Opinions of Monday, 25 December 2017

Auteur: camer.be

La politique de l’outrage et la fiction d’un État démocratique au Cameroun

Les vues autoritaires et conspiratrices du régime de Biya sont aujourd’hui très claires Les vues autoritaires et conspiratrices du régime de Biya sont aujourd’hui très claires

Le Cameroun est bien connu pour avoir une présidence monarchique avec un « pouvoir exécutif renforcé » qui permet au président de continuer à exercer son pouvoir comme bon lui semble, et il n’y a d’ailleurs aucune ligne rouge pour qu’il sache quand il est allé trop loin. Lorsque cela se produit comme c’est hélas le cas fréquemment, de plus en plus de Camerounais ordinaires se voient privés de leurs droits fondamentaux. Le grand contingent de prisonniers politiques dans les prisons de Paul Biya, pour lesquels le CL2P se bat sans relâche, en est l’illustration flagrante. De plus, le CL2P est abasourdi et horrifié chaque fois que le président utilise la notion d ‘«outrage» et toutes les émotions qui accompagnent la corruption balafrée, l’impunité généralisée, et l’indécence pure d’un président camerounais se tenant évidemment toujours au-dessus des lois avec sa légion de masochistes pervers qui soutiennent néanmoins son anarchie présidentielle.

Inverser la tendance du pouvoir exécutif impérial au Cameroun ne sera pas facile. Car dans le schéma typique qui prévaut dans ce pays, le président qui est à la tête d’une «institution monarchiste» avec un pouvoir exécutif renforcé à souhait, ne peut en aucune manière être empêché constitutionnellement d’étendre son pouvoir comme bon lui semble. En effet, rien ne s’oppose à une quelconque forme d’expansion de l’exécutif qui laisse le président agir comme il l’entend. Ainsi, face à une crise telle que la guerre civile anglophone qui n’ose pas dire son nom, les extensions les plus profondes du pouvoir exécutif ont lieu pour d’abord réprimer toute forme de dissidence politique, même si cela implique des arrestations et des exécutions extrajudiciaires. Cette expansion non-stop du pouvoir autoritaire sert un jeu à somme nulle où le président peut avoir à la fois le beurre et l’argent du beurre. En effet, la politique d’indignation à outrance lui permet de criminaliser toute forme de dissidence, notamment quand il la juge irrévérencieuse à son régime et/ou à sa personne.

Le fait central ici est que nous pouvons avoir, ou une démocratie, ou une présidence impériale, mais nous ne pouvons pas avoir les deux à la fois.

L’idée que nous pouvons avoir une présidence monarchique indolore et bienveillante est une insulte à tous les prisonniers politiques de M. Biya. De plus, cette attitude autoritaire face à la dissidence est une source de fierté pour le président parce qu’il «gagne», du moins estime qu’il gagne à tous les coups depuis plus de trois décennies. Mais ces « victoires » et la politique d’indignation qui les anime ne sont que vanité: une vanité cultivée derrière le soi-disant exercice de « leadership ». « Plus une vanité basée sur la fiction, où le président et les sycophantes autour de lui sont le véritable pourvoyeur de la fiction, créant par exemple des » adversaires » en permanence, et fabriquant de toutes pièces tous les résultats dont ils ont besoin pour faire valoir leurs arguments erronés et mensongers.

En ce sens les vues autoritaires et conspiratrices du régime de Biya sont aujourd’hui très claires. Il semble et s’avère pathologiquement incapable de distinguer les faits de la fiction. De même, la machine de propagande du régime serait-elle vraiment incapable de faire la distinction entre ce qui est crédible et ce qui ne l’est pas, ou de bien s’informer de ce qui constitue réellement la notion d ‘ « outrage » dans une démocratie? L’addiction au pouvoir absolu? À l’évidence, l‘ « outrage » semble être quelque chose que le président n’aime pas, ne comprendrait pas vraiment, et qui est en conflit ou contradiction avec l’une de ses positions politiques soigneusement cultivées. Mais cela n’a absolument rien à voir avec le fait qu’il ait vraiment fait l’objet d’un quelconque outrage.

C’est pourquoi, comme le Dr Nganang, le CL2P milite et exige la « responsabilité » si nous devons survivre en tant qu’entité pouvant être considérée comme ayant un « leadership » viable, avec des valeurs reconnues comme « dignes » d’intérêt et de respect, afin de concourir effectivement au bien être de l’humanité.