Parce qu’ils stockent le carbone tout au long de leur vie et le libèrent dès qu’ils sont coupés, brûlés ou quand ils meurent, les arbres ou plus précisément les forêts constituent un enjeu majeur à la COP21.
Plus que sept jours, et la Conférence de Paris sur les changements climatiques rentrera en gare.
Après le sommet des chefs d’Etat et de gouvernement, les ministres, les experts, les organisations internationales, les bailleurs de fonds et les organisations non-gouvernementales ont pris le relais sous la coordination du président des assises, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius. Le président de la COP21 qui a placé son mandat sous le signe de l’écoute, de la transparence, de l’ambition et de la facilitation du compromis, a demandé hier aux négociateurs d’accélérer la cadence des travaux, afin que tout soit prêt dans les délais et qu’il puisse annoncer le 11 décembre prochain que « la mission est accomplie ».
Parmi les sujets au cœur des enjeux de la COP21, figure en bonne place la protection des forêts. Dans l’important discours qu’il a prononcé lundi dernier lors du sommet organisé en ouverture des travaux, le président Paul Biya a placé la problématique des forêts au cœur des négociations de Paris, en appelant à la mobilisation contre la dégradation continue des forêts d’Afrique centrale. Cette dégradation, a-t-il souligné, « diminuera la contribution de ce massif forestier à la réduction de gaz à effet de serre ». En guise de solution, il a lancé notamment en direction des bailleurs des fonds un cri de cœur : « nous devons sauver les forêts du bassin du Congo, nous devons sauver le second poumon de l’humanité ».
Cet appel lancé par le chef de l’Etat est d’autant plus important que si la dégradation des forêts se poursuit, l’humanité court inéluctablement vers une catastrophe écologique. En attendant le soutien de la communauté internationale pour sauver les forêts du continent, les africains ne sont pas restés les bras croisés. C’est ainsi qu’au Cameroun, l’opération Sahel vert se poursuit malgré les moyens limités, la Commission des Forêts d’Afrique centrale ne ménage aucun effort pour mobiliser les fonds en vue de la mise en œuvre du Plan de convergence pour la gestion durable des forêts du bassin du Congo.
La Grande muraille verte
Initiative portée par l’Union africaine pour limiter l’avancée du désert, la Grande muraille verte pour le Sahara et le Sahel (GMV) vise à mettre en œuvre des projets de gestion des ressources naturelles et d’amélioration des conditions de vie des populations rurales dans les zones sahéliennes affectées par la désertification. Ce projet qui est, par ailleurs, une contribution directe de la mise en œuvre de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification en Afrique est soutenu par de nombreux partenaires au développement : la Banque mondiale, la Banque fricaine de Développement, l’Union européenne et le Fonds pour l’environnement mondial. Ces bailleurs de fonds ont déjà mobilisé plus de trois milliards de dollars depuis le lancement de l’initiative de la Grande muraille verte en 2007.
Les différentes actions menées ici et là par les Etats africains, la Commission des forêts d’Afrique centrale, le projet de la Grande muraille verte… ne pourront porter des fruits que si cessent parallèlement les coupes sauvages. Pour cela, les pays du Nord doivent aider ceux du Sud à développer des énergies renouvelables. Il convient, à cet effet, de saluer le projet de développement de ces technologies en Afrique, lancé le 30 novembre dernier à Paris par le Premier ministre de l’Inde Narendra Modi. De même que la promesse de François Hollande du déblocage par la France de deux milliards d’euros d’ici 2020 en faveur de l’Afrique pour développer ses énergies renouvelables. « Il y a une dette écologique que le monde doit régler à l’égard du continent africain », a estimé le président de la République française lors du mini-sommet organisé le 1er décembre dernier à Paris en marge de la COP21. François Hollande a, par ailleurs, annoncé à cette occasion que l’aide française à la lutte contre le réchauffement climatique sera portée de 3 à 5 milliards d’euros.
Le soutien au développement des énergies renouvelables en Afrique et dans les pays du Sud en général est d’autant plus important que, comme le souligne une équipe des chercheurs de la revue Global Change Ecology « réduire de moitié le déboisement des forêts tropicales d’ici 2020 pourrait aider la communauté internationale à se rapprocher de l’objectif visant à maintenir la hausse des températures en deçà de 2°C ».