La fonction militaire est la plus sacrifiée au Cameroun. Et parmi eux, les plus méprisés restent les PNO — Personnel Non Officier, du simple soldat à l’adjudant-chef. J’ai été l’un d’eux. Je parle avec la voix de l’expérience.

Pendant que certains cadres du régime rient des 100 dollars que perçoivent les soldats en RDC, nos propres soldats ici n’en touchent même pas 80.
80 dollars par mois ! Pour ceux qu’on envoie en première ligne face à Boko Haram ou dans les zones anglophones en guerre. Ceux qui, contrairement aux policiers ou gendarmes, n’ont pas accès aux moyens officieux de survie : pas de contrôle routier, pas de contrôle de pièces d'identité, pas de « petits deals ».
Eux meurent dans l’ombre. Sans hommage. Leurs familles affrontent la honte, le silence, l’oubli.

Alors quand on s’étonne de voir nos soldats partir faire la guerre en Ukraine pour 1000 dollars, on devrait avoir la décence de se taire. C’est un choix de survie. Une décision que dicte le désespoir, pas la trahison et a un sens d'un point de vue d'éthique utilitariste.

Avant de juger l’interdiction récente faite aux PNO de partir en stage à l’étranger, regardons la réalité en face.

Sur 5 PNO envoyés à Lyon en octobre dernier pour un stage avec les sapeurs-pompiers, 3 ont fui. 60%. Ce n’est pas de l’indiscipline. C’est un appel au secours.

Soutenons nos soldats. Ils méritent dignité, justice et reconnaissance. Pas l’oubli et la misère.