Décidément, rien ne va plus chez le grand Bob. En effet, depuis le limogeage de l’ancien ministre des Transports, plus aucune mouche ne rode autour de sa somptueuse villa si fréquentée au temps des vaches grasses.
Plus de garde du corps. Toutes les cérémonies ont été annulées : commémoration pourtant déjà programmée de tous les défunts de la famille, remise du paquet minimum aux élèves des écoles de son département. Il ne sort plus de chez lui, il paraît même qu’il ne peut même plus voyager pour aller se reposer à Monengombo et plus précisément à « Pays Bas » où ses frères et soeurs ont fait la fiesta toute la nuit qui a suivi son limogeage du 02 octobre dernier.
Il ne sait même pas à quelle sauce il sera mangé par ceux-là mêmes qui hier encore l’encensaient avec tant d’obséquiosité, lui passant la brosse à reluire plus souvent qu’à son tour. Voici l’histoire de la chute de celui-là même qui était devenu ministre par un coup de baguette magique de son neveu Franck BIYA, qui aurait dit-on, plaidé en faveur de son oncle chéri auprès de son père, à peu près en ces termes : « Papa, ma famille maternelle a déjà trop attendu, il est temps qu’ils mettent aussi leurs compétences à ta disposition…»
Aujourd’hui le petit professeur des lycées aurait perdu le sommeil. Il vit désormais reclus chez lui tout seul, méditant certainement son long parcours dans la galaxie gouvernementale où il a séjourné pendant treize années sans interruption. Le portail pourtant grandement ouvert ne reçoit pas âme qui vive. Les amis et proches d’hier sont repartis après l’avoir consolé un soir et ne sont pas prêts de revenir. Lorsqu’il appelle, la personne décroche, se rendant compte c’est le désormais « Petit Robert » qui est à l’autre bout du fil, elle fait comme si le réseau dérangeait et raccroche.
Les deux seules personnes qui l’ont pris au téléphone, c’est premièrement son ex DAG qui lui aurait dit à peu près ceci : « Papa ton remplaçant est un vrai flic, il connaît tous mes gestes, surtout, il me chauffe mal, d’ailleurs il a entrepris de grands travaux dans les bureaux que tu as laissés en disant qu’il ne veut aucun souvenir de toi, c’est sûr que nous serons balayés aux prochaines nominations »
Le second, c’est Éric Dominique Ondoua son neveu, qu’il aurait initié à la franc-maçonnerie et qui lui aurait répondu comme d’habitude, maladroitement : «Papa, je ne peux plus facilement te voir, occupé que je suis à négocier les grâces de mon nouvel ancien ministre. Je veux en effet prendre la place de ma patronne Madame Bekolo Essama ». Le jeune Franck, qui suit l’évolution de son oncle de ministre ne comprend plus ce qui lui arrive. Un temps, il apprend que ce dernier harcèle son neveu DG de la CNPS à qui il demanderait rien moins que huit petits millions mensuels pour ses petites bricoles. « Mais Monsieur le ministre, il s’agit de deniers publics », s’entend-il répondre.
Un autre temps, on le retrouve dans l’une des églises du département de son Nyong-et-Mfoumou natal (même comme il aurait préféré le Moyen Nyong pour s’allier à ses frères mbida mbani) en train de distribuer la communion aux fidèles, et ceci avec la bénédiction des plus hautes autorités catholiques de la zone. Le pauvre n’a plus que ses yeux pour pleurer, surtout lorsque papa, très farceur de temps en temps, lui fait des observations embarrassantes du genre : « Je t’avais bien demandé si tu connaissais bien ton oncle ».
Nous sommes le vendredi 09 octobre 2015 à l’Ambassade d’Allemagne au Cameroun, exactement une semaine après le minitsunami qui a débarqué du Gouvernement, le désormais ancien ministre. Des personnalités de haute qualité (ministres, DG de sociétés, membres du corps diplomatique, hommes d’affaires, membres de la société civile, etc.) prennent effectivement part à la cérémonie qui consacre le 25ème anniversaire de la réunification des deux Allemagnes (Est et Ouest). Evidemment l’absence de l’agité et très sémillant activiste Robert Nkili est remarquée.
Un diplomate européen qui a la réputation de ne pas tenir sa langue dans sa poche s’adresse, l’air grave à ce sujet à un ministre camerounais qui a conservé son portefeuille en ces termes : « Monsieur le Ministre, je m’en vais vous dire avec le franc parler que vous me connaissez, ce que nous, de la communauté diplomatique, nous en pensons : avec le départ de ce bouffon de la République, excusez le terme, mais je ne puis l’exprimer autrement, votre pays va regagner sa crédibilité et même du respect au niveau du corps diplomatique installé au Cameroun, mais aussi même auprès de la communauté internationale ».
Et le diplomate, toujours déchaîné et visiblement décidé à en découdre avec l’ancien ministre des Transports de continuer : « Vous n’imaginerez jamais ce que ce monsieur a fait perdre à votre pays en termes d’opportunités de partenariat d’affaires, d’oreilles bienveillantes, d’attentions particulières de la part des éventuels partenaires de votre pays, et ceci pas seulement dans les domaines qui lui étaient dévolus, mais rien que sa seule présence dans le Gouvernement était une gangrène.
Ce monsieur, je vous en fais la confidence, n’a jamais rien pris d’autre au sérieux que ses propres intérêts ». Le diplomate, qui semblait réellement soulagé de s’être débarrassé d’un si lourd fardeau, s’est excusé auprès du ministre et s’est dirigé vers d’autres convives. Laissant son interlocuteur songeur et baba, convaincu qu’il était d’avoir réussi sa mission de porte-parole d’une communauté somme toute solidaire sur certaines causes.
En fin de compte, comment s’en sortira-t-il avec ces histoires d’aéronefs chinois qui le poursuivent comme un missile américain à tête chercheuse ? Avec qui bouffera-t-il les petits milliards qu’il a engloutis au cours de son long séjour au Gouvernement (remise des médailles, bordereau de transmission de plus de trois milliards de francs avec le CNCC etc.). Heureusement que son boy lui en a soutiré seulement trois cents millions. Pour une fois des langues ont félicité le « vaillant » voleur. Désormais, plus de bagarres de « petites » dans les couloirs des hôtels de Genève ou Douala.
Plus de tapis rouge à son arrivée (comme son beau-frère de président) dans les entreprises. Plus d’imitations simiesques de son beau, dans la voix la gestuelle, en une sorte de mimétisme grotesque où l’on veut être à la fois soi-même et l’autre, etc… Plus de collaborateurs à son arrivée d’une mission de l’étranger. Et cette hypothétique nomination comme ambassadeur à Paris qui semble avoir été une belle boule puante de la part d’un ennemi tapis dans l’ombre ?
Ce sont certainement les Alexandre Akono Nkodo, Etienne Ebolo Obama, Gérard Bayegue, Benjamin Tsoung, Flavien Zogo, qui doivent jubiler. Eux qui ont été victimes de sa méchanceté extrême. Comment fera-t-il pour prendre part à la cérémonie de remerciements au président de la République pour l’élection du désormais très honorable Roger Nkodo Dang, président du Parlement panafricain ? Lui qui a tout fait pour placer son protégé de SOCAEPE après lui avoir extorqué quelques dizaines de millions. Acceptera-t-il, comme son Prédécesseur Pius Ondoa de se faire dire par le protocole toujours un peu moqueur aux cérémonies « Nkili, toi tu es encore qui ? Viens t’asseoir ici derrière ».
Autant de questions lancinantes. En réalité, le « nabot », comme l’aiment à l’appeler en sourdine ses proches collaborateurs a tout confondu pendant son long règne : la famille et le pouvoir, l’éternité avec le temps, le métier et sa profession (on n’est pas ministre par profession) etc. Et quand Jupiter veut te perdre, il te rend fou. Le « nnom Ngui » l’a vu à l’œuvre dans sa chienlit, parfois avec l’air amusé. Et il a frappé, comme d’habitude au moment inattendu. En conclusion, nous pouvons simplement dire comme Georges Brassens : « Pauvre petit Robert, pauvre misère, il a creusé la terre, il a creusé le temps. Il a géré, digéré, même ce qui ne lui appartenait pas. Il ne savait pas que son beau le regardait avec l’œil du bifaka mort, le Tout-puissant même le regardait aussi. Un proverbe beti dit : « bidzo a za, bidzoà wamen ».
Traduction : la faute à qui ? La faute à toi-même. Bon courage dans tes prochaines élucubrations. Nous espérons seulement que ce ne sera pas après les TCS, la onzième région comme l’avait prédit un de tes collaborateurs pendant la passation de service. En tout cas, ils sont nombreux tes amis qui t’y attendent, vous aurez tout le temps de rejouer vos disques du temps passé. Pourtant, ton petit frère Amba Salla qui a quitté le Gouvernement comme toi parcourt, tête haute et sous les applaudissements de ses frères (il a donné beaucoup de choses ; ce que toi, tu n’as pas fait, tout pour toi, et rien pour les autres) le département dans le cadre du renouvellement des organes de base du parti.