Opinions of Tuesday, 4 October 2016

Auteur: Xavier Messè

L'Etat: fossoyeur de l'activité économique nationale

Photo d'archives utilisée à titre d'illustration Photo d'archives utilisée à titre d'illustration

À la fin du premier trimestre de cette année, l'Etat du Cameroun devait à l'ensemble de l'activité économique nationale la somme de 1.023 milliards de francs CFA. Ce montant, aussi important qu'il paraisse, ne représente pourtant que 26,8% des engagements financiers de l'Etat Cameroun à l'intérieur et à l'extérieur.

Cet endettement public du Cameroun, quand il concerne le volet intérieur, quand il s'amoncelle aussi, stagne dans sa liquidation, ne se diligente pas régulièrement, plombe souvent l'activité économique nationale: des fournisseurs particuliers changent d'activité, alors que beaucoup de Pme qui ne travaillant qu'avec l'Etat, déposent leur bilan et mettent le personnel en chômage technique, à défaut de mettre la clé sous le paillasson.

Cet épineux problème de la liquidation régulière de la dette intérieure de l'Etat, cause d'énormes désagréments au fonctionnement harmonieux des structures publiques et privées du Cameroun. Il est à l'origine de la décision prise par Nkoto  Emane la semaine dernière. Le directeur général de Camtel, voulant recouvrer les 65 milliards de francs CFA que diverses structures doivent à la compagnie qu'il dirige, et qui perturbent le financement du développement de Camtel, il a décidé de manière autoritaire de supprimer à ces débiteurs structurels la fourniture des produits de communication, notamment le téléphone et internet.

Parmi ces débiteurs, il y a d'abord les ministères, la présidence de la république, le Parlement surtout. Le directeur général de Camtel indexe pareillement la société camerounaise d'édition (Sopecam) et l'office de radio et de télévision (Crtv). Pour lui, ces deux organismes d'Etat seraient aussi des "mauvais payeurs".

Nous convenons que l'Etat paie mal ses fournisseurs. Il rend les procédures lentes, sinueuses et jonchées exprès d'arnaques. Ces circuits de paiement entretiennent volontairement la corruption. Quant à la Sopecam et la Crtv citées, le premier évoque aussi ses produits servis à Camtel dans le cadre d'un échange conventionnel des services. Dans ce contexte, les sources à la Sopecam sont formelles: " le compte de Camtel n'est pas créditeur dans nos livres, c'est même le contraire", estiment-elles.

Camtel mérite de supprimer la fourniture  de ses produits aux mauvais payeurs. N’importe qui le ferait. Ils freinent le développement de l'entreprise. Recouvrer ses créances est une chose indiscutable. Mais par ailleurs, les 65 milliards vers lesquels court l'entreprise, une fois rentrés dans les caisses, ne résoudront pas les problèmes de gestion de cette entreprise. Elle ploie sous un personnel pléthorique, elle navigue à vue.

C'est cela aussi le mal de Camtel. Dans cette entreprise, il est de notoriété que son directeur général a plus le regard tourné vers le palais d'Etoudi que dans les dossiers liés à la performance de cette boîte.