Opinions of Wednesday, 22 March 2017

Auteur: 237online.com

La difficile lutte contre l'exploitation forestière

L'Etat s'implique dans la lutte contre l'exploitation illégale des forêts L'Etat s'implique dans la lutte contre l'exploitation illégale des forêts

Le ministère des Forêts et de la faune, celui de l’Environnement, de la protection de la nature et du développement durable, mais aussi le ministère du Travail et de la sécurité sociale mènent des actions en vue d’assainir l’exploitation des ressources forestières.

Le fait devient régulier dans le milieu de l’exploitation des forêts au Cameroun. Les stratégies de lutte contre l’exploitation illégale sont devenues la conséquence d’une action coordonnée entre les organisations de la société civile et les services de l’Etat.

L’expérience du Système normalisé d’observation indépendante externe (SNOIE) est illustrative de l’harmonisation des actions entre l’Etat et la société civile dans le domaine des forêts à chacune des articulations de ce projet sur financement du Programme UE FAO-FLEGT. Les chefs de brigades du ministère des Forêts et de la faune (Minfof) sont devenus les premiers dénonciateurs des actions d’exploitation illégale des forêts.

Réunis dans le cadre des réunions de mise au point à Yaoundé en janvier 2017, le chef du Bureau régional de contrôle est monté sur les toits pour dénoncer les actions illégales dans les zones d’exploitation forestière de la région de l’Est. Il relate par exemple que du 22 au 24 décembre 2016, il a réalisé plusieurs saisis et « sabotage » de grumiers, mais le 25 décembre, ces mêmes camions ont été remis en circulation de manière frauduleuse par les mêmes exploitants véreux par des pratiques non connues.

Pour le chef de Bureau régional de contrôle de l’Est, son travail est de réprimer voir sanctionner alors que la société civile est de dénoncer et sensibiliser. Ce que dénonce le chef de bureau régional de contrôle de l’Est est qu’au niveau local, les chefs de poste forestier et de chasse véreux délivrent de faux documents et couvrent de ce fait des illégalités. Même lorsque les agents de l’Etat engagent des actions de terrain, souvent ce sont les populations riveraines qui sont le premier obstacle.

« A Messamena, les agents de l’Etat mis en mission pour aller saisir le bois ont été agressés avec la complicité des communautés » explique le chef de Bureau régional de contrôle de l’Est. En s’engageant dans la dénonciation des actions illégales, le chef du Bureau national de contrôle (BNC), lui-même est descendu pour donner le sens de son engagement dans l’assainissement des pratiques d’exploitation forestière.

« L’exploitant forestier illégal est un brigand qui doit être traqué et pour ce faire, avoir des informations fiables est cruciale et le SNOIE, qui fait partie des réseaux de dénonciation, est un système permettant d’avoir ces informations » explique Rodrigue Ella Ondoua, parlant des espoirs portés sur le SNOIE porté par les organisations de la société civile. Limiter les dérives lors des dénonciations.

Toutefois, le chef de la BNC relève quelques dérives qui peuvent apparaître entre les organisations de la société civile et le ministère de Forêts et de la faune. Pour le chef de la BNC, la société civile devrait garder à l’esprit que le travail qui est fait a pour objectif de préserver l’image du bois camerounais au regard des engagements pris dans le cadre du l’Accord de partenariat volontaire avec l’Union européenne. Rodrigue Ella Ondoua a marqué son engagement à accompagner les observateurs indépendants sur le terrain. « Pour disposer d’une certaine légitimité, les équipes d’Observateurs indépendants devraient se faire accompagner par un Officier de police judiciaire assermenté lors des vérifications ou des observations » recommande le chef de la BNC.

Pour le responsable de la répression des infractions au Minfof, il est important que les actions du SNOIE soient menées en synergie avec les différentes sanctions retenues dans le sommier des infractions publiées annuellement. Et au-delà des dénonciations de coupes illégales, d’autres agents du Minfof rappellent la nécessaire prise en compte des aspects environnementaux et sociaux comme un élément déterminant dans le suivi de l’exploitation forestière au Cameroun.

Cette prise en compte des aspects sociaux est défendue par Nathalie Leba qui représentait le ministère du Travail et de la sécurité sociale. Au cours de la rencontre d’information et d’échange sur les résultats d’étapes du SNOIE en décembre 2016, des propositions ont été faites dans le sens de l’intégration des services déconcentrées du ministère du Travail et de la sécurité sociale dans la stratégie d’observation indépendante des forêts. Et pour cette année 2017, l’un des volets qui constituera l’objet des descentes de terrain des observateurs indépendants portera sur le contrôle, le suivi du respect des obligations sociales par les entreprises forestières.

Et dans ce chapitre de promotion de bonne gouvernance forestière, le représentant de l’Union européenne a salué les qualités du SNOIE développé et testé au Cameroun. Les points positifs de l’expérience camerounaise seront intégrés dans le nouveau d’Observation indépendante des forêts au niveau sous régional. Et à Forêts et développement rural, l’une des associations motrices de l’observation indépendante des forêts au Cameroun, il a été recommandé la mise à la disposition du Bureau national de contrôle du dispositif de réception des alertes d’exploitation illégale afin que la BNC puisse aussi les recevoir directement.