Les grands hommes qui ont marqué l’histoire renaissent sous une autre forme tôt ou tard. Certes, comme le réitérait Franz Fanon, chaque génération née, découvre sa mission dans une relative opacité, l’accomplie ou la trahit, mais dans un monde en pleine effervescence où les forces du Thanatos ou pulsions thanatologiques (forces du mal) dictent leur loi et surplombent les forces d’ Eros( forces du bien), combien sont ces leaders qui réussissent à maintenir l’autorité de leur pensée et de leur opinion face à la foudre ou à la réticence populaire embrigadée dans ce que le philosophe appelle le vieil homme, c’est-à-dire les préjugés, les idées préconçues baignant dans les mentalités prélogiques, véritables obstacles rédhibitoires à l’éclosion des savoirs savants et à l’érection de la vérité universelle différente des préjugés, la vérité décrétée?
Ils sont très rares, de tels leaders. Car pour être un tel leader prêt à défendre ses idées jusqu’au sacrifice suprême et prêt à être seul contre tous pour la même cause, il faut du leadership, du charisme qui font de lui un mystère, un personnage énigmatique.
Jean De Dieu Momo en est un. Lui qui, au départ incompris, mal compris, au cœur de toutes les polémiques et controverses, lapidé dans ses idées par le commun des mortels, n’avait pas capitulé devant cette foudre populaire aujourd’hui au regret. Seul contre tous, mais béni par l’Eternel, il n’avait pas renoncé à sa pensée, à ses convictions sur l’histoire et la généalogie politiques du Cameroun et sur les occasions historiques manquées des peuples de grassfield notamment des peuples de l’Ouest Cameroun, les peuples bamilékés.
Si Jean De Dieu Momo s’est toujours montré intrépide et indéboulonnable dans ses opinions en la matière, c’est eu égard à la fiabilité, à l’authenticité des recherches menées à ce sujet par ce leader; authenticité renforcée par la riche expérience politico-juridique de cet homme de loi qui a la parfaite maîtrise des régimes et systèmes politiques africains dont l’arsenal juridique devenu comme son ADN lui a permis de gagner de nombreux procès à l’extérieur comme à l’intérieur du pays; des affaires parfois très difficiles et très délicates. C’est donc un vieux singe auprès de qui il faut s’abreuver pour apprendre à monter dans l’arbre.
Qu’on le veuille ou pas, l’histoire c’est l’histoire, les faits. Ils peuvent susciter de l’indignation, mais on n’y peut rien, puisqu’on ne change pas l’histoire. On peut plutôt en tirer des leçons pour n’être plus le Atitsingh léh lih Lemou.
Tel Galilée au départ incompris, mais finalement célébré avec le temps de par la constance de la vérité soutenue qui a résisté au temps et réduit au silence et au regret les plus sceptiques d’hier, Jean De Dieu, le point de divergence d’hier est aujourd’hui le point de convergence; l’histoire et le temps lui donnant raison, rendant ipso facto sa pensée transcendantale, une pensée confirmée au fil du temps et qui transcende aujourd’hui l’espace et le temps pour entrer dans la postérité, une jurisprudence désormais appelée à aider les peuples.
La pensée vérifiée et vérifiable de Jean De Dieu Momo est solide comme du roc et repose sur un socle granitique indestructible, et ce pour diverses raisons :
– dans les régimes présidentialistes africains dont le passé monolithique influence incontestablement le champ politique et les arcanes du pouvoir, la sagesse recommande de suivre la direction du vent pour ne pas être le Atitsingh léh lih Lemou, car même dans 100 ans, le même régime sera là. Pour changer un régime, il faut être plus vieux que lui.
Cela n’est pas spécifique au Cameroun. Dans l’ouvrage intitulé Crois du sud de Joseph Ngoue, le personnage de Wilfried Otterman s’indignant du caractère contestataire de sa fille Judith Otterman, lui parla en ces termes : ce sont les enfants les plus favorisés comme vous qui s’insurgent contre la société, jusqu’à ce qu’ils reconnaissent l’inutilité de leurs cris révolutionnaires et rentrent au bercail avec le regret de n’avoir pas plutôt profité de l’existence,
– comme l’a si bien démontré Jean De Dieu Momo, le plus grand service qu’on puisse rendre à sa communauté dans un régime présidentialiste c’est de soutenir le régime pour garantir l’avenir de sa communauté, car en politique, la construction des routes, des hôpitaux, des écoles… n’est pas ex nihilo. C’est le retour d’ascenseur et nul ne peut recevoir ce qu’il n’a pas donné
– La mobilisation progressive, mais certaine des fils et filles de l’Ouest en général et des jeunes en particulier qui malgré quelques réticences, soutiennent de plus en plus le régime, montre que la pensée de Jean De Dieu Momo prend progressivement corps, âme et vie dans la conscience de son peuple bamiléké.
– grâce aux pertinentes analyses de ce pionnier qui a levé courageusement le voile sur certaines vérités pénibles, tristes, mais concrètes et réelles couvertes par l’opacité, voire par un silence assourdissant qui faisait planer l’énorme risque de la répétition de l’histoire, nos peuples comprennent aujourd’hui que les faits historiques ne sont pas un tabou et que le pire dans la conscience communautaire, n’est pas la méchanceté des gens mauvais, mais le silence des gens bons qui comme Jean De Dieu Momo devraient démystifier le mutisme complice sur certaines vérités historiques pour sauver les peuples, pour ne pas trahir leurs missions.
En définitive, Jean De Dieu Momo est cette pierre que les maçons avaient rejetée et qui était finalement devenue la pierre angulaire de l’édifice.