Opinions of Saturday, 2 July 2022

Auteur: Wilfried Ekanga

'L'homme propose, Biya indispose'

Paul Biya Paul Biya

Dans une tribune publiée il y a quelques heures, le conseiller du président du MRC, Wilfried Ekanga dénonce la volonté du régime de détruire le MRC et appelle les membres de son parti à la résistance.

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"Dans une dictature, il n'y a pas de raccourci: un opposant est celui qui énerve le régime et ses adeptes. C'est celui que le gouvernement dictatorial aimerait voir souffrir, et mourir s'il le faut. C'est celui auquel les partisans du pouvoir pensent en se disant : « Si on pouvait me l'attraper, me le tabasser et me le coffrer pour le restant de ses jours, ce serait super ! »

Tant que le régime pense cela de toi, sache que tu es un opposant, un vrai.
Un opposant ne craint pas l'attaque frontale ; il ne mâche pas ses mots ; il ne bifurque pas. Il dit et il assume qu'il combat une dictature jonchée de criminels (Bankoui, Etoga, etc...), de tribalistes hitlériens (Owona Nguini, Grégoire Owona etc...) et de brigands (Ngoh Ngoh, Famé Ndongo etc...). Il ne vous parle pas de « proposition » à tout va alors qu'on a en face un GANG DE MALFRATS sans aucune humanité, et que chaque contestation est déjà en soi une proposition (par exemple, la contestation de l'Etat de non-droit où l'on emprisonne des malvoyants et des femmes de ménage signifie la proposition d'un État de droit où les procès ne suivent pas les humeurs des colonels et des magistrats.)

Est-ce que c'est difficile à comprendre ?

Tu ne peux pas être opposant et être plébiscité par le régime : C'EST IMPOSSIBLE! Comment concevoir que des biyayistes scandent ton nom et crient qu'ils aimeraient te voir à la tête du camp adverse ? Dans quel monde a-t-on vu une dictature choisir l'adversaire le plus coriace pour lui faire face ? Si la dictature te réclame, c'est que tu es la Cendrillon du coin. Tu es le petit chaperon rouge, la Blanche-Neige attitrée. Or, pour battre un Gang de carnassiers en cravate, ce n'est pas une princesse (avec barrette) ou un prince (avec beau sourire) qu'il faut, mais Spartacus. Ou Soundjata Keita et ses flèches acérées.

On a besoin d'un rocher qui plie mais ne cède pas, quels que soient les écueils. Car c'est le prix qu'on se prépare à payer (exil ou prison, ou même sa vie) quand on s'engage en politique.

Les suprématistes blancs et le Ku Klux Klan n'aimaient pas Martin Luther King (et ils l'ont d'ailleurs tué). Le régime de l'apartheid détestait Steve Biko (et l'a éliminé). William Bechtel n'aimait pas Félix Moumié (et l'a empoisonné au thallium en 1960) ; la France impérialiste n'aimait pas Sankara (et a organisé sa chute). de Gaulle n'aimait pas Sékou Touré (et a déclenché l'opération Saphir pour saboter l'économie guinéenne). Et ainsi de suite…

Dans les dictatures internes comme internationales, on n'aime pas les résistants. Si on t'aime, pose-toi des questions. Et si tu ne le fais pas, ce sont tes frères qui se poseront des questions, que tu le veuilles ou non.
Depuis que j'ai intégré le MRC, je n'ai qu'un seul but dans ma vie politique : déplaire aux biyayistes. Quand ils me détestent, je suis heureux. Quand ils critiquent mes choix, mes paroles, mes actions et qu'ils m'insultent, je déborde d'allégresse et je rugis de plaisir. Je puise ma joie dans le fait de ne jamais faire ce qu'ils attendent. Car un régime sauvage et incompétent ne peut qu'aimer la sauvagerie et la médiocrité ; donc s'ils commencent à m'aimer, c'est que je suis devenu fourbe et médiocre. Or moi, j'aime le Cameroun, et non Paul Biya. Car il n'est pas le Cameroun. Donc, je me fiche royalement de ce que pense Paul Biya et son troupeau de moi, car je sais que eux, n'aiment pas le Cameroun.
S'ils aimaient le Cameroun, ils seraient en train de nous expliquer pourquoi Ngoh Ngoh et tous ceux qui ont perdu les fonds de Glencore ne sont pas devant les juges, ou encore pourquoi cet animal de Bankoui est encore en fonctions après avoir torturé Ebala et des milliers avant lui. Et Paul Biya, le Malfrat principal, serait en train de nous dire comment il justifie le fait d'aller rendre compte à Macron du GDN, alors qu'il n'y a même pas participé au milieu de ses compatriotes.

On reconnaît un opposant au fait qu'il ne dévie jamais de l'objectif principal : la neutralisation du Gang au pouvoir, même si de temps à autre il rappelle les siens à l'ordre. Mais quand le raccourci devient prioritaire à la rue principale, c'est que l'opposant est devenu indisposant. Car l'œuf qui s'éloigne trop de la mère poule et s'approche des serpents échoue à devenir un poussin : au contraire, il finit dans la poêle, sous forme d'omelette. Et les serpents le mangent goulûment, en lui proposant même un morceau".