Pour l’ancien Archevêque de Yaoundé qui se dit particulièrement attristé de la disparition de Mgr Jean-Marie Benoît Bala, les Évêques doivent savoir que la croix est plantée au cœur de leur ministère. Ne pas le savoir ou ne pas en tenir compte serait vivre dans une naïveté pastorale.
Deux mois après le décès tragique de Mgr Jean-Marie Benoît Bala, l’Évêque de Bafia, Mgr Victor Tonye Bakot s’est confié dans les colonnes de l’Anecdote en kiosque ce lundi 28 août 2017. Dans une interview exclusive, il revient sur ses relations avec Mgr Bala, et les causes de son tragique décès.
Sur la mission des Évêques
Les Évêques portent une calotte violette, une ceinture violette, des chaussettes violettes pour la plupart, et des soutanes filetées avec une couleur violette. La couleur violette est dans l’Église la couleur de la pénitence, du sacrifice. Alors que la couleur cardinalice, le rouge, signifie la souffrance de martyr. Donc, un Évêque, quel que soit son diocèse, doit s’attendre à souffrir, à connaitre des épreuves, à connaitre des moments difficiles.
Et je peux vous dire que tous les Évêques au Cameroun souffrent d’une façon ou d’une autre soit à cause de la pauvreté de leur diocèse, soit à cause d’une administration de diocèse qui n’est pas toujours facile, soit de l’organisation de la pastorale, soit des difficultés venant de leur clergé ou de la formation des prêtres ou bien du comportement des laïques.
Un Evêque est toujours implanté dans une communauté où les souffrances font partie de sa vie quotidienne. Qu’il soit attaqué par la presse, qu’il soit dénigré par certains chrétiens, qu’elle soit tribale, tout cela fait partie de la vie d’un Évêque. Et les Évêques doivent savoir que la croix est plantée au cœur de leur ministère. Ne pas le savoir ou ne pas en tenir compte serait vivre dans une naïveté pastorale. Tous les Évêques souffrent. Ils connaissent toutes les souffrances que j’ai citées. Peut-être pas toutes, ils n’échappent pas à cette catégorie de souffrances.
Ses relations avec le défunt Mgr Jean-Marie Benoît Bala
Cela étant dit, Mgr Bala nous a quitté de façon tragique. J’ai appris la nouvelle étant ici à Matomb. J’en ai été fort affligé. Je me suis posé la question: «Qui, quel groupe, quelle catégorie de personnes pourrait attenter à la vie d’un pasteur que j’ai connu ? Avec lequel j’ai beaucoup collaboré en particulier, lors de la visite du Pape Benoît XVI ? En 2009, j’ai travaillé en étroite collaboration avec lui parce que c’est lui qui s’occupait des finances de cette visite et il l’a fait avec une maîtrise que j’ai qualifiée de parfaite. J’ai encore à mon chevet, le document de 100 pages qu’il a publié pour résumer ce qu’il devait faire et le soumettre à l’approbation des Evêques, un document extraordinaire.
Et puis, c’était un homme organisé, un homme compétent. C’était un homme qui a organisé aussi les finances de son diocèse. C’était un homme brillant. Quand il prenait la parole et qu’il parlait, on savait que Mgr Bala avait parlé. Moi, je l’admirais. Nous avions des relations très conviviales. Il m’appelait toujours grand-frère et moi je l’appelais petit-frère. Nous étions ensemble dans la même province ecclésiastique quand j’étais Archevêque de Yaoundé. J’ai été chez lui plusieurs fois, mais en particulier lors des conférences provinciales, où il nous a bien reçus. Et nous avons passé de très beaux moments avec lui.
Sur les causes de sa mort
La mort tragique ou mort naturelle d’un Evêque est une épreuve pour la communauté chrétienne sinon, pour l’ensemble d’un pays. Quand il est décédé ce que moi j’ai fait, c’est célébrer des messes pour lui et j’ai beaucoup prié pour lui. Une chose m’a frappé, c’est tout ce qui a été dit à travers les réseaux, les journaux et autres, ce qui m’a affligé. Est-ce que Mgr Bala méritait un tel tapage médiatique ? Des déclarations aussi contradictoires que saugrenues ? Beaucoup de choses ont été dites. Mais la conférence épiscopale a compris ce décès comme une croix et nous continuons à le porter comme une croix parce que c’est un frère dans l’épiscopat qui est décédé.
Nous avons l’habitude de dire que la collégialité affective et effective doit se manifester dans de pareilles circonstances et je crois que nous l’avons vécu comme tels parce qu’en l’espace de deux mois nous avons tenu trois conférences épiscopales extraordinaires, nous sommes allés porter notre frère en terre et nous continuons à le porter dans notre prière. Nous avons le devoir de prier. Les paroles ne sauvent pas. C’est l’amour qui sauve.
C’est l’amour que nous aurons pour les Évêques et prêtres qui les aidera à tenir bon pour rester fidèle à leur Église. Il y a beaucoup d’accusations, des calomnies qui ont circulé. Mais à quoi cela sert-il ? Ext-ce que Monseigneur peut revenir et nous dire ce qui s’est passé ? Dieu lui, sait. Et nous autres qi ne savons pas, nous avons le droit de confier notre confrère au seigneur pour qu’il repose en paix.