Plus qu’un simple mode de fonctionnement c’est un label. Une façon d’être, une méthode éprouvée et approuvée.
Le gouvernement du Renouveau qui règne sans partage au Cameroun depuis 34 ans s’illustre avant tout par son attentisme, sa somnolence et son caractère essentiellement réactionnaire qui le condamne à courir indéfiniment après la montre.
Ainsi donc, notre pays a abandonné les fameux plans quinquennaux initiés par le président Ahidjo pour s’enfermer dans un style de gouvernance à la petite semaine où on règle les problèmes par à coup. L’impératif programmatique qui constitue le cœur de l’action de gouverner n’est chez nous qu’une douce chimère hantée par les pulsions du moment.
Les besoins de l’instant. On ne sait pas ce qu’il en est des budgets programmes que déjà on nous parle d’un plan d’urgence pour relancer l’économie. Parlez-moi plutôt d’un serpent de mer, car on n’a bien l’impression que la seule urgence reste encore celle de piller ce qui reste de disponible dans les caisses de l’État.
Pour offrir des jeux à son peuple endolori par la misère, le président Paul Biya a sollicité et obtenu l’organisation de la Can féminine de 2016 et de la Can masculine de 2019. Nous l’avons dit en son temps, s’il ne fallait s’en tenir qu’à la solidité de ses dossiers, le Cameroun n’aurait jamais obtenu l’organisation de ces prestigieuses compétitions.
Le pays a donc bénéficié du coup de pouce d’un de ses fils, le président de la Confédération Africaine de Football (Caf), Issa Hayatou, qui a pesé de tout son poids dans ces attributions. Il ne restait plus au gouvernement qu’à se décarcasser pour honorer l’Afrique du football.
C’est en septembre 2013 que le pays de Roger Milla a été choisi pour organiser la Can 2016. Mais ce n’est qu’en septembre 2015 que les autorités en charge de l’organisation de cette compétition ont cru nécessaire de passer des contrats de rénovation du stade omnisport et du stade militaire. C’est en février de cette année 2016 que Paul Biya a signé le décret créant le Comité d’organisation locale du championnat d’Afrique féminin (COCHAN).
Bidoung y croit toujours
Que faisaient-ils pendant deux ans ? Peut-être attendaient-ils d’exceller dans l’urgence comme ils en ont l’habitude. Pris à la gorge par les délais stricts de la Caf, le Cameroun est d’abord allé pleurnicher auprès de cette instance pour solliciter un report d’une compétition initialement prévue se tenir au mois d’octobre 2016 en évoquant un fallacieux prétexte pluviométrique. « Il pleut beaucoup à Yaoundé au mois d’octobre, alors reportons », ont imploré les émissaires camerounais.
Amusé, le Comité Exécutif de la CAF a consenti à une rallonge d’un mois juste pour la forme. Mais à 5 mois de ce grand rendez-vous, bien malin qui pourrait dire avec certitude que la Can féminine 2016 aura bien lieu au Cameroun. « Le vrombissement des engins nuit et jour indique que les ouvriers ont pris la mesure de la tâche», se réjouit pourtant le ministre des Sports Pierre Bidoung Mpkatt dans les colonnes du journal l’Épervier du 21 avril 2016. On sait qu’il a le sens de la formule comique, mais quand même ! Ce cirque ne fait plus rire.
Le retard accumulé est abyssal et le mythique stade Amadou Ahidjo ressemble plus à ce jour à une arène de tauromachie qu’à cet antre qui doit accueillir nos artistes du football au féminin. On peut bien penser au beau stade de Bafoussam qui sera inauguré dans quelques jours.
Mais encore faut-il qu’il y ait dans cette ville des stades d’entrainements pour les équipes. On n’est pas sorti de l’auberge. On n’est même en plein dans le tunnel. Et même que cet échec programmé ne semble pas nous inspirer. Pour la Can 2019 aussi, les choses piétinent. N’eût été la célérité des Chinois, on n’en serait encore à dessiner les premiers plans de nos futures arènes.
Les échecs répétés de nos sélections nationales qui brillent par leur impréparation n’ont instruit personne. On croit au miracle permanent. On se dit que dans l’urgence on peut commander des victoires comme on se paie un orgasme clé en main dans une maison close. L’urgent nous obnubile. Le futur nous rebute. Buvons la tasse.