Il y a plus de 20 ans, à chaque remaniement du gouvernement, la monotonie dans le choix des hommes du septentrion amène certains observateurs à s’interroger si le chef de l’Etat n’a pas sous sa main d’autres personnes à qui confier les portefeuilles ministériels, pourtant confisqués par ces sexagénaires laissés par Ahidjo. De plus, le regret dans ce conservatisme politique réside dans le fait que malgré cette pluralité des membres du gouvernement et assimilés, originaires de cette partie du pays, ces peuples sont restés dans le sous-développement et vivent une pauvreté sans pareille. Pendant ce temps, c’est Paul Biya qui est présenté comme le bouc émissaire.
Plus loin, les proportions de l’effectif des ministres nordistes dans tous les gouvernements de Paul Biya temporisent les autres régions mais cela n’influence nullement pas leur prise de conscience face à une générosité sans faille qu’ils bénéficient du régime de Yaoundé. De l’Adamaoua en passant par le septentrion et l’Extrême-nord, ces élites occupent le haut du pavé à chaque formation du gouvernement mais sans pour autant valoriser cette option politique en leur faveur.
En dehors des incursions répétées de la secte Boko Haram à l’intérieur du territoire camerounais, une élite vieillissante paralyse l’épanouissement de la jeunesse de cette partie du pays. Ces éternels ministres et assimilés ne donnent aucune chance à d’autres d’entrer dans le gouvernement. Depuis le début des exactions de la secte terroriste au Cameroun, personne ne regarde avec dédain cette situation sécuritaire d’une gravité extrême.
Mais comble de malheur et de honte la jeunesse évolue au côté de l’ennemi pour des raisons politiques imputées à leurs élites recensées au sein du gouvernement, les chambres parlementaires et les sociétés d’Etat. Dans les régions du Grand-nord, force est de constater que les enfants meurent de faim, ils ne vont pas à l’école, ils ne sont pas soignés et sont confisqués dans les diktats traditionnels malgré qu’à côté d’eux, les ministres et DG de leurs régions ne se soucient pas de la situation. A ce niveau, il faut soutenir la thèse selon laquelle l’électorat qu’engrange le Rdpc dans cette partie du pays, à chaque consultation politique, provient de ces couches les plus défavorisées et non des élus de la mangeoire.
La composante opulente du Grand-nord
Selon les statistiques conçues dans le partage du gâteau national et qui ne sont pas de nature à les cajoler, le Grand-nord occupe 46% des postes du sérail. Des chefs de départements ministériels en passant par les ministres délégués, les secrétaires d’Etat, les directeurs généraux, les secrétaires généraux des ministères, les directeurs de l’administration centrale, les hommes du commandement territorial et les hauts cadres de l’administration ainsi que du privé.
Une raison privilégiée qui ouvre la voie à leur développement dans tous les domaines, sans compter que l’Etat sacrifie les lourds capitaux pour faire face aux catastrophes naturelles qui sévissent dans la région. Une liste non exhaustive des personnalités du Grand-nord permettra de comprendre la ruse politique de Paul Biya qui n’a pas osé abandonner ces populations malgré quelques échauffourées de 1983-1984 et la trahison de Marafa Hamidou Yaya dans ses ambitions politiques de renverser elui qui l’a façonné.
Lors du récent réaménagement du gouvernement du 02 octobre 2015, on a remarqué le maintien des ministres nordistes en dehors d’Adoum Garoua du ministère des Sports et de l’Education physique, mais le nombre des ministres nordistes a augmenté avec l’arrivée de Mounouna Foutsou au Minjec et le secrétariat d’Etat au Minesec confié à Boniface Bayaola.
Mais face à une générosité politique fondée du chef de l’Etat en faveur de cette élite, n’est-il pas opportun de changer la donne en accordant une retraite bien méritée aux anciens tels que sont : Bello Bouba Maïgari, Hamadou Moustapha, Amadou Ali, Zacharie Perevet, Hele Pierre, Nana Boubakar djalloh, Adoum Gargoum, Ayang Luc, Alim Hayatou, Ahmadou Vamoulke, etc. Les régions du Grand-nord attirent la convoitise des groupes armés du Nigeria, RCA, une occasion de faire confiance à cette jeunesse pour défendre le pays.