La lutte contre la haine annoncée par Yaoundé ne saurait se faire avec le maintien en prison des opposants victimes de la haine politique déguisée. Le groupe de travail des nations unies sur les détentions arbitraires demande depuis de longs mois à l'Etat du Cameroun de libérer les prisonniers politiques du MRC et même d'indemniser certains d'entre eux. Car d'après ses propres enquêtes, le groupe de travail n'a trouvé aucun élément probant pouvant justifier valablement l'emprisonnement de ces militants. Ce qui bien-sûr confirme l'idée que les militants du mrc sont effectivement victimes de détentions arbitraires.
Je rappelle que nous sommes ici dans le domaine du droit dont le Cameroun refuse d'appliquer les règles. Dans ce cas il ne reste plus qu'une seule explication plausible à ce refus qui frise la délinquance : La haine politique. Ce qui évidemment est paradoxal dans un pays où on prétend lutter contre la haine.
La lutte contre la haine ne doit pas être qu'un simple effet d'annonce parce qu'on veut maintenir la tête hors l'eau face à l'indignation collective. Dans cette lutte, si c'en est une, les actes doivent corroborer la parole. Ce qui est loin d'être le cas jusqu’ici.
On ne peut pas emprisonner arbitrairement ses adversaires politiques et prétendre qu'on lutte contre la haine. C'est grossièrement contradictoire et ça montre le peu de sérieux ou la dimension démagogique de cette "lutte".
Cette image du Pr Alain Fogue Tedom menotté et emprisonnés pour ses opinions politiques est une honte pour les dirigeants du Cameroun. La force de cette image suffit à elle seule à démentir de façon implacable tous les discours qui tendent à manipuler l'opinion pour faire croire que le Cameroun est un État de droit. Elle montre combien est démagogique la lutte annoncée contre la haine dans ce pays.
Et finalement elle ne fait que renforcer la nécessité de mettre fin au régime répressif de Yaoundé pour faire entrer le Cameroun sous le ciel de la liberté, de la démocratie et de la modernité. C'est le défi que doit relever tous ceux qui aiment véritablement ce pays et qui souhaitent le voir transformer qualitativement. Ce n'est pas une affaire des seuls partis politiques. C'est l'affaire de tous ceux, sans exception, qui rêvent d'un Cameroun meilleur.