Opinions of Thursday, 5 October 2017

Auteur: afrik-inform.com

Journée mondiale de l'enseignant: la pérénnisation de la faim

Il n’y a pas de véritable politique de liberté et d’indépendance du corps enseignant Il n’y a pas de véritable politique de liberté et d’indépendance du corps enseignant

L’époque ou le maitre faisait rêver semble révolue. Tant sa clochardisation est devenue banale. Plus d’enseignants exercent pour lutter contre la faim, que par vocation. Après le pain, l’éducation est le premier besoin du peuple. Il manquera 68.8 millions d’enseignants d’ici 2030 pour offrir à chaque enfant l’accès à l’enseignement primaire et secondaire. 24.4 Millions d’enseignants dans le primaire et 44.4 millions d’enseignants dans le secondaire. Les pays d’Afrique Subsaharienne et d’Asie du Sud sont les plus touchés par cette pénurie d’enseignants (14.6 millions d’enseignants) tant dans le primaire que le secondaire.

Des conditions de travail difficiles

Le 5 octobre, est une initiative de l’UNESCO visant à l’examen et la résolution des problèmes relatifs aux enseignants. Cette année, la Journée mondiale des enseignants marque aussi le 20ème anniversaire de la Recommandation de l’UNESCO concernant la condition du personnel enseignant de l’enseignement supérieur (1997). Cette catégorie de personnel est souvent oubliée dans les débats sur le statut des enseignants. À l’instar de leurs collègues du pré-primaire, du primaire et du secondaire, les enseignants de l'enseignement supérieur composent une profession qui nécessite des connaissances spécialisées, des aptitudes particulières et une compétence pédagogique. Le 5 octobre, comme chaque année depuis 1994, la Journée mondiale des enseignants commémore l’anniversaire de la signature de la Recommandation OIT/UNESCO concernant la condition du personnel enseignant (1966) dont le 50ème anniversaire a été célébré l’an dernier.

On ne compte plus en Afrique le nombre d’écoles où l’enseignant souvent seul joue le rôle de directeur, de professeur, de conseiller. Obligé chaque jour d’effectuer un long trajet pour assurer ses cours, pour un salaire de misère. Nombreux sont les enseignants en Afrique faute d’avoir trouvé mieux, contraints d’exercer deux métiers différents pour joindre les deux bouts. Selon l'Institut de statistique de l’UNESCO, le monde aura besoin de 69 millions d'enseignants pour parvenir à l’universalisation de l'enseignement primaire et secondaire d'ici à 2030

Africanisation et handicap de l’enseignement

L’Afrique subsaharienne cumule les handicaps. Elle est partie d’une situation très particulière, celle de sociétés sans écriture qui n’ont découvert l’écrit qu’au travers du Coran pour une petite partie d’entre elles mais surtout dans le sillage de la colonisation. L’école était une invention des Blancs et fut initialement considérée comme un outil de la domination coloniale. À l’exception de l’Éthiopie, le livre était un objet inconnu, étranger aux cultures locales. Le continent le plus pauvre est en effet le continent le plus jeune. Les moins de quinze ans y représentent près de 45 % de la population, ce pourcentage frôlant les 50 % au Niger et en Ouganda. L’Afrique souffre d’une hypercentralisation des décisions pédagogiques. On observe une forte standardisation des formations. L’Afrique est fortement touchée par le problème des incitations des enseignants et des chefs d’établissement. Il n’y a pas de véritable politique de liberté et d’indépendance du corps enseignant dans le choix des programmes et de prise des décisions favorables au développement de l’éducation.

Un système qui permet aux parents de financer directement l'école dans laquelle leur enfant sera scolarisé serait la bienvenue. Il est donné par l’administration, et les parents financent avec l'école de leur choix directement et non forcément l'école que leur aurait été imposée. Ainsi subventionne-t-on directement l’élève au lieu de subventionner l’établissement. Ce système de démonopolisation de l’école favorise une extension de la démocratie dans l’enseignement même et une réduction des inégalités sociales, en facilitant la mixité des couches et des classes sociales.

Redonnant à l’élève et à la famille la liberté de choix de son école, on oblige les établissements à adapter leur offre à la demande. Ce système accroît ainsi nettement la responsabilisation des chefs d’établissement pour qu’ils rendent des comptes sur leurs politiques pédagogiques, le recrutement de l’équipe pédagogique et les résultats scolaires. Est ainsi créée une émulation entre les différents établissements pour améliorer la qualité de l’offre.
Des exemples qui marchent

L’exemple remarquable de l’Inde est remarquable. Aujourd’hui, une grande partie du système éducatif est financé par les entreprises qui s’engagent à former les élèves et dans les campagnes une école sur quatre est privée. L’étude récente de la Banque Mondiale sur ce modèle dans les pays du Tiers Monde souligne les résultats satisfaisants (Chili, Colombie, Thaïlande, Philippine). Les États-Unis restent le pionnier de ce modèle insufflé par Milton Friedman en 1962. Les écoles appliquant ce système sont d’une qualité meilleure grâce à l’incitation compétitive engendrée. Aux Pays-Bas 76% des enfants choisissent ce modèle. En Finlande et en Grande Bretagne près de 8000 euros sont octroyés aux parents pour choisir leur école. L’Afrique, secouée par les problèmes de l’éducation, gagnerait à explorer cette autre façon de faire.