Opinions of Friday, 6 May 2016

Auteur: camersenat.info

Jean Michel Nintcheu déclare la guerre contre Total-Cameroun

Objet : Jean Michel NINTCHEU en guerre contre Total-Cameroun

Commerce: Jean Michel NINTCHEU en guerre contre Total-Cameroun. Le député d’obédience SDF accuse la multinationale de vente illicite des produits importés et de pratique de concurrence déloyale. Il fustige également la démarche de Total-Cameroun qui se lance dans le commerce de proximité :

« Les multinationales pétrolières doivent cesser de faire dans la vente illicite. »

Les activités de ces multinationales qui exercent au Cameroun sont officiellement confinées à l’exploration, à l’exploitation et la distribution des produits pétroliers. Pourtant nous assistons depuis longtemps dans des stations-services à une prolifération des smarts ou échoppes exerçant dans le commerce de détail des produits autres que le pétrole notamment dans l’agroalimentaire.

Cette activité a toujours été décriée par les nationaux exerçant dans l’activité commerciale sans que les décideurs ne daignent prendre des mesures appropriées sur ce problème.

A force d’être complaisants vis-à-vis des succursales des multinationales installées au Cameroun, celles-ci, en violation de la réglementation, ont fini par créer des boutiques et de magasins exerçant uniquement dans l’importation, la distribution et surtout le commerce de détail des denrées alimentaires et de première nécessité. On ne saurait accepter encore moins tolérer une telle concurrence déloyale qui est de surcroît déséquilibrée.

Ces agissements illicites et anticoncurrentiels auront des répercussions négatives sur les acteurs nationaux présents dans ce secteur d’activité qui, si rien n’est fait, mettront la clé sous le paillasson pour cause de faillite. Il est inadmissible par exemple qu’une multinationale de l’envergure de Total, première capitalisation boursière du CAC 40 et une des plus grandes multinationales du monde, se permette d’ouvrir en plein cœur de Bonapriso ou ailleurs dans la ville un magasin ou une boutique de commerce de détail de l’agroalimentaire.

Total et d’autres multinationales installées au Cameroun n’ont pas vocation à faire dans la distribution et le commerce de proximité dans le secteur de l’agroalimentaire.

Il y a lieu d’observer que cette intrusion dangereuse des multinationales dans le commerce de détail dans le secteur de l’agroalimentaire résulte d’une absence de volonté politique des pouvoirs publics de protéger les petites et moyennes entreprises. Cette immixtion ne peut conduire qu’à un étouffement des nationaux qui font dans ce commerce compte tenu de la taille des entreprises étrangères.

Dans le même sillage, on assiste également depuis près d’une dizaine d’années à une invasion exponentielle et sans régulation de nos espaces marchands par des colonies de peuplement asiatiques et surtout chinoises qui ont fini par créer des bantoustans dans les grands espaces commerciaux avec tout ce que cela entraîne comme monopolisation du commerce de détail de certains produits et chômage de nos compatriotes commerçants de détail.

Interpellé au cours des questions orales aux membres du gouvernement sur la nature des conventions commerciales entre le Cameroun et certains pays, le ministre du commerce, à la stupéfaction générale, a pathétiquement avoué qu’il n’y a pas de convention qui régit l’exercice de l’activité commerciale entre le Cameroun et la Chine et qu’il y a des abus des hommes d’affaire chinois.

Dans un pays normal qui protège ses citoyens, l’activité commerciale doit contribuer à la compétitivité, à la création d’entreprises génératrices d’emplois et à la lutte contre la chômage. Pour ne pas assister à la mort par asphyxie de la quasi-totalité des acteurs exerçant dans la distribution des produits agroalimentaires dans nos villes, il est impératif d’interdire le commerce illicite de détail et de proximité de ce secteur d’activité aux multinationales pétrolières. A cet effet, les comportements de nos dirigeants doivent changer dans la politique de consommation des biens et services.

Plus globalement, pour renforcer le dispositif de protection des petites et moyennes entreprises, il faudra à terme camerouniser le commerce de détail ; les parts d’actions dans les petites et moyennes entreprises exerçant dans la vente de détail devant être détenues à hauteur d’au minimum 51% par les nationaux.

Honorable Jean Michel NINTCHEU
Député de la Nation

Réaction parue dans l’édition n° 4570 du quotidien Le Messager
du 6 mai 2016


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