Le socio-politiste donne son avis sur les mesures préventives de lutte contre l’extrémisme religieux au Cameroun.
Quel regard portez-vous sur les mesures préventives de lutte contre l’extrémisme religieux au sein des confessions religieuses au Cameroun ?
Il faut se poser d’abord la question s’il y a vraiment des mesures au sens propre qui ont été prises dans ce sens-là. Je prendrais deux camps particuliers. Vous regardez au niveau de l’islam, les uns et les autres se forment comme ils le peuvent, là où ils le peuvent et là où ils le veulent. Cette diversité de lieu de formation fait qu’on a aussi une diversité d’influence, qui fait qu’il est tout à fait difficile de réguler cela. Et à ce titre-là, les pouvoirs publics n’ont pas engagé un travail particulier.
Au sein des religions elles-mêmes, l’islam n’ayant pas un centre particulier qui va regarder cela, ça va être compliqué. C’est vrai qu’au sein du Cercle des Imams et dignitaires musulmans du Cameroun (Cidimuc) qui est un organe central qui essaye de fédérer les Imams musulmans, ils font déjà un travail à ce niveau, qui essaye d’observer, mais il me semble que cela n’est pas suffisant.
Si on revenait au niveau du christianisme, vous vous rendrez compte qu’en dehors de l’église catholique, parce qu’elle a une structure administrative centralisée où les gens peuvent contrôler des choses, les églises dites de réveil, l’ensemble des pentecôtistes, rien n’existe comme mécanisme pouvant empêcher que l’extrémisme religieux ne se fasse voir. Donc à mon avis, que ce soit à l’intérieur des religions comme à l‘extérieur, il y a aujourd’hui des gros problèmes pour pouvoir contrer l’extrémisme religieux. Le dispositif reste inadéquat.
Quelle devrait être la meilleure approche pour se mettre à l’abri de ce fléau ?
A mon avis il y a deux ou trois choses. D’abord un travail au niveau de la régulation de la formation des uns et des autres pour éviter qu’il y ait une influence. Deuxième chose, un travail aussi au niveau du contenu des pêches des uns et des autres de manière à ce que la coexistence pacifique et la tolérance religieuse soient un des éléments ici.
Et il me semble qu’à ce titre-là, bien que le champ religieux soit un champ privé, aujourd’hui ça commence à être un problème public au Cameroun, il faut peut-être que le ministère de l’Administration territoriale par exemple et l’ensemble d’autres qui sont en charge de cela, puissent créer un mécanisme transversal qui permette de gérer cette situation ou de la contrôler de manière à anticiper sur d’éventuels dérapages.
Quel rôle devrait jouer l’État dans cette lutte ?
L’État doit jouer le rôle de régulation et de contrôle. Le rôle de régulation parce qu’on régulerait la manière dont les gens sont formés et on contrôlerait aussi la manière dont les gens sont formés et on essayerait de voir pour éviter qu’il y ait un certain nombre de dérapages et avoir des mécanismes d’anticipation.