Opinions of Friday, 6 May 2016

Auteur: cameroononline.org

L’Empire Fotso est à terre

A travers la déchéance de son fils, Fotso Victor voit de son vivant les ruines de ce qu’il a bâti. Le golden boy de Bandjoun Yves Michel Fotso ploie sous le coup d’une cascade de condamnations au Tribunal criminel spécial (Tcs).

Cet état des choses préjudicie substantiellement sur les activités du Groupe Fotso. Et pour cause… Qu’on le veuille ou non, Yves Michel Fotso est l’un des fils les plus prodiges de son père Victor Fotso, le patriarche maire de Bandjoun.

Jadis présenté comme l’homme d’affaire le plus riche et prospère du Cameroun dans les années 1990 et 2000 au travers du Groupe Fotso qui regroupait un congloméra d’entreprises industrielles, force est de constater que les malheurs du fils prodige Yves Michel Fotso ont substantiellement déteint sur les activités du groupe éponyme. Yves Michel qui en assurait la gestion, a entrainé dans sa chute, une grande proportion des intérêts du patriarche maire de Bandjoun, son père.

Le golden boy de Bandjoun cumulait les fonctions d’administrateur de la Camair ; président du conseil d’administration de la Commercial Bank of Cameroon (Cbc) ; directeur du groupe Fotso et propriétaire de nombreuses

autres sociétés. Le Tcs a eu la main lourde contre Yves Michel le 25 avril 2016 en le condamnant à vie dans le volet 2 du litige l’opposant à l’état du Cameroun dans le cadre de sa gestion de la Camair du temps où il était administrateur.

Malgré les 1,5 milliards de Fcfa qu’il a bien voulu rembourser à l’état du Cameroun comme corps du délit, Yves Michel Fotso en plus de précédents comptes saisis dans l’affaire de l’achat de l’avion présidentiel ” l’albatros ” et qui a vu le Tcs le condamner en septembre 2012 à 25 ans de prison ferme, il a été ordonné le 25 avril 2016 dernier à la saisie d’une douzaine de ses comptes dont entre autres, les comptes du Groupe Fotso Holding, Capital financial holding, SNI hilton, Sci la tornade, Sci-Miros, Sci Iro, Yves all Logistics, Green oil Recovery ainsi que les autres comptes du sus nommé domiciliés à la Cbc, à Afriland first bank, à la Bicec et à UBA.

Le fils de Papa Fotso Victor doit dans ce volet 2 de la liquidation de la Camair, reverser à l’Etat du Cameroun environ 55 milliards de Fcfa dont 32 448 316 352 Fcfa au titre du préjudice subi par la camair et de 19 468 989 882 Fcfa comme préjudice économique subi par la Camair dans la période allant de 2005 à 2015 et calculé au taux de 6,5% par an, au profit du liquidateur représenté par Me Ngongo Ottou. A ces montants, s’ajoutent la somme de 2 597 363 766 Fcfa de dépens relatifs aux frais de procédures judiciaires et de 20 millions de Fcfa d’honoraires d’avocat de la Camair accordés à Me Francis Sama ci devant avocat de la Camair et de la liquidation.

Yves Michel Fotso a été reconnu coupable par la collégialité de juges conduite par Madame Virginie Eloundou, assitée par dames Yvette Siewé et Zakiyatou Alioum, de ponctions sans contreparties financières dans les comptes de la Camair logés à la CBC, bien qu’il ait restitué 650 millions de Fcfa constituant le corps du délit relativement au protocole d’accord qui le liait à la Camair.

Le tribunal a par ailleurs constaté que 2,557 milliards de Fcfa ont été débités anormalement des caisses de la CBC au profit de la société Bett Limited appartenant à Yves Michel Fotso. Aussi, Yves Michel Fotso a attribué sans justificatif ni base contractuelle la somme de 1, 316 milliards de Fcfa à la société Fermencam, une des entreprises du Groupe Fotso.

Il a été aussi reproché à Yves Michel, d’avoir accordé à une de ses entreprises notamment Bett Limited en juillet 2002 dans des conditions non conformes, la somme de 634 994 000 Fcfa. De ce qui précède, Yves Michel usait de sa position pour renflouer les caisses des entreprises créées par son père et faisant partie du groupe Fotso. Il a été débité anormalement des comptes de la Camair par Yves Michel, la somme de 850 millions Fcfa toujours au profit de Bett Limited. Cette somme d’argent était pourtant destinée à l’Association internationale du transport aérien (IATA) devant servir aux compagnies membres d’échanger le transport des passagers.

Le tribunal a tout aussi reproché à Yves Michel Fotso, d’avoir versé 270 millions de Fcfa dans le compte personnel d’Ibrahim Alim, somme destinée à l’affrètement d’un aéronef en République centrafricaine (RCA) via la CBC, pour le transport de pèlerins à la Mecque le 19 février 2003. Ainsi, selon le Tcs, Yves Michel Fotso a su mettre à profit ses sociétés écrans ainsi que celles du Groupe Fotso pour piller illégalement les caisses de la Camair, ceci pour ses fins personnelles.

Le tribunal a jugé non fondé les déclarations d’Yves Michel Fotso sur les 33 milliards Fcfa de dotations de l’état du Cameroun relatifs à la location de deux aéronefs pour le compte de la Camair.

A ce propos, le tribunal rappelle que les Boeings 767-200 et 767-300 avaient été loués avec l’argent de la Camair, lequel argent était issu de l’argent public évalué à 26,6 milliards de Fcfa. Par ailleurs, seuls les comptes de la Camair logés à la CBC ont subi un préjudice financier évalué à 5 848 316 370 Fcfa.

Il est à noter que la collégialité de juges s’est appuyée uniquement sur les déclarations de Békolo Emile Christian qui, avait audité les comptes de la Camair en l’absence d’Yves Michel Fotso. Par ailleurs, et eu égard au fait que les avocats de Yves Michel conduit par Me Alice Nkom, boycottent les prétoires depuis le 15 février 2016, pour protester contre les violations récurrentes des droits de leur client, c’est donc en absence de ces derniers que la collégialité a statué et tranché le 25 avril dernier.

Yves Michel Fotso a fait immédiatement appel de cette décision lourde de la collégialité qui en plus de la condamnation à vie du prévenu, lui interdit au vu de l’article 30 du code pénal, de par exemple exercer toutes fonctions, emplois ou offices publics et de porter toutes décorations.