Opinions of Sunday, 17 December 2017

Auteur: www.camerounweb.com

J’ai transmis ce message à Patrice Nganang à Kondengui - Enoh Meyomesse

Son audition est renvoyé au 19 janvier 2018 Son audition est renvoyé au 19 janvier 2018

Enoh Meyomesse a pu selon ses dires rencontrer Patrice Nganang et lui a transmis un message. Un message rempli de compassion et de conseils à l’écrivain.

Ci-dessous l’intégralité du message :

Par un ami interposé qui, malheureusement se trouve également à Kondengui, je suis entré en contact avec Patrice Nganang. Je lui ai fait parvenir ce message:

1/- la prison est difficile, quelle qu’elle soit, et pis encore, Kondengui que je connais parfaitement, pour y avoir été pensionnaire pendant 40 mois, soit 3 ans 4 mois, et en même temps, 4 noëls successifs. J’y suis arrivé jeudi le 22 décembre 2011, à la veille de noël, et ai quitté cet endroit maudit, lundi le 27 avril 2015. Vendredi 23 décembre 2011 au soir, soit le jour d’après mon internement, le « Vuvuzela du gouvernement » que tout le monde connaît parfaitement avec sa barbiche de bouc et ses lunettes mal ajustées sans oublier sa grande bouche remplie de propos orduriers, petit Goebbels camerounais mais sans toutefois en avoir la dimension, s’est mis à copieusement m’insulter au cours d’un point de presse retransmis à la télévision et que moi-même j’ai suivi impuissant de bout en bout, notamment en déclarant que « cet individu, c’est-à-dire moi, est un parfait inconnu qui ne représente absolument rien du tout, pour quelle raison le régime lui en voudrait-il ? Il est un braqueur, voilà la vérité, et se trouve actuellement entre les mains de la justice ». Eh bien, à ce pauvre bougre aujourd’hui ministre, ex-brûleur de pneus impénitent à travers les rues de la République, notamment dans sa ville natale à Garoua, et insulteur impénitent de Paul Biya, son Dieu d’aujourd’hui, j’annonce ici que la Cour Suprême du Cameroun, à la faveur d’un arrêt du 16 novembre 2017, a cassé ma condamnation ordonnée à l’époque par le « dauphin » de Sangmelima, actuellement ministre des Benskin, et exécutée par un colonel au garde-à-vous, autre misérable personnage de la République. J’attends à présent que le « Vuvuzela du gouvernement » vienne de nouveau tenir un point de presse pour se dédire.

Quoi qu’il en soit, donc, malgré l’apprêté de la détention, l’acharnement des puissants du moment, et l’avalanche d’injures que l’on subit lorsqu’on s’y trouve, ce n’est qu’un petit moment passager difficile dans la vie d’un être humain qui croit en ses idées. « Quelle que soit la longueur de la nuit, le jour finit toujours par se lever », nous dit si bien un proverbe camerounais.

2/- il faut un peu tenir ta langue, la publication de « lettres », tu l’as vu, n’a guère porté bonheur à un autre de tes devanciers en détention ; à cause des irrépressibles démangeaisons de son stylo, et d’une impertinence qu’il tire je ne sais d’où, d’abord il a été déporté au SED, et là-bas …. !!!!! On est venu le porter en pleine nuit à Kondengui, ensuite, il a encaissé une très lourde condamnation ; moralité, il faut savoir opérer un « repli tactique », ainsi que nous l’enseignait l’UNEK, l’Union Nationale des Etudiants du Kamerun, à l’époque où, étudiant en France, je combattais le régime de terreur d’Ahidjo.

3/- il faut faire très attention à ne pas permettre à tes irréductibles ennemis de réussir à t’empoisonner ; la misère, la famine et le désespoir sont tels à Kondengui ? et tu es en train de le découvrir ? que pour un petit billet de mille francs CFA seulement qui offre cependant plusieurs copieux repas dans les petits restaurants de fortune qui s’y trouvent, un autre détenu affamé de plusieurs jours, peut vous mettre du poison dans votre nourriture sans état d’âme ; moi-même j’en ai été victime, et ne m’en suis tiré que de justesse ; j’ai même été poursuivi jusqu’à l’hôpital miliaire où j’avais été évacué, et mon médecin soignant là-bas, flairant quelque mauvais coup bas en préparation contre moi, a déjoué celui-ci en interrompant brusquement mon hospitalisation deux jours avant la date annoncée de ma sortie et de mon retour à Kondengui… Quoi de plus normal qu’une personne décède dans un hôpital ? Et pourtant, de nuit, des barbouzes sont venus, et l’ont étouffé avec le coussin de son lit, ni vu, ni connu. Arrêt cardiaque. Point.

4/- enfin, la tempête passera, inévitablement, et nous verrons infiniment plus clair sur le moyen de te tirer de cette mauvaise passe. Actuellement, il y a trop de passion. Les cœurs sont encore « chauds », comme on dit en camerounais. Accordons du temps au temps, selon la célèbre formule de François Mitterrand, et nous serons en meilleur situation pour obtenir une réponse positive à nos nombreux plaidoyers en faveur de ta libération. C’est ce qui a permis, à d’autres avant toi également arrêtés avec fracas, même s’ils ne te l’ont pas révélé, de recouvrer leur liberté, au plus grand étonnement de tout le monde …