Dans une tribune libre publiée ce 3 janvier sur sa page Facebook, le Dr Madeleine Viviane Ondoua Biwolé bat en brèche l’allusion faite par Paul Biya relative à la commission d’une commission de dialogue.
Une instance où les uns et les autres pourraient poser leurs problèmes et être entendus. L’enseignante d’université, directrice adjointe de l’Institut Supérieur de Management Public (ISMP) estime qu’une telle commission ne servira à rien dans le contexte camerounais.
"BE PRESENT: À monsieur le Président de la République
Comme tous les ans vous nous avez délivrez un discours, donc ce n'était pas une surprise, nous attendions avec impatience vos orientations. Celles de vos ministres qui ont suivi ont permis de prolonger votre pensée.
Mais sérieusement monsieur le Président permettez-moi de vous exprimer trois préoccupations qui restent latentes:
La création d'une commission de dialogue: Une de plus! Modestement acceptez que je formule des réserves pour cette proposition, pas parce qu’elle n'est pas pertinente, mais parce qu’elle est "mort-née".
Nous avons plusieurs commissions et comités, tous pertinents, mais pour quelle efficacité. Pourquoi sont-ils inefficaces? La superposition des instances et l'existence des lois et décrets ne suffisent pas, encore faut-il des hommes pour leur donner vie! Je me souviens de votre question "que nous manque-t-il?
Nous sommes riches en comités et commissions, ce n’est pas à ce niveau que se trouve le problème monsieur le Président. Nous devons commencer par respecter la "parole donnée", respecter "les délais", redonner une valeur à nos engagements et agir dans la transparence! Il nous faut reconquérir la confiance des usagers par des actes plus symboliques, affectifs (de considération et de respect) que techniques et législatifs. Nous sommes tous interpellés...
Le dialogue: j'aurais aimé y voir un contenu, qui doit dialoguer avec qui? Dans votre propos on imagine plusieurs voies possibles quand vous parlez des opérateurs économiques qui créent la richesse (dialogue public-privé), les revendications de Bamenda (dialogue politique, sur l'éducation et la justice).
Mais de quel type de dialogue parlez-vous, un dialogue hiérarchique, démocratique, transactionnel, relationnel? De mon point de vue il y a toujours eu dialogue, mais la forme "hiérarchique" et "transactionnelle" du dialogue a présenté ses limites.
Vous le relevez d'ailleurs subtilement lorsque vous demandez d'aller au dialogue sans préjugés!!!!! Notre arrogance de "puissance publique" devra certainement être revue. Pour ne pas cacher le fond de ma pensée, un dialogue pourrait également se traduire dans un gouvernement d'union qui convoquerait les intelligences de tous bords, quelle que soit l'appartenance politique. Mais c'est peut-être un peu naïf de ma part, j'y crois tout de même au regard des défis qui nous interpellent.
Vous avez encore parlé d'inertie. Plus de 10 ans après, on en est toujours à indexer ce fléau, c'est inquiétant. Un corps ou une nation inerte est une nation sans "vie" sans "énergie".
L'illusion d'énergie entretenue par la corruption nous laisse croire que le système vit, hélas comme vous le relevez, l'inertie va paralyser à terme notre développement.
Mais si un fléau est aussi résistant c'est qu'il est entretenu par ceux-là qui doivent lutter contre l'inertie, quelles sont les actions qui ont été prises? Et si vous étiez seul à voir l'inertie alors que les autres ont le sentiment que le système vit et que rien n'est grave?
Parce que pour accepter de déconstruire un dispositif il faut bien tomber d'accord sur l'urgence de le faire, cette urgence ne semble pas partagée par les décideurs en place d'où la tolérance à toutes formes d'inerties.
Et pourtant si l'austérité à des causes exogènes et endogènes, les causes endogènes pourraient trouver des sources dans l'inertie, la corruption et l'incompétence.
Merci de refuser l'austérité comme l'ensemble des Camerounais, mais en sommes-nous si éloignés? La situation actuelle nous invite à plus d'agressivité dans l'atteinte des résultats et le respect de la "chose publique", de ce point de vue, comme en médecine, une thérapie de choc s'impose! Laquelle ?
Je dévoilerai ma pensée dans mon prochain post..."