L'affaire Patrice Evra continue de susciter des réactions dans la presse sportive. Journaliste sportif de renommée, Martin Camus Mimb a décidé de donner son point de vue suite aux propos attribués à Patrice Evra, propos (d'ailleurs démentis) dans lesquels il aurait exprimé son regret pour avoir joué pour l'équipe de France.
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"Je n’ai pas cru une seule seconde, lorsque j’ai vu ces paroles défiler et même reprises par des médias dit sérieux. Il a beau faire le fou et le révolté, mais il aurait inhumé sa gigantesque carrière de footballeur. Parce que ce mec a quand même été capitaine de Equipe de France de Football. Au-delà du suicide, ce serait juste de l’ingratitude. Et même lorsqu’elle nous profite, l’ingratitude ne doit pas être célébrée. Pourtant, les sites africains et tous les médias affinitaires, ont tôt fait de multiplier partages et commentaires, analyses et scanners, en cette veille de coupe du monde, en même temps pour intriguer ceux qui avaient choisi d’abandonner leurs pays d’origine, mais surtout pour narguer ceux qui sans être sûrs d’aller à la Coupe du monde avec les Bleus surtout, ont refusé les appels de pieds des pays africains. La rancune et la rancœur, sont à la base de l’importance donnée à ce fake News, s’ils n’en sont déjà pas à l’origine.
Mais avant d’engager ce débat, il faudrait qu’on vide le débat sur la nationalité sportive. Le football en particulier s’est émancipé depuis très longtemps, des politiques recroquevillées sur la notion d’origine, surtout en Afrique pour jouer un rôle dans le développement d’un pays. Depuis très longtemps, le football a brisé les frontières des origines, et pas seulement pour la France vis-à-vis des pays africains. Il est vrai que la filiation coloniale y est pour quelque chose comme Eusebio le mozambicain a défendu les couleurs du Portugal au début des années 60. Karl Hansen brésilien d’origine a joué en équipe nationale allemande en 1910 et 1911. D’autres joueurs brésiliens ont évolué pour d’autres sélections nationales. Cacau qui était avec l’Allemagne en 2010 à la Coupe du monde, tout comme Kevin Kuryani, Marco Senna, Diego Costa, Deco et autres Pepe. C’est un phénomène accentué par les migrations importantes des joueurs et le Brésil est le plus gros exportateurs de footballeurs dans le monde, ce qui fini par leur donner des nationalités sportives autres que celle du Brésil.
Et c’est à ce niveau que réside le problème des équipes nationales africaines. Incapables de former ou de retenir des jeunes talents, ils se dispersent à travers le monde et principalement en Europe, qui leur donne une nationalité sportive qui ne doit frustrer personne. C’est celui qui paie la formation de l’enfant et l’encadre qui doit revendiquer une quelconque paternité sur lui. Il faudrait donc que les fédérations sportives africaines arrêtent de pleurnicher lorsque leurs prospections de veille de Coupe du monde ne sont pas fructueuses en brandissant l’ingratitude et le manque d’amour pour le pays d’origine. L’ingratitude c’est pour celui qui t’a encadré et non pour celui qui veut te reconnaître lorsque tu as grandi et la patrie, c’est celle pour laquelle tu partages un amour dès ta tendre enfance. Ceci n’est donc pas une accusation, mais une interpellation pour une approche politique différente. On ne peut pas vouloir le beurre et l’argent du beurre. Les fédérations signent tous les jours les yeux fermés en Afrique, des certificats de transfert pour des gamins et empochent de l’argent sans se soucier de la nécessité de les marquer au fer pour l’avenir.
A quel moment ils doivent revendiquer ? Ceux qui sont nés ailleurs, formés ailleurs, ne nous appartiennent pas. Formons les nôtres qui errent dans les quartiers sans aucun encadrement. Il y’a des Mbappé et des Haaland que nous tuons tous les jours, par notre mauvaise organisation. Cherchons les, et nous cesserons de ramasser les résidus, ces talents que la France ne veut plus, et qui se tournent vers nous comme s’il s’agissait d’une faveur. Cherchons les, et nous n’allons jamais pleurer les Evra,Desailly, Boli ou Kanté… parceque avec plus de sérieux, nous aurons plus de Eto’o, de Mane, de Diouf, de Milla et de Salif Keita, qui n’ont pas eu besoin de commencer ailleurs, d’être repérés par d’autres , pour être des Ballon d’Or!"