Ils viennent du monde entier, et leurs noms claquent au vent, comme autant de gages de la magnificence de cette conférence qui se tient dès ce jour à Yaoundé. « Investir au Cameroun terre d?opportunités ». On ne peut pas faire plus alléchant, plus incitatif, pour faire venir tout ce beau monde à Yaoundé, disserter, écouter, s’écouter.
Terre d’opportunités, le Cameroun l’est, indubitablement : nos potentiels agricole, minier, géographique et même notre héritage historique, ce mélange inédit sur le continent, font de notre pays, une vaste opportunité, qui ne demande qu’à être saisie. Mieux, le Cameroun a une ressource humaine qui semble inépuisable, renouvelable à l’infini, tant il est vrai, tous les jours on découvre avec émerveillement de nouveaux talents, dans les domaines les plus insoupçonnables.
A Yaoundé, on a donc cédé à la mode des grandes rencontres à grands noms, où les invités, tous aussi intéressants les uns que les autres, viennent échanger. Sur le plan de la « modernité » de l’approche, on
dira que c’est dans l’air du temps. Tous les grands cabinets de Communication internationaux - comme celui qui est à la manoeuvre- le proposeront, comme solution à un pays qui, comme le Cameroun peine à se vendre, malgré ses atouts.
Mais la communication ne sera jamais qu’un fragile enjoliveur, si pour l’essentiel, un certain nombre d’hypothèques ne sont pas levées. Si les éminentes personnalités qui sont annoncées à Yaoundé jouent donc franc-jeu, il faudrait que, les yeux dans les yeux, elles soient sincères, et disent la vérité à ceux qui les ont invités. Il est souhaitable que Aliko Dangote, (qui croit au Cameroun, il l’a prouvé) dise à nos autorités que notre administration est l’un des boulets les plus lourds que traine le pays, dans son désir d’émerger.
Il faut que Paul Kamogne Fokam,( dont la volonté de faire avancer le Cameroun ne souffre d’aucun doute) s’exprime sur cette justice Camerounaise qui ne garantit rien à aucun investisseur cherchant réparation.
Donald Kaberuka, au parcours reconnu aussi bien à la tête des finances de son pays, le Rwanda et de la Banque Africaine de Développement fera oeuvre utile en expliquant aux autorités camerounaises comment on dépense avec utilité l’argent d’un pays qui veut avancer, et comment en moins d’une décennie, ils ont transformé un champ de ruines en un pays prospère et envié…
Acha Leke, jeune prodige camerounais, directeur régional du cabinet McKinsey, fait partie des invités, et est le symbole vivant de ce Cameroun dont les fils brillent toujours, et aiment leur pays par dessus tout.
Si on a eu l’heur de convier ce genre de profil, il est souhaitable d’écouter ce qui sortira de leur coeur qui devrait parler avec cette pureté qui habite tous ces camerounais qui en ont, qui veulent donner, mais qui n’ont pas la possibilité de le faire, à cause d’un système qui bloque tout.
A défaut de pouvoir d’une baguette magique changer du tout au tout, il est souhaitable que nos brillants hôtes aient la faiblesse de dire avec sincérité et en face, avec pour témoin le monde entier, qu’il est temps que cesse cet immense gâchis.