Opinions of Thursday, 1 September 2022

Auteur: Jules Perry Wandji

La médecine traditionnelle à l'Ouest Cameroun

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À la faveur de la journée internationale de la médecine traditionnelle, commémorée hier 31 Août 2022, j'ai voulu comprendre le rapport qu'à la société des Grassfield, à la médecine traditionnelle.

Avec une pointe d'ironie et son humour décoiffant, dans l'une de ses chansons devenue culte, l'artiste Saint Bruno, dressant le portrait de quelques communautés qui peuplent la région de l'Ouest, disait de Batchingou, dans le département du NDE, qu'il est «un petit pays au grand coeur; où tout le monde est marabout».

Allusion, à peine exagérée, à ces personnages, dotés du pouvoir de guérir l'âme et le corps, témoins des vicissitudes qui jonchent le chemin et le quotidien des Hommes ordinaires ; lesquels les consulte pour y remédier.

Il en est de Batchingou, comme de la plupart des contrées de l'Ouest; où le don de guérir est avant tout un fait providentiel, accordé par la divinité ou l'ancestralité, aux hommes et femmes destinés à prendre soin des autres, au sein de la famille, du clan ou de la tribu.

Le phénomène des magni sî et autre Kam sî, ces voyants, équipés pour certains d'entre eux, du pouvoir de guérison, en est l'illustration la plus parfaite.

La médecine traditionnelle à l'Ouest du Cameroun, aussi bien dans sa déclinaison mystique, qu'en tant que système thérapeutique, n'est pas un simple rapport au corps.

C'est un fait de civilisation qui met exergue et en musique tout le vivant.

C'est un certain rapport à la nature, qui s'imbrique avec la vie.

C'est bien pour cela, qu'en dépit des prouesses de la science et la percée de la médecine moderne, la médecine traditionnelle n'a jamais vraiment pris du plomb dans l'aile, à l'Ouest du Cameroun.

La maîtrise de la pharmacopée traditionnelle se transmet de père en fils. Les petites recettes de grand-mère et la connaissance des gestes qui sauvent, s'acquièrent au sein de la communauté, par la méditation des anciens et des sages.

Le temps passe, les générations se succèdent, mais la médecine traditionnelle à l'Ouest reste dans l'air du temps. Non pas seulement pour sa transmission qui se fait avec une rare efficacité. Mais davantage, pour ses résultats probants.

Les prodiges réalisés par les masseurs traditionnels de Foumban ont déjà traversé les frontières nationales.

Preuve, s'il en est, qu'à l'Ouest plus qu'ailleurs, la médecine traditionnelle doit être prise en compte, et avec le plus grand soin, dans les politiques publiques, en matière de santé.

Luc Perry Wandji.
Journaliste-chercheur.