Opinions of Monday, 19 October 2015

Auteur: Aboudi Ottou

L’armée n’a plus les moyens de défendre la patrie

«L’armée n’a plus les moyens de défendre le Cameroun», proclamait, il y a un peu plus de deux ans, le spécialiste des questions de défense, Victorin Hameni Bieleu. Cet ancien enseignant de l?École militaire interarmées de Yaoundé soutenait que «La base navale de Douala n’existe plus, elle est devenue un cimetière de bâtiments de la marine ! Selon Wiki- Leaks, le président Biya a accusé l’ancien chef d’étatmajor de la marine [le vice-amiral Guillaume Ngouah-Ngally] de l’avoir laissée dépérir. Les autres corps ne sont pas mieux lotis, comme en atteste l’état de délabrement du matériel de l’armée de terre à Yaoundé.»

Pourtant, depuis un peu plus d’un an, cette armée empêche Boko Haram de s’installer au Cameroun. Ce que n’a pas pu faire l’armée du Nigéria, dont le pays est souvent présenté comme une puissance militaire en Afrique subsaharienne. Le Cameroun fait même plus. Même si, pour des raisons diplomatiques, ses dirigeants ne crient pas sur tous les toits, les forces de défenses camerounaises aident en effet le Nigéria dans son opération de reconquête des localités occupées par la secte terroriste, par le pilonnage des positions ennemies en territoire nigérian.

En fait, même si le jugement d’Hameni Bieleu, homme politique par ailleurs (il est le président de l?Union des forces démocratiques du Cameroun), a pu paraitre sévère, il faut reconnaitre que l’entrée en guerre du Cameroun contre Boko Haram a poussé le pays à accélérer la réforme de l’armée engagée depuis 2001, à travers l’augmentation de ses capacités logistiques. En même temps, on a noté un effort, plus que par le passé, dans la lutte contre la mal gouvernance. Entre 2014 et 2015, plusieurs chefs militaires ont en effet perdu leurs postes pour s’être rendus coupables de malversations.

Les effets positifs de la lutte contre Boko Haram sur l’armée camerounaise, c’est la trame de cette enquête.