En contrat depuis 2007 avec le gouvernement, la filiale de l’Office national de l’eau potable du Maroc ne connaît pas plus de bonheur que la défunte SNEC.
Coupures et offre insuffisante restent au menu. En septembre 2007, ce fut d’abord un nouveau vocabulaire : l’affermage. Jusqu’ici, les Camerounais connaissaient la privatisation, la liquidation, la réhabilitation et, bien plus tard, la concession. Mais l’affermage était inédit.
Face à Véolia, une entreprise française, l’Office national de l’eau potable du Maroc avait remporté l’appel d’offre du gouvernement pour la reprise d’une partie des activités de la défunte Société nationale des eaux du Cameroun (SNEC).
Sous administration provisoire depuis le 2 mai 2002, cette dernière disparaîtra avec la création de la Cameroon water utilities (Camwater) et l’attribution à la CDE du contrat d’exploitation de la production et de la distribution de l’eau potable au Cameroun.
Les tâches sont réparties : Camwater trouve des financements pour développer les infrastructures et la CDE gère l’interface clients dans les 110 centres urbains et péri-urbains identifiés dans le contrat. Déjà à l’époque, la
question de la pertinence d’une telle démarche avait été posée par certains analystes, qui s’interrogeaient sur la valeur ajoutée d’une entreprise fermière dans un pays qui fait face à un déficit de production plus que de distribution. Dans une première tentative de cession de la SNEC, le gouvernement avait dû renoncer devant les exigences de Suez Lyonnaise des eaux, qui avait proposé en 2001 500 millions de FCFA pour reprendre les 10 centres les plus rentables sur les 103 qui existaient à l’époque.
L’Onep présente donc une offre plus convenante et plus compétitive que Veolia en 2007, qui justifie que le gouvernement porte son choix sur lui. Certes ce qui va devenir CDE dès décembre 2007 hérite d’une situation très difficile. L’offre en eau potable est en déficit chronique dans quasiment toutes les villes.
A Yaoundé, l’offre n’est que de 100 000 m3 par jour, alors que la demande tourne déjà autour de 200 000 m3. Pendant plusieurs mois, des populations de Yaoundé sont restées sans eau courante, obligeant l’Etat à procéder à une distribution d’eau par des camions-citernes.
A Douala, c’est la même réalité. Dans les autres centres, la plupart des réseaux d’eau sont soit vétustes, soit à l’arrêt. Les coupures d’eau sont donc régulières, accentuées par les coupures d’électricité. La réalité actuelle n’a pas beaucoup évolué.
Mais CDE revendique une rationalisation du service et une amélioration des procédures de branchement, de réclamation ou de paiement des factures. Ce qui n’est que peu perceptible tant que les difficultés d’approvisionnement persistent dans les ménages et les entreprises.
Avec 270 000 abonnés au moment de sa reprise en 2008, le réseau d’eau dispose selon les chiffres les plus récents publiés par la CDE de près de 350 000 abonnés, dont 95% de particuliers et 5% d’entreprises. Pour une population totale de 23 millions d’habitants, dont la moitié vit dans les villes, il y a encore du chemin.
C’est peut-être ce constat qui peut avoir conduit le président de la République à exiger une reprise en main de ce secteur qui ne fait pas la fierté du Cameroun, pays traversé par de centaines de cours d’eau, jouissant d’une pluviométrie généreuse et d’un sous-sol gorgé d’eau cristalline, mais qui est tout le temps assoiffé. Mais cela n’explique pas la fermeté des instructions contenues dans la missive attribuée au SG/PR.