Il s'agit d'un événement tragique oublié qui a marqué l’histoire du Cameroun. Le quartier Congo était un quartier de la ville de Douala majoritairement peuplé de nationalistes camerounais originaires de l’ouest Cameroun (Bamiléké). En face, se trouvait le quartier « sénégalais » où vivait la communauté musulmane ; des individus venus du Nord Cameroun, du Nigeria et des pays d’Afrique de l’Ouest.
Ce dimanche 24 avril 1960; aux alentours de 15 heures, on aperçoit une épaisse couche de fumée et d’immenses flammes se dégageant du quartier Congo.
A quelque 50 mètres du quartier, se trouvent des soldats blancs portant des rangers avec des képis; ceux-ci occupent la place principale du quartier avec des fusils pointés devant. Le quartier était en flammes, ceux qui sortaient des flammes pour s’échapper trouvaient face à eux des armes à feu pointés. Il ne leur restait plus qu’à choisir entre mourir calciner dans les flammes ou périr criblés de balles.
Et de l’autre côté du quartier non loin du camp Berteau, les ressortissants du Nord Cameroun (Haoussas) occupaient l’espace avec des flèches pointées. Ici encore, ceux qui voulaient s’échapper des flammes devaient choisir entre mourir calciner dans les flammes ou périr criblés de tirs de flèches. Le quartier était donc bouclé d’un côté par des soldats français, des suppléants camerounais et de l’autre côté par des Haoussas.
Des témoins affirment même avoir aperçu un hélicoptère survoler le quartier y déversant un liquide inflammable. La majorité des constructions du quartier étant en carabotte ( planche), cela va favoriser l’incendie du quartier. Cet incendie criminel fera des milliers de morts. Le bilan exact n’a jamais été établi.
Lorsque le feu prend fin vers 17 heures, il ne reste plus rien des baraquements de ce quartier, et le nombre de morts par le feu se dispute avec celui par les balles et par les flèches. Les statistiques officielles font état de 5.000 personnes sans abri. S’il y a eu tant de sans-abri, à combien pourrait s’élever le nombre de morts ?
En effet, le quartier fut encerclé par l’armée et leurs complices haoussas pour empêcher les habitants de sortir. Ceux qui s’y osaient étaient froidement abattus à coup d’armes à feu, avec des lances et des flèches empoisonnées ou des machettes offertes par les commerçants expatriés.
Dans l’impossibilité de sortir de cette zone de flammes, des hommes, femmes et enfants plongeaient dans des puits profonds et s’y noyaient. C’était l’horreur.
Que s’était-il passé au juste ? Comment en est-on arrivé à ce massacre ? L'auteur revient sur cet événement tragique dans son livre: “Rivière de sang : Enquêtes sur les morts non élucidées qui ont marqué le Cameroun”