Les informations sur la crise qui secoue au MRC sont plus graves que ce que les Camerounais pensent. Cette crise est très grave et le parti pourrait y perdre beaucoup de plumes, selon le journaliste Michel Biem Tong. Voici les causes.
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"Ça grogne au sein du Mouvement pour la renaissance du Cameroun. Pour dire le moins. Certes les manœuvres souterraines du régime Biya pour infiltrer et diviser le MRC sont l’une des causes. Mais le mécontentement de certains militants et cadres du parti, dû au boycott à la dernière minute des législatives et municipales du 9 février 2020, y est pour beaucoup dans le climat délétère qui règne au sein de cette formation politique.
L’une des raisons pour lesquelles Me Michelle Ndoki, vice-présidente des femmes du MRC, a annoncé début juin dernier sa candidature à la présidence du parti, était la non participation du MRC aux législatives et municipales de 2020. En effet, le principe du boycott en lui-même n’était pas une mauvaise idée en soi. C’est le moment où il a été décrété qui pose problème. L’on se souvient que c’est le 25 novembre 2019, la veille de la clôture du dépôt des candidatures pour le double scrutin, que le président du MRC, Maurice Kamto, a annoncé que son parti n’ira pas aux élections législatives et municipales du 9 février 2020. Pourtant pas mal de militants et cadres du parti avaient déjà déposé leurs candidatures.
Malgré le plan de résistance nationale porté par Kamto depuis la proclamation des résultats la présidentielle d’octobre 2018, le MRC avait pris l’engagement de participer aux législatives et municipales subséquentes. L’on ne peut donc que tomber des nues aujourd’hui lorsqu’on entend certains militants de ce parti dire qu’on ne vient pas au MRC pour obtenir un poste politique. Dans ce cas, pourquoi n’avoir pas fait du boycott de toute élection consécutive à la présidentielle de 2018 la ligne politique du parti? Pourquoi Maurice Kamto a engagé sa formation politique au double scrutin de février 2020 sous le prétexte que « la politique de la chaise vide ne paye pas », avant de se rétracter à la dernière minute ? Lorsqu’ils prétendent qu’on n’adhère pas au MRC pour se faire de l’argent, font-ils allusion à leurs camarades qui avaient déjà présenté leurs candidatures à ces élections avant de se voir contrariés à la dernière minute par l’appel au boycott lancé fin novembre 2019 par Maurice Kamto?
Au regard de ce qui précède, il y a lieu d’être cohérent envers soi-même. Si le MRC dit n’avoir pas pour vocation de distribuer des postes politiques à leurs militants, alors à quoi ça sert d’appeler les militants à s’inscrire sur les listes électorales en vue de la présidentielle à venir ? Président de la République ne serait-il plus un poste politique avec tous les avantages et autres indemnités qui vont avec ? Quel est donc finalement le rôle d’un parti politique si ce n’est de se battre pour gérer, diriger la cité ? Si boycotter le double scrutin de 2020 était une bonne idée car point n’était besoin de cautionner la mascarade du régime RDPC, alors dire non à celui de 2025 le sera sans doute et même encore plus car il éviterait au parti de cautionner la mascarade d’Elections Cameroons, du Conseil constitutionnel, des préfets et sous-préfets du régime. A moins que le parti ne soit au service des ambitions politiques d’un seul homme, les autres devant aller se faire voir ailleurs pour prétendre aussi diriger la cité.
Le boycott à la hussarde du scrutin législatif et municipal de 2020 aura donc été l’élément déclencheur des vents contraires qui traversent le MRC en ce moment. Non seulement cela risque avoir un impact sur la cohésion du parti mais aussi priver ce dernier d’une participation à la prochaine élections présidentielle, le parti ne disposant pas d’élus locaux. Le choix de participer à une éventuelle élection locale, au cas où elle est organisée avant la présidentielle de 2025 serait difficile pour le parti car elle placerait ce dernier devant ses propres contradictions et beaucoup y compris au sein de ce parti, en arriveraient à la conclusion selon laquelle le MRC est au service d’un seul homme".
Car se demanderont plusieurs, pourquoi ne participer aux élections locales que parce qu’elles permettront au souverain du parti d’avoir des élus et par conséquent d’être candidat à l’élection présidentielle ? Ces éventuelles élections n’offriraient- elles pas des postes politiques à certains cadres et militants du parti ?"