Le malheur frappe le plus souvent quand on s’y attend le moins. C’est l’histoire de l’étudiant Kamga Djongoué Collins qui ne pouvait jamais imaginer qu’il allait se faire brûler sur son lit pendant qu’il dormait paisiblement. Arol Ketch nous livre les détails de cette nuit, qui a été sans doute pour cet étudiant, la plus longue.
28/04/1993 - 28/04/2023 - Il y’a 30 ans mourait l’étudiant Kamga Djongoué Collins
L’oubli est la ruse du diable !
Ce dimanche 25 avril 1993, le jeune étudiant Kamga Djongoué Collins est brûlé dans sa chambre à a mini cité Le Belvédère.
Ses cris de détresse ameutent le voisinage qui vient à son secours et casse la porte de sa chambre afin de lui porter assistance. Le jeune garçon est brûlé au second degré.
Le jeune étudiant est conduit à l’hôpital général de Yaoundé puis est évacué l'hôpital général de Douala.
Un voyeurisme médiatique honteux et regrettable a accompagné les derniers jours du jeune étudiant.
Alors qu’il était dans l’agonie, les médecins ont défait son pansement pour offrir un spectacle macabre aux caméras de la CRTV qui tournaient autour du malade comme des vautours affamés autour d’une carcasse.
Au mépris des règles les plus élémentaires de déontologie et de tout humanisme, le corps du jeune étudiant sera exhibé au journal de 20h30 du lundi 26 avril.
Ils vont pousser l'outrecuidance en allant jusqu’à obliger l’agonisant à répondre aux questions des journalistes. Face à cet acharnement éhonté, le micro ne manqua pas au passage de retirer une sonde des narines du malade.
Quelques clichés vont aussi circuler dans le quotidien gouvernemental Cameroontribune. Des images difficiles à regarder.
Tout ce cirque et cette exhibition morbide se feront sans l’autorisation de la famille du malade; systématiquement mise à l’écart. Ainsi, on n’a même pas pris la peine d’aseptiser les caméras, lampes, micros et dispositifs divers mis à proximité du malade alors que ceux-ci sont les nids de microbes potentiellement pathogènes.
On assiste donc à la médiatisation de la souffrance. Cette excitation, ce ramdam autour de ce pauvre malade prouve à suffisance que l’affaire a été récupérée par le gouvernement pour assouvir de sombres desseins : “De toutes les manières, l'objectif visé par le pouvoir est de choquer les consciences, et de faire payer les frais universitaires, tout en démantelant les réseaux d’étudiants contestataires”.
Peu après sa mort, les membres du “parlement” sont immédiatement radiés des universités camerounaises comme si cela suivait un scénario prévu à l’avance.
L’empressement avec lequel le gouvernement et les autorités universitaires ont désigné les commanditaires avant même les résultats de l’enquête diligentée a surpris plus d’un. Comme s’il s’agissait du signal attendu pour mettre en exécution un plan ficelé depuis belle lurette.
L’administration soutient alors que c’est parce que Collins Djeugoué a payé ses droits universitaires qu’il a été tué par ses camarades du “parlement”. En effet, le 19 janvier 1993, Titus EDZOA ministre de l’enseignement supérieur annonçait une réforme de l’enseignement supérieur qui faisait passer les droits universitaires à 50.000 Fcfa, immédiatement payables pour l’année académique en cours. Le “parlement” va s’opposer vigoureusement à cette augmentation des droits universitaires.
Des voix s’élèvent pour affirmer que l’assassinat de Kamga Djongoué Collins a été commis pour discréditer le “parlement”. L'autodéfense groupe d’étudiants très proche du gouvernement va à contrario, étonnement garder un silence religieux sur cette affaire.
Cette situation nous rappelle celle de l'étudiant Ndam Souley qui en Avril 1991 a succombé à un incendie criminel qui a dévasté sa chambre d’étudiant. Les autorités vont aussitôt accuser “le parlement estudiantin”. Ce sera donc un prétexte pour militariser le campus universitaire et réduire le champ d’action du “parlement”. Le ministre Titus Edzoa est aux manettes et signe l’exclusion des étudiants.
Que s’est-il passé ? Qui a tué Kamga Djongoué Collins?