de l’ordre et de sécurité contre les activistes sécessionnistes, il n’a jamais clairement mis en cause les activités de ces derniers.
Pas plus qu’il ne s’est insurgé contre l’incendie des édifices publics, des établissements scolaires, les intimidations et menances physiques contre des personnes, notamment des jeunes qui se sont faits molester pour avoir arboré une tenue scolaire. Ceux qui ont été expulsés des salles de classe.
Ni John FRU NDI et son parti semblent même savourer muettement les « exploits » de la guérilla sécessionniste. C’est ainsi qu’ils n’ont jamais condamné l’assassinat d’une demi-douzaine de soldats camerounais, ces dernières semaines. Des meurtres pourtant revendiqués par leurs alliés sécessionnistes.
Le silence de la direction du parti sur le discours et l’attitude de Joseph MBAH NDAM, devant les activistes sécessionnistes le 1er octobre. Celui qui est par ailleurs quatrième Vice-président de l’Assemblée Nationale, proclamait que c’était un grand jour pour son peuple et lui-même et qu’il n’irait plus siéger « là–bas » (sous-entendu à l’Assemblée Nationale).
Il se faisait alors acclamer par la foule surexcitée et laissait entendre qu’il ferait implanter le drapeau sécessionniste dans sa demeure familiale.
Les sécessionnistes clament haut et fort la planification de leur coup contre « la république ». Ils ne cachent pas non plus l’allégeance du SDF et de son chef à leur cause.
Le parti de l’opposition serait-il allé jusqu’à leur ouvrir les portes de la représentation nationale, pour qu’ils puissent frapper le Cameroun en plein cœur, de manière à prouver leur vitalité ? Rien n’est moins sûr !
D’autant que le boycott est un excellent alibi pour attester de la non présence des députés du parti sur les lieux du crime. Il écarterait systématiquement le SDF et ses apparentés de la liste éventuelle des suspects.
Le piège
Le problème avec les alibis, c’est qu’ils portent presque toujours en eux-mêmes l’objet de leur contestation. C’est ainsi que celui du SDF pourrait être démonté et être analysé comme un subterfuge. Et c’est bien connu des milieux et enquêtes criminels.
Mais le parti de FRU NDI peut également avoir été piégé. Sachant qu’il s’est tout seul compromis avec le mouvement sécessionniste, une main criminelle peut avoir exploité ce boycott pour perpétrer le coup et lui faire porter le chapeau.
Mais à quelles fins ? Quelques hypothèses sont plausibles. Au cinquième étage se trouvaient tous les documents et archives en rapport avec le budget (Salaires, bons de commande, missions, etc).
Le postulat, fort réaliste, d’une mauvaise gestion financière de la Chambre, fait de l’incendie de ce compartiment la solution idoine, pour la destruction des pièces à conviction.
L’hypothèse que s’y soit également trouvée une forte somme d’argent peut paraître surréaliste, mais pas tout à fait superflue. Les archaïsmes systémiques, sur lesquels fonctionnent les institutions de la République, ayant fini de normaliser ce type de situations.
L’incendie serait alors une diversion et un prétexte, chers de symbolique et dramatiques de conséquences. Simplement un écran de fumée pour dérober de l’argent.
Mais le parti de FRU NDI peut également avoir été piégé. Sachant qu’il s’est tout seul compromis avec le mouvement sécessionniste, une main criminelle peut avoir exploité ce boycott pour perpétrer le coup et lui faire porter le chapeau.
Mais à quelles fins ? Quelques hypothèses sont plausibles. Au cinquième étage se trouvaient tous les documents et archives en rapport avec le budget (Salaires, bons de commande, missions, etc).
Le postulat, fort réaliste, d’une mauvaise gestion financière de la Chambre, fait de l’incendie de ce compartiment la solution idoine, pour la destruction des pièces à conviction.
L’hypothèse que s’y soit également trouvée une forte somme d’argent peut paraître surréaliste, mais pas tout à fait superflue. Les archaïsmes systémiques, sur lesquels fonctionnent les institutions de la République, ayant fini de normaliser ce type de situations.
L’incendie serait alors une diversion et un prétexte, chers de symbolique et dramatiques de conséquences. Simplement un écran de fumée pour dérober de l’argent.