Aujourd’hui, il ne reste que des souvenirs de Papa Gas, Gaston Zoé Obama, mon dernier oncle maternel, qui va être inhumé à Messa Ekoko, le village de ma mère et sa fratrie des trois frères Papa Engozoa, Papa Meyong et Papa Gas. C’est aussi le lieu où j’étais comme mes frères le MANKAL.
Avec son départ, nous perdons un homme doux, effacé, sans histoire. Mais nous ses neveux enfants de son unique sœur , nous perdons bien plus : je perds le privilège d’être MANKAL. Ce titre de MANKAL me donnait un statut unique, celui de pouvoir agir en toute liberté sur les terres du village de ma mère. Là-bas, j’avais ce droit particulier de vivre au-delà des règles voire d’être un hors-la-loi, un droit hérité de notre culture ancestrale et profondément enraciné dans nos traditions Africaines .
En te disant adieu, Papa Gas, je ne peux m’empêcher de regretter de ne pas avoir pleinement profité de ce privilège d’être ton MANKAL. J’aurais pu attraper l’une de tes chèvres, l’égorger et la manger sans que tu puisses protester, simplement parce que j’étais ton MANKAL. J’aurais même pu partir avec l’une de tes jeunes femmes, et tu n’aurais eu d’autre choix que de l’accepter, car c’était mon droit de MANKAL.
Aujourd’hui, alors que tu rejoins ma mère ta sœur Maman Martha, tes frères, ta mère Maman Kalar et ton père Papa Pierre Obama (mon homonyme) et tous nos ancêtres, tu me rappelles la richesse et la singularité de notre culture africaine. Une culture si puissante, si belle, qu’avec ta disparition et la fin de cette fratrie, c’est une partie de nous-mêmes qui s’efface.
Ton MANKAL te dit au revoir. Ta paix nous manquera, Papa Gas.