Suite à l’engagement des pouvoirs publics d’apporter un appui financier aux promoteurs hôteliers pour la réhabilitation de leurs établissements en vue de la Can 2016 et 2019, à l’ouest certains veulent indûment faire main basse sur ce pactole.
En obtenant l’organisation de la CAN 2016 de football féminin, le cahier de charges du gouvernement prévoyait entre autres la mise aux normes de la CAF des infrastructures hôtelières devant accueillir les délégations des différents pays participants, qu’il s’agisse d’officiels ou des joueuses. En effet, la CAF exige des Etats choisis pour abriter l’événement, tout comme pour la version masculine, la disponibilité d’hôtels ayant au moins quatre étoiles.
Les caractéristiques des structures de ce standing sont clairement définies. D’après les normes de classement en vigueur, l’hôtel une étoile est celui dont l’immeuble, les installations, l’agencement et la décoration sont de qualité courante et en bon état d’entretien. L’entrée doit être indépendante au cas où l’exploitation comprend également un bar, un restaurant ou un night-club.
Obligation d’avoir un vidéo club, une conciergerie et des ascenseurs à partir du quatrième étage. Disposer d’au minimum dix chambres dont la superficie minimale hors salle d’eau est de 10 m2. Toutes les chambres doivent également disposer d’un téléphone et d’une table de chevet. Changement de la literie deux fois par semaine. Pour l’hôtel deux étoiles, en plus de tous les éléments obligatoires pour un hôtel une étoile, il doit à l’entrée disposer d’un concierge de consigne, d’une cabine téléphonique simple, d’un bar, d’un minimum de 20 chambres d’une superficie minimale de 10 m2.
Dans les chambres, les tarifs de l’hôtel et les services proposés doivent être clairement affichés, ainsi que les consignes en cas d’incendie. Changement de la literie obligatoire tous les deux jours. Il doit aussi disposer d’une trousse de premiers secours et d’une infirmerie disposant d’une salle d’isolement. Quant au Trois étoiles, le mobilier, l’agencement, la décoration doivent être dans un très bon état d’entretien et de bon goût. Dès son entrée l’hôtel doit disposer d’un service de change et d’une boutique en plus de ce qui est obligatoire pour un deux étoiles.
Ici l’ascenseur est obligatoire à partir du 3ème étage. Bar climatisé et salle de réunion d’au moins 30 places obligatoires. Il doit disposer des salles sportives telles que la piscine, les terrains de tennis et de volley- ball. Total de 30 chambres minimum d’une superficie de 12 m2 hors salle d’eau. Sont également obligatoires dans les chambres, les téléviseurs couleur, une armoire ou une penderie à cintres, une moquette pour le revêtement du sol. Le directeur de l’hôtel doit être titulaire d’un BTS en gestion hôtelière et justifier de 5 années au moins d’expérience. Le maître d’hôtel et le réceptionniste doivent être titulaires d’un BTS en gestion hôtelière et justifier d’une expérience d’au moins 3 ans.
Tripatouillages financiers en vue
Dans la région du Sud-ouest par exemple, qui devrait abriter une partie de la CAN féminine novembre 2016, des établissements trois étoiles ont été sélectionnés, tant à Limbé qu’à Buéa. L’on parlait au préalable de Semme Beach, Fini Hôtel, Chariot Hôtel et Mountain Hôtel. L’Etat avait ainsi promis de leur allouer la somme de 10 milliards de F CFA pour leur réhabilitation, leur embellissement ainsi que la construction de certains bâtiments.
Aussi, ces hôtels devront-ils se doter d’une mini centrale pour produire de l’énergie solaire, afin de pallier les récurrentes coupures d’électricité. Chacun d’eux devait donc recevoir 2,5 milliards de F CFA pour ces travaux. Au cours du Conseil de cabinet présidé par le Premier ministre en date du 28 avril 2016, dont l’unique point inscrit à l’ordre du jour portait sur l’évaluation des préparatifs de la CAN de football féminin, le Ministre d’Etat en charge du Tourisme et des Loisirs fit un exposé sur « l’avancement des travaux de construction des infrastructures hôtelières à Limbé et Buéa ». Bello Bouba Maïgari y parla de l’excellent état d’avancement des travaux, de relèvement du standing et de mise aux normes de la CAF des infrastructures hôtelières concernées.
A l’en croire, les travaux de gros oeuvre étaient en voie d’achèvement, les finitions ayant démarré au Mountain Hôtel et au Parlementarian Flats de Buéa ; tout comme à Atlantic Beach de Limbé. Tous ces établissements avaient obtenu l’appui financier du gouvernement avec la promesse que les travaux seraient achevés dans les délais impartis. L’on peut ainsi noter qu’en dehors de Mountain Hôtel, d’autres structures ont été substituées aux trois autres…
Si la CAN féminine se déroulera à Limbé et Yaoundé du 19 novembre au 03 décembre prochains, la ville de Bafoussam pour sa part a été retenue dans le cadre de la CAN masculine de 2019. Ceci grâce à la construction d’un stade omnisports moderne dans cette ville. Elle vient d’ailleurs d’accueillir un match de football international, qui opposa nos Juniors à leurs homologues libyens. Rencontre ayant montré aux yeux du monde la qualité de cette réalisation. Mais là où le bât blesse, c’est la question des infrastructures pouvant faire l’affaire. En raison de l’engagement du gouvernement de faire là aussi un effort financier comme dans le Sud-ouest, certains margoulins ont décidé de s’infiltrer dans la brèche ainsi ouverte.
Peut-être avec la complicité active de certains responsables publics. Guignant l’argent promis dans la propension qui y a cours pour l’argent d’autrui, le pactole du gouvernement suscite moult convoitises chez des opérateurs économiques peu scrupuleux.
Complicités ?
L’hôtel Batcam qui vient d’héberger les Lionceaux est sur les starting blocks, ainsi que Maco Palace Hôtel où logea la délégation libyenne. A côté d’eux l’on retrouve l’hôtel Ino, Le Manoir, Zingana Hôtel et Enthou (entreprise hôtelière de l’Ouest). Or c’est bien là où il y a maldonne. Zingana Hôtel par exemple, présenté dans les colonnes du quotidien gouvernemental comme étant un quatre étoiles, est loin d’en être un…
L’on pourrait en citer un autre construit dans les marécages qui, malgré les lacunes criardes qu’il présente, se veut éligible à la réception de cette cagnotte, les subventions publiques devant ici aussi se chiffrer à coups de milliards. En définitive, c’est tout le monde qui s’y met pour avoir chacun sa part du gâteau, au mépris du plus élémentaire bon sens.
A la vérité, de nos jours, seul le dossier (déjà transmis au Mintoul et au Minepat) Enthou est viable, puisqu’il s’agit d’un véritable quatre étoiles en cours d’achèvement. Erigé sur 4 ha à deux kilomètres du centre ville, à un jet de pierre de l’aéroport de Bamoungoum, il a été conçu pour offrir à la clientèle 150 chambres de grand luxe. Et l’on ne comprend pas par quelle alchimie les autres, qui déjà ne peuvent se prévaloir du statut de trois étoiles, pourraient nourrir l’ambition de se transformer en hôtels quatre étoiles !
Ce que leurs promoteurs semblent oublier dans leur frénésie de cupidité, c’est que ces subventions publiques ne relèvent pas du don, mais sont remboursables, fût-ce à long terme. Et que leur situation n’est pas la même qu’à Limbé par exemple ; car si dans cette cité balnéaire connue pour sa fréquentation touristique, l’on peut subodorer un sûr retour sur investissements, à Bafoussam les contingences sont différentes.
En effet, quel taux de remplissage, quelles recettes pourront avoir les structures réhabilitées à l’échelle de milliards, une fois cette compétition d’un mois achevée ? L’on peut raisonnablement penser, comme nous le révèle un habitant de cette ville, que les opérateurs lorgnant l’argent de l’Etat veulent le recevoir pour en faire autre chose, le fructifier ailleurs. Détournement de fonds en perspective qui ne pourrait que compromettre la bonne tenue chez nous de cette compétition continentale. Vigilance !