Opinions of Thursday, 18 October 2018

Auteur: Boris Bertolt

Kamto et la question Bulu: son message devant le Conseil constitutionnel

Le Conseil Constitutionnel rendra son verdict ce jour. Le Conseil Constitutionnel rendra son verdict ce jour.

Devant le Conseil Constitutionnel ce soir Maurice KAMTO déclare: “ "Je m'appelle KAMTO Maurice, né à Bafoussam en 1954, compte tenu de mon lieu de naissance et de mes origines, je suis donc bamiléké, beaucoup auraient voulu que je dise le contraire. Si je pouvais passer un concours pour devenir Bulu, je le ferais, mais je suis Bamileke et j’assume mes origines “.

Ces propos sont tenus à l’entame de sa plaidoirie. KAMTO fixe le cap de la discussion. En réalité il déplace le débat du terrain juridique vers le terrain politique. Il dit en quelques mot: j’ai gagné l’élection je suis légitime. Mais on refuse de me donner la légalité non pas parce que je n’ai pas la légitimité du peuple mais parce que je ne suis pas Bulu mais Bamileke.

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KAMTO est très intelligent. Et le problème des gens intelligents c’est que lorsqu’ils posent des actes, il faut du temps pour les comprendre. Les propos de KAMTO, devant la plus haute juridiction sont à la fois graves et importants. Il affirme en toile de fond que le problème du Cameroun c’est le pouvoir détenu par des Bulu qui pensent qu’il n’y a qu’un Bulu pour diriger le Cameroun. C’est pourquoi il demande de faire un concours pour devenir Bulu. Cette situation conduit à trois implications:

1- Il rassure sa base électorale et la prépare à la contestation. D’ailleurs il a parlé de résistance. Il dit à ses militants Biya a perdu va utiliser le conseil constitutionnel pour se maintenir au pouvoir. Ils refusent de reconnaître légalement ma victoire parce que je ne suis pas Bulu. La bataille sera dès lors politique.

2- KAMTO sait que le pays est divisé. Au-delà du clivage francophone et anglophone, il sait que le processus électoral a été marqué par la résurgence du discours tribal. D’ailleurs il accuse le pouvoir d’avoir construit cette haine entre les camerounais. Il met donc le régime en garde. Il leur dit faites attention parce que comme le pouvoir est Bulu d’autres groupes identitaires peuvent s’organiser pour prendre le pouvoir et ce sera la catastrophe. D’ailleurs les armes sont déjà en circulation dans le pays.

3- KAMTO rassure les Beti et Bulu qui ont voté pour lui. Il leur demande de se désolidariser de leurs frères qui veulent créer le chaos. Non seulement il rappelle son parcours académique et social pour montrer qu’il est un homme d’ouverture de paix et n’a pas de problème de tribalisme, mais en plus de cela il sait que même les Beti et Bulu ont voté pour lui. En réalité il tente de créer une alliance transethnique pour renverser un pouvoir qui s’appuie sur l’ethnie pour gouverner.

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En réalité KAMTO savait dès le départ que les dés étaient pipés et a simplement utilisé son temps de parole devant le Conseil Constitutionnel pour remobiliser ses troupes. Cela après avoir montré à l’opinion nationale et internationale que le Conseil constitutionnel était à la solde du RDPC, que le RDPC, ELECAM et le MINATD ont tous travaillé pour Biya. Là il vient de poser les bases de la légitimité d’une révolte populaire pour faire tomber Biya.

En soulignant qu’il va résister, il se pose en leader du Chassement de Biya et se dit prêt à toutes éventualités pour la cause. Cet homme est un monstre politique.