Au cours de la visite d’Etat effectuée au Cameroun, François Hollande, le président de la France a reconnu le rôle joué par la France dans le chemin qui a conduit le Cameroun à son indépendance le 1er Janvier 1960.
Un rôle taché de larmes et de sang notamment à l’endroit des indépendantistes réunis autour du syndicaliste Ruben Um Nyobe et son parti l’Union des Populations du Cameroun « UPC » dont la lutte contre le colon Français avait pour but l’indépendance et la réunification immédiates du Cameroun. Nous avons interrogé l’histoire douloureuse de la lutte de L’UPC qui se confond à bien des égards à celle du peuple Camerounais tout entier.
Le décret du 13 juillet 1955 portant interdiction de l’Union des populations du Cameroun « UPC » ne décourage nullement ses militants et ses dirigeants les plus convaincus. Tant bien que mal, le mouvement s’accommode de la clandestinité et de l’exil pour s’implanter au pays, rechercher les appuis et faire parler de lui à l’extérieur.
Le pouvoir Français et ses relais locaux n’épargnent aucun moyen pour réduire la redynamisation de l’UPC. En dehors des textes et d’autres mesures répressives, le pouvoir procède ou fait procéder à l’élimination physique des principaux dirigeants et cadres de ce parti d’avant-garde.
Ouandié est l’un des derniers d’entre eux assassiné le 15 janvier 1970. Qui sont les autres Upecistes tombés sous les balles ou dont la mort porte la responsabilité des administrations Torre « 1958-1960 » et Ahidjo « 1960-1982 » ? Nous tenterons d’y répondre dans la chronologie suivante.
En juin 1958, Nyobe Pandjock, premier « général en chef » du comité National d’Organisation « CNO » est tué dans la sanaga-maritime. Le 13 septembre de la même année, Um Nyobe, secrétaire général n 1 de l’UPC est tué par une patrouille Française près de son poste de commandement sous maquis à Boumyebel.
Octobre-novembre 1960, Paul Momo, chef des maquis, favorable au chef traditionnel Pierre Kamdem Ninyim est arrêté et abattu en pays Bamiléké. Le 15 octobre, a geneve en Suisse, Félix Roland Moumié, médecin Africain et cadre de l’UPC est empoisonné et meurt le 3 novembre. Deux semaines plus tard, l’opinion publique met en cause le gouvernement Camerounais d’avoir fait disparaitre son principal adversaire en utilisant les services de William Betchel, un « journaliste » agent des services spéciaux Français qui était à table avec le leader Upeciste.
En février 1962, un contingent de 52 détenus politiques dont 8 femmes avec leurs enfants, tous sympathisants de l’UPC est embarqué à la gare de Douala à 8 heures du matin dans un wagon métallique fermé. L’escorte se compose de 20 gendarmes commandés par un maréchal des logis. Le train arrive à Yaoundé dans la soirée vers 18H30.
Vingt cinq détenus sont morts asphyxiés, les corps sont enterrés rapidement dans une fosse commune. Le gouvernement d’Ahidjo tente d’étouffer l’affaire. Mgr Jean Zoa, archevêque de Yaoundé, informé de l’affaire dit une messe à la cathédrale de Yaoundé à la mémoire des disparus malgré l’interdiction des autorités. L’affaire est rapportée dans le journal catholique l’Effort Camerounais. Le numéro du périodique est saisi et son directeur, le père Pierre Fertin expulsé quitte le Cameroun Le 18 février.
Le 3 février, huit combattants Upecistes récemment condamnés à mort sont exécutés.
A Douala, Tankeu Noe, Benoit Moukouri, Jean Ngale Mouyenga, Marti Massango. Ils sont accusés d’atteinte à la sureté interieure de l’Etat, d’assassinat, de pillage, d’enlèvement et d’incendie volontaire.
A Bafousam, Pierre Kamdem Ninyim, chef Baham ancien parlementaire.
A Edea, Theodore Mpokma Kimala dit Makanda Pouth, accusé d’avoir incendié une maternité ou 65 bebes furent la proie des flammes.
A Japoma, Alexandre Mayanga et Jean Boukambou accusés de l’assassinat d’un conseiller municipal.
Septembre 1965, David Mitton, commandant en chef de l’Armée de Libération du Kamerun, la branche armée de L’UPC est tué dans la maquis en pays Bamiléké.
Le 15 Mars 1966, dans la localité de Ndelele près de la ville de Yokadouma à l’est, Ossende Afana, secrétaire général provisoire de L’UPC est abattu dans le maquis par les forces du gouvernent Ahidjo. Ce docteur es sciences économiques et auteur d’un ouvrage sur l’Economie de l’Ouest Africain publié chez Maspero à Paris en 1966 tentait de reconstruire le parti et l’implanter dans le pays.
S’il est vrai que quelques martyrs sont connus, combien d’autres ont –ils disparu sans laisser de trace ? Vivement que les archives marquants l’étape douloureuse de l’histoire du Cameroun longtemps mis sous embargo soient enfin ouverts pour que les responsabilités soient établies.