Opinions of Tuesday, 4 July 2017

Auteur: Akere Muna

La solution d'Akere Muna pour faire avancer le Cameroun (fin)

Pour Akere Muna, le pouvoir en place doit choisir à quel côté de l’histoire il se situe. Pour Akere Muna, le pouvoir en place doit choisir à quel côté de l’histoire il se situe.

Si toutes les mesures décrites plus haut sont mises en œuvre, pour prouver de la bonne foi du gouvernement dans la résolution des problèmes de l’heure, d’autres mesures pourraient alors être adoptées pour remédier à la perturbation de l’année scolaire.

Plus concrètement, des cours intensifs pourraient être organisés pendant les vacances, ainsi qu’une deuxième session spéciale de tous les examens concernés par la perturbation. Le début de la prochaine année scolaire pourrait même être légèrement repoussé, mais nous aurions déjà fait un effort pour réparer. J’entends dire qu’il y a un proverbe africain qui dit que «Quand un adulte tombe, il se relève et regarde derrière; et quand un enfant tombe, il se relève et regarde devant ».

Le chemin de la paix, du dialogue et de l’unité ne saurait être jonché d'usage arrogant du pouvoir et de justice rétributive. Même après 27 ans de souffrance, Mandela a tiré parti de la colère d’un peuple opprimé, témoin de l’asservissement et de l’assassinat des leurs, par une minorité autoritaire et raciste. Dès cet instant, le pouvoir en place doit choisir à quel côté de l’histoire il se situe.

Avant de conclure, je voudrais dire un mot sur la Commission du bilinguisme et du multiculturalisme. Le plus grand problème avec la politique de nos jours est l’application des mesures. C’est pour cette raison que, chaque fois qu’une institution est créée avec seulement un rôle consultatif, l’on est bien enclin à oublier la capacité d’une telle structure à être un outil pour la résolution des problèmes urgents. La Commission devra émettre des avis, qui pourront être acceptés ou rejetés. Même dans le cas où ses avis seraient approuvés, il faudrait ensuite élaborer des politiques, qui devraient à leur tour faire l’objet d’application efficace.

Si déjà cela prend plus de 21 ans - et nous continuons de compter - pour mettre en œuvre des dispositions constitutionnelles établies, nous nous moquons de nous-mêmes lorsque nous faisons croire que cette Commission est la solution à l’un des problèmes actuels. Si l’on ajoute à cette équation la nature du mandat de la Commission, alors nous pouvons seulement commencer à comprendre cette farce.

Le temps que nous avons perdu à tisser cette toile de division dans laquelle nous nous trouvons malheureusement, nous distrait d’une autre tâche qui mérite le même niveau d’urgence.

Le premier problème est celui de la gestion de la propriété foncière dans notre pays. Le préambule de notre Constitution affirme: «L’État assure la protection des minorités et préserve les droits des populations autochtones conformément à la loi». Il importe de rappeler que, selon l’article 65, le préambule fait partie intégrante de cette loi fondamentale.

L’opacité qui entoure la gestion de l’extraction des ressources minières dans la Région de l’Est au mépris total de tout principe de gouvernance visible est tout simplement déplorable. La conséquence d’une telle situation est que le sort de ces «populations autochtones» continuera de nous préoccuper. La gestion des terres à Kribi n’est encadrée par aucune politique visant à protéger les populations autochtones. La gestion des terres rétrocédées par la CDC aux populations autochtones du Fako, légitimes propriétaires, est marquée par toutes sortes de malversations.

Une guerre sévit actuellement dans la Région de l’Extrême Nord, perpétrée par un groupe de terroristes et de bandits qui essayent de passer pour des fanatiques religieux. Selon les conclusions de tous les observateurs internationaux, ces populations sont victimes de leur situation économique désastreuse et elles deviennent de ce fait vulnérables aux attractions et aux menaces de ces charlatans qui tentent en vain de se cacher sous le couvert d’une religion pourtant digne.

Dans notre marche en avant, nous devons nous rappeler et être animés par l’esprit qui prévalait du temps où notre pays était voué à une gloire et un honneur véritable, non pas en dépit de nos différences, mais précisément grâce à cette diversité même. Le temps où la synthèse des cultures anglophone et francophone nous donnait de tirer le meilleur parti de chaque entité.

Le temps où nous étions convaincus d’être plus compétitifs sur la scène mondiale parce que capable de mener nos activités dans les principales langues du monde. Le temps où nous étions conscients que, même par la musique, nous pourrions constituer un pôle d’attraction... Pour emprunter à la sagesse de l’un de nos précurseurs, Um Nyobe (toujours du temps où le Cameroun se trouvait à la croisée des chemins), faire avancer le Cameroun consiste d’abord à combattre activement le tribalisme, et à mettre au point un système qui repose sur ce que chacun de nous a de meilleur à donner.

C’est le moment de pratiquer une meilleure gouvernance qui soit en phase avec les idées et les solutions proposées par ceux qui aiment ce pays, et non avec ce mode de gestion qui cherche plutôt à réduire au silence les voix qui s’élèvent contre le statu quo. Il n’est jamais trop tard pour être du bon côté.

Dans son roman «Le monde s’effondre», Chinua Achebe invoque avec beaucoup de sagacité les proverbes Igbo. Un qui me vient à l'esprit dit: « Le lézard tombé du haut de l’iroko sans se briser les pattes a dit que si personne n’admire son exploit, il le fera lui-même ». En effet, à l’instar du lézard, il y en a qui voyagent à travers le pays, monopolisant les médias publics pour s’auto-glorifier, sous le regard médusé de tout le monde. Ils se rendent compte que le centre ne peut plus tenir parce que tout s’effondre. Il n’est cependant pas trop tard pour changer de cap.